Ce billet a été rédigé par Rudy sur Web.O.ToFF.

Et bien voilà mon premier billet sur le blog de notre ami Toff ! Pour cela, j'ai choisi d'être à la pointe de l'actualité en vous racontant la fantastique expérience de The Witcher, développé par le jeune studio CD Projekt, et sorti le 26 octobre... 2007 ! Une version intitulée Enhanced Edition, dépouillée des bugs originels, est sortie en 2009 et téléchargeable pour une poignée d'euros sur Steam.

Ca vous semble un peu vieux ? Certes, mais ce jeu reste sans comparaison à ce jour, dépassant même de la tête et des épaules le superbe Dragon Age Origin du très grand studio Bioware. The Witcher est le meilleur RPG sur PC ?

Explications :

1/ Un scénario qui poutre

Une fois n'est pas coutume, les développeurs se sont appuyés sur une œuvre littéraire pour le scénario : la Saga du Sorceleur, d'Andrzej Sapkowski, raconte l'histoire de Geralt de Riv, un Sorceleur (un humain mutant doué de pouvoirs qui a pour rôle de combattre les monstres). Il s'agit d'un univers Héroïc Fantasy à tendance Gothique, qui n'a rien à envier à la Terre du milieu en termes de background.

Et ça se voit !

Dès le départ, on sent la richesse du monde et de l'histoire. On découvre des personnages intéressants et complexes, loin des stéréotypes du genre. Les situations qui s'offrent à nous ne sont jamais simplistes, et encore moins manichéennes. Au cours des nombreux choix du jeu, on ne sait jamais si on œuvre pour le bien ou pour le mal, grâce à un sens moral très réaliste.

Ainsi, on devra opter à plusieurs reprises pour aider tel ou tel camp, en se fiant à son instinct et aux quelques indices qui nous sont donnés, en sachant très bien qu'il n'existe pas de bonne solution. Par exemple, vous pourrez choisir d'aider les non-humains à se défendre contre le racisme et la discrimination des humains, mais vous devrez pour cela participer à des actes de terrorisme contre des innocents. Ou encore, choisirez vous de laisser la vie sauve à un loup garou qui terrorise la ville la nuit, mais arrête les criminels de jour ?

A vous de faire vos choix, mais vous devrez en assumer les conséquences à long terme ! En effet, vous ne saurez jamais immédiatement ce qu'impliquent vos actes. Le fait de tuer tel personnage au lieu de lui laisser la vie sauve pourra vous jouer des tours 10 heures plus tard !

L'ambiance du jeu est résolument mature. La moralité est très libre et rien ne vous empêche de voler, tromper, tuer pour parvenir à vos fins. L'un des défis secondaire est même de trouver et coucher avec toutes les femmes possibles du jeu, notre personnage étant aussi cupide et sans pitié, que libertin ! Ces scènes laissent un sentiment de satisfaction (yes, j'ai réussi à me faire la reine !) et permettent d'entrevoir de belles images érotiques.

Un jeu pour adultes, enfin, ça fait du bien !

Quant à notre personnage, le fameux Geralt De Riv est célèbre dans Téméria pour avoir pourfendu de nombreux monstres et pour avoir sauvé des rois. Il est connu et respecté par tous dès le début de la partie, et c'est bon ! Notre réputation nous précède. Sa forte personnalité transpire dans les dialogues, il ne se laisse jamais faire quitte à entrer en désaccord avec les gens, avec les conséquences que cela implique. On se sent vraiment important et craint par tous, c'est juste jouissif !

Côté regrets : une liberté de mouvement et de choix très limitée. On est loin des environnements ouverts de Morrowind. Mais le monde a beau être petit, on y trouve tellement de choses à faire que c'est plus un avantage qu'un inconvénient pour moi.

Mais tout ce background ne serait rien sans une réalisation à la hauteur.

2/ Une réalisation superbe

Les développeurs sont malins !

Plutôt que de réaliser un moteur graphique adéquat, ce qui n'était surement pas à leur portée pour un premier jeu, et les aurait mis en concurrence directe avec les grands studios du RPG, les développeurs ont opté pour un design et une narration jamais égalés

D'abord, la scène vidéo d'introduction nous bluffe. Non par ses qualités techniques, car on a déjà vu mieux, mais par ses qualités cinématographiques. Caméras bien placées, situation intense, nerveuse, violente, chorégraphies de combat stylées... On reste bouche bée quand apparait le menu du jeu. Vite, il faut lancer la partie !

Et cette patte « cinéma » se retrouve tout au long du jeu. L'interaction laisse place par moment à des phases narratives via des peintures qui font très romanesques. Les scènes de dialogue ne sont jamais ennuyants car les textes sont souvent bien sentis et peu châtiés.

Les environnements aussi sont magnifiquement « designés », à l'image des ces marais surprenants de naturel. Le cycle jour nuit est juste parfait ! Les levers et couchers de soleil sur les champs en fleurs donnent envie de s'assoir pour admirer. Les grottes sont si sombres qu'on ne peut s'y déplacer sans une torche. Les villes de jour sont vivantes, avec de nombreux passants qui ont tous leur emploi du temps et leur truc à dire.

Et que dire de cette bande son envoutante ? Que c'est une des meilleurs qui m'ait été donné d'entendre dans un jeu. Tantôt inquiétante, tantôt apaisante, elle colle parfaitement à la situation et ajoute une vraie ambiance au level design.

Bien sûr, il ne s'agit que d'un trompe-l'œil, certes efficace, mais qui cache la misère du moteur vieillissant de Neverwinter Nights. Ainsi la qualité du graphisme reste pauvre, déjà en 2007 et surtout en 2010. Les animations (à part les chorégraphies des combats) sont hachées et occasionnent des problèmes de collision parfois gênants. On est loin des prouesses de Dragon Age avec les architectures gigantesques des donjons.

