Bon matin gentils loubards en armure ! C'est un fait, j'aime les histoires médiévales-fantastiques. Si en plus, on a un scénario qui déboîte comme il faut, et des graphismes d'une beauté à se damner pour l'éternité, je plonge sans me poser la moindre question...alors, suivez votre instinct et rejoignez les Compagnons du Crépuscule...

 

VIENDEZ MA BANDE

Tout commence simplement par l'errance sans but véritable d'un chevalier dont on ne connait pas le nom. Ce dernier n'enlève jamais son heaume ni son armure, ne dort que d'un oeil et reste toujours très sombre dans son comportement.

En chemin, il rencontre deux jouvenceaux. Mariotte, une jeune femme rousse très jolie, dont la vie et la chevelure lui valent des sobriquets plutôt méchants, mais aussi la haine incompréhensible des habitants du village. D'ailleurs, elle vit avec sa grand-mère, une rebouteuse accusée de sorcellerie. Après la mise à sac du village et le massacre atroce des habitants, la pauvre jeune esseulée se doit de suivre notre héros masqué.

Puis, par la suite, il rencontre l'Anicet, un jeune garçon qui connait bien Mariotte, pour l'avoir plus d'une fois vilipendé de ses railleries et de ses tours de mauvais goût. Pleutre, fourbe, essayant sans cesse d'évincer sa compagne d'infortune, il fut sauver d'une pendaison certaine. Pour se donner une certaine importance, il se proclamera écuyer du chevalier, ce dernier le qualifiant plutôt de valet...

 

C'EST QUOI QUE TU FUMES ?

Voici donc trois compagnons qui entament un voyage sans but, dans "le sortilège du bois des brumes". Dans ce premier tôme, l'Anicet détruit bien malgré lui un village de lutins. Pour le punir, ces petites bêtes de la forêt emprisonnent le fautif, mais aussi Mariotte, et demande au chevalier d'occire la malbête, une créature les oppressant continuellement, symbolisée par un ours. Sans quoi, ils mangeront les deux jouvenceaux...

Outre un graphisme remarquable, l'ambiance générale est excellente

Ensuite, dans le deuxième tôme, "les yeux d'étain de la ville glauque", ces mêmes lutins demandent au chevalier de chasser d'autres créatures, les duards, qui violent et tuent les leurs. Mais pour ce faire, ils doivent mettre la main sur un bijou, l'éclipse bleue, et l'amener dans la ville glauque, afin de détruire la reine des duards, qui ne saurait résister à la vue du collier. On y rencontre un autre personnage, Yuna.

Enfin, dans le troisième opus, "le dernier chant des Malaterre", la partie onirique des deux premières parties s'estompe un peu, pour laisser place à un scénario plus terre à terre. Les aventuriers arrivent dans une ville, Montroy, administrée par Dame Neyrelle, la chatelaine. Obnubilée par le chevalier dont elle semble connaître le passé, cette dernière les invite au château. D'autres personnages font leur apparition, comme une bande de saltimbanques juifs, un chasseur de loups, un moine amoureux...et une jeune aristocrate bien mystérieuse...qui ressemble à s'y méprandre à Mariotte...

 

MAGIE ET HISTOIRE

Dans cette série, qui compte également un hors série que je ne connais pas, on y découvre des faits historiques, comme la guerre de cent ans (qui ouvre d'ailleurs chaque tôme par un petit poème) et la vie quotidienne d'un fief, de la basse-cour (le village quoi) à la haute-cour.

Les lutins sont des sortes de petits hommes/femmes-chats

Il ya surtout beaucoup de magie et de légendes, notamment des loups-garous ou des monstres fantastiques comme le basilic. D'ailleurs, l'histoire est assez compliquée à suivre, car le rêve et la réalité se mélangent allègrement (un peu comme dans le film Matrix), notamment en faisant souvent des circonvolutions et des incursions les uns dans les autres. Par exemple, lorsque les deux jeunes se font faire prisionniers par les lutins, l'Anicet rêve qu'on lui coupe un doigt, et se réveille...avec le doigt en moins...avant que nous comprenions que c'était encore une chimère, et que le doigt est toujours à sa place... Mais c'est bien là ce qui fait le charme de cette bande-dessinée, une histoire forte et empreinte de magie, des personnages forts et charismatiques (si, si, même l'Anicet), et surtout des faits historiques cotoyants des légendes, donnant une ambiance presque réaliste au tout.

 

ANNECDOTES

- si les deux premiers tômes sont de taille normale pour une BD, le troisième, quant à lui, comporte 142 pages, et est divisé en trois parties.

- ce même opus est d'ailleurs écrit en une sorte de vieux français, qui rend les dialogues assez difficiles à comprendre, mais qui renforce énormément cette ambiance médiévale.

- il persiste un arrière plan très celtique, de par certains personnages, mais aussi certaines légendes utilisées.

- la guerre de cent ans est aussi utilisée en toile de fond, ce qui explique les bandes armées qui déciment les villages rencontrés.

- il existe un hors-série nommé "dans le sillage des sirènes", en 1992.

 

Auteur : François Bourgeon.

Edition : Casterman - Delcourt.

Années : de 1984 à 1990.

Tômes : 3.

Ambiance : médiévale/fantastique.