Pour le premier article de ce blog, nous allons aborder un
livre qui occupe une place toute particulière dans ma bibliothèque : La
Stratégie Ender
d'Orson Scott Card. Cet auteur, assez connu outre-atlantique
(mais visiblement moins de notre côté), est un auteur assez prolifique : A
son actif, nous trouvons, entre autres, Les Chroniques d'Alvin le Faiseur qui
ont rencontré un grand succès dans son pays d'origine, Le Cycle de la Terre des Origines (auquel je consacrerai surement un article dans un futur plus ou moins
proche), et le cycle qui nous intéresse aujourd'hui, Le Cycle d'Ender. C'est ce
dernier qui a véritablement fait connaître son auteur, et qui lui a valu de remporter
les prix Nébula et Hugo deux années de suite, un gage de qualité donc.

Lorsque je me suis présenté (il y a 7 ans), à la librairie
du coin en quête d'un cycle de SF pour meubler mes vacances d'été, cet auteur
m'était inconnu, et c'est au hasard des quatrièmes de couvertures que je me
suis finalement décidé pour celui-ci (j'avoue que l'illustration de couverture,
me rappelant StarCraft a joué un peu aussi ;-) ). Et pourtant cette
quatrième de couv' est pour le moins assez banale. Le pitch : Un gamin de
6 ans, surdoué, est choisi pour intégrer un programme militaire de formation
d'officiers et sauver la terre d'une terrible menace extraterrestre... Un
scénario qui en 2010 a de forts relents d'Halo et de programme Spartan, à la
différence que si John-117 est un homme d'action, Ender est un homme de
réflexion. Son rôle : commandant tactique des forces terrestres. Mais
cette 4eme de couv' laissait entrevoir, à travers la description de
l'auteur,  un potentiel narratif
insoupçonné qui ne demandait plus alors qu'à me péter à la gueule. Je
cite : « Card n'a de cesse de mettre en scène des quêtes
initiatiques, où l'accomplissement de l'homme s'opère par le biais d'une
souffrance toujours nécessaire ». Eh bien 
je dois vous avouer que c'est vrai de a à z ! Avec Maintenant onze
de ses bouquins à mon actif, je pense pouvoir affirmer qu'effectivement Card a
le chic pour façonner des héros jeunes, et pourtant matures, torturés, et dotés
d'un véritable charisme intellectuel . Charisme intellectuel , Was ist
das ? J'entends par là, une intelligence politique, une capacité à
décider, à anticiper, ou  à analyser son
environnement digne d'un croisement entre Kasparov, Napoléon, Bourne ou
Sun-Tse. Un exemple plus moderne serait Zero dans Code Geass.

Poussons la comparaison un peu plus loin : Ender et
Zero ont en commun d'être des enfants prodiges, dotés d'une intelligence
tactique hors normes et n'hésitant pas à passer à l'action et se salir les mais
lorsque nécessaire. Mais là où Zero va au bout de sa démence (pour y achever
son œuvre), Card  pousse la réflexion un
cran plus loin, en accablant son héros et en le mettant en face de ses actes.

/// Attention Spoilers !!! \\\

En effet, si le déroulement de l'histoire, est pour le moins
assez classique, où l'on retrouve les poncifs d'un jeune loup arraché à sa
famille et promis à un grand avenir dans une école spécialisé (qui a dit Harry
Potter ? Oui, il y a un peu de 
cela...), le dénouement révèle que ce dernier a été manipulé :
Croyant participer à des entrainements sur simulateur, Ender dirige en fait les
forces terrestres dans ce qui est le dernier espoir de l'humanité qui, à court
de ressources, joue son va-tout en tentant d'atomiser la planète d'origine des
envahisseurs. Sans en avoir conscience, il enverra donc des troupes terriennes
à une mort certaine, et aura l'insigne honneur d'être l'auteur du premier
xénocide (xéno + génocide) de l'humanité. Il emploiera  alors les tomes suivants du cycle à réparer
son erreur et à comprendre les motivations que peuvent avoir une espèce à
survivre au point d'aller en exterminer d'autres.

/// Fin Spoilers \\\

Ce récit présente en outre la particularité de se suffire à
lui-même, il n'a pas besoin de ses suites pour exister. On y trouve donc des
personnages très travaillés, ainsi qu'un rythme très maitrisé. Il est même
tellement réussi que certaines écoles militaires américaines l'ont inclus dans
leur programme. Et il s'est aussi retrouvé au programme des prépas commerciales
en 2007. C'est le roman parfait pour s'initier en douceur (teintée de noirceur
vous l'aurez compris) à cet auteur. Car vous l'aurez compris, mon but n'est pas
seulement de vous donner envie de lire ce bouquin, mais surtout de vous
convaincre de vous intéresser à son auteur en particulier. Car c'est là que
réside le génie de Card : Se renouveler à chacun de ses romans, tout en
proposant une cohérence d'ensemble sans faille, proposant différents niveaux de
lecture. Mais cela fera l'objet d'un autre article, où l'on abordera plus en
détail Le Cycle d'Ender dans son ensemble, avec tout plein de spoilers !