Le plus gros défaut, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de textures différentes. Si ça ne choque pas trop pour les grottes et les maisons car l'unité de lieu n'impose pas une grande variété, c'est bien plus ennuyeux pour les personnages. Les quelques modèles sont reproduits X fois pour faire la foule, y compris les personnages importants, et on se retrouve au milieu d'une ville de clones. Quel dommage !

Tout ça reste quand même bien équilibré et appuie un gameplay aux petits oignons, capable de nous motiver pendant les 50 heures de jeu.

3/ Le gameplay qui va bien

Attention, le premier contact est perturbant !

Il faut une bonne heure de jeu pour s'y faire, car le système de combat est inhabituel. L'objectif est d'enchainer les attaques d'affilé en cliquant dans le bon timing sur la souris. C'est très simple, mais très difficile ! Chaque coup consécutif est plus puissant, et il est indispensable d'utiliser les combos pour gagner des combats sans y passer la nuit.

Sans être génial, ce système permet de donner une intensité constante dans les combats. Impossible de penser à autre chose, il faut se concentrer sur le clic.

Avec les niveaux, il est possible de choisir de développer le style de combat que l'on souhaite : le style puissant pour les monocibles résistantes (les boss souvent), le style rapide pour les cibles plus agiles, ou le style groupe pour latter une foule quand on est encerclé. Ce développement permet d'acquérir plus de combos et de déclencher des effets (renversement, désarmement, douleur, saignement...).

Au haut niveau, c'est une pluie de coups superbement chorégraphiée qui s'abat sur les ennemis, pour notre plus grand plaisir. C'est un grand kiffe d'entendre Gerald pousser un cri de rage en exécutant le dernier enchainement sur l'adversaire, lui infligeant des dégâts considérables et le faisant souvent tomber à la renverse. Ou encore de trancher la tête de 6 ou 7 ennemis à la fois d'un grand moulinet de glaive dans une gerbe de sang. On s'y croit !

Le côté leveling du RPG est aussi excellent, grâce à un passage de niveau rapide et fréquent, et à un arbre de compétence plus que généreux.

Les 3 styles de combats peuvent être développés pour 2 glaives différents : le glaive d'acier qui est très efficace contre les humains, et le glaive d'argent contre les monstres.

Il existe en parallèle 5 pouvoirs magiques, les Signes, qui sont tout aussi puissants et agréables que les enchainements d'épée. Par exemple le Signe Igni permet de lancer une boule de feu (à courte portée), et ainsi d'aveugler ou enflammer l'adversaire. Le signe Aard permet de jouer aux Jedi en utilisant la télékinésie. A haut niveau on renverse tous les adversaires autour de nous. Mieux encore, les cibles renversées ou assommées peuvent faire l'objet d'une « fatality », au choix gorge tranchée, décapitation acrobatique, ventre transpercé, etc... Encore un truc qui fait plaisir !

Enfin on peut (doit) aussi développer les compétences de base (force, dextérité, endurance, intelligence), avec des bonus plus que surpuissants.

Je passe rapidement sur les mini jeux sympas mais sans plus (poker, bagarre), et il reste à parler de l'alchimie.

4/ Le crafting et l'équipement

Pour peu que vous jouiez dans un mode de difficulté élevé, vous ne pourrez pas espérer gagner à la force des poings. Pour faire la différence, il existe l'alchimie.

Le système est assez classique car il faut trouver les ingrédients (plantes, loots, achats) et les formules, qui permettent de créer des potions, des huiles, ou des bombes.

Les potions permettent de booster telle ou telle caractéristique (régénération de santé ou d'endurance, chances de toucher, d'esquiver, etc...), ou donnent des compétences utiles (vision dans le noir). Les huiles améliorent les caractéristiques des glaives. Les bombes.... explosent.

Mais cette simplicité cache un réel intérêt.

D'une part, on ne crée de potion que pendant les phases de repos, pas pendant les combats (normal). Ensuite, si les ingrédients sont en nombre suffisants, il est possible de créer des potions plus ou moins puissante cela l'attribut secondaire de chaque ingrédient. Et surtout, les potions entrainent un niveau de toxicité dans l'organisme. Si on en ingère trop, on devient intoxiqué et on se mange des malus. Il faudra se limiter à ce qui est nécessaire sous peine de se retrouver dans une mauvaise situation sans pouvoir boire une potion de santé !

Il existe aussi des runes à faire graver sur les glaives, et des pierres à aiguiser pour leur donner des bonus temporaires.

On regrettera quand même qu'il existe très peu d'équipement (2 armures seulement par exemple), et que les armes secondaires sont parfaitement inutiles.

Dans les niveaux de difficulté faible, tout ça n'a plus aucun intérêt car le jeu est trop facile. Même en mode moyen, arrivé à la moitié du jeu, on est rarement mis en difficulté. Il faut jouer en mode très difficile pour apprécier toutes les possibilités qui nous sont proposées.

Conclusion :

Gros coup de cœur pour The Witcher, qui restera dans mon panthéon des jeux qui m'ont le plus fait rêver, aux côté de Fallout, Morrowind, et tant d'autres... Tout fan de RPG ne peut pas passer à côté.

Loin d'être parfait, mais avec des défauts assumés, ce sont ses qualités de narration, de style, et de gameplay qui font de lui une œuvre d'art.

Mention spéciale pour la fin du jeu. On en ressort avec la banane tellement la dernière scène est impressionnante et nous fait nous sentir invincible. Gerald De Riv est un héros de grande classe, et on attend impatiemment The Witcher 2, prévu pour mai 2011 !

Ce billet a été rédigé par Rudy sur Web.O.ToFF.