Angoulême, ses montées, ses descentes, sa cathédrale Saint-Pierre, son Festival International de la Bande Dessinée… Certains se souviendront de l’édition 2016 pour de mauvaises raisons (à voir en annexe à la toute fin du ce post), mais moi, simple lecteur, promeneur du dimanche, j’y suis allé dans un état d’esprit des plus détendus.
Les expos Lucky Luke, l’hommage à Hugo Pratt et Corto Maltese, les espaces habituels: Asie, Indé, Para-BD... sont au programme.
Bastien Vivès, Michaël Sanlaville et Balak les auteurs de la BD LastMan furent invités officiellement par le festival suite au prix remporté lors de l’édition 2015 et ont eu le droit à une exposition de l’univers de leur série et une conférence en public.
Mais pour cette édition 2016, on remarquera surtout la présence du Grand Prix 2015, Otomo Katsuhiro, le réalisateur/mangaka auteur de Mother Sarah, Domu, Steamboy… mais surtout:

Akira アキラ

Celèbre manga/long métrage d’animation qui fut un des premier gros succès japonais à l’international. Certains diront que la notoriété des mangas en occident a démarré avec cette œuvre.

 

Expo, conférence Otomo et moto d’Akira

Bon on commence par se mettre dans l’ambiance:

RASSERA!! RASSERA!! RASSE RASSE RASSE RASSE RASSE...

Ca y est, les adeptes ont des frissons? Les non-initiés commencent à comprendre pourquoi c’est un classique? Certainement mon animé préferé depuis que j’ai 11 ans... Pour info le long métrage est dispo sur Netflix.

Le festival, pour honorer la présence d’Otomo, avait organisé une exposition d’illustrations hommages à son travail, avec des dessinateurs tels que Jiro Taniguchi, le talentueux Kim Jung Gi, Oliver Coipel, Stéphane Levallois… (liste complète ici)

 

Pas grand chose à dire, il y avait de jolis dessins certes, mais le tout n’était pas vraiment transcendant.

 

Le moment clé de ce week-end était la conférence d’Otomo au Théatre d’Angoulême, le samedi 30 janvier.

De 14h à 15h30 Otomo Sama nous a parlé  de son œuvre, de sa vie, de la conception et réalisation d’Akira. Moment très enrichissant sur beaucoup de points tels que: d’où vient le design de la moto et d’autres mechas, la vie et le rythme d’un studio de manga, son état d’esprit à l’époque et de l’époque (année 80 et début 90), quelques études et photos préparatoires sur l’île désertée d’Hashima, vu dans Skyfall.

Puis, le célebre mangaka a offert à son audience la primeur du trailer, bien barré et flippant, du film live adapté de son manga Domu (uniquement diffusé à Tokyo lors d’un événement jusqu’à présent).
Pour finir, et sur presque une heure, Monsieur Otomo s’est laissé aller au jeu des questions réponses avec le public. Il était plutôt décontracté, et a répondu à toutes les questions avec une apparente franchise. Il s’est même accordé le luxe de déguster du vin rouge devant tout le monde.

J’en ai surtout retenu trois choses: pour Otomo, un mangaka/auteur de BD devrait toujours dans son propos s’opposer au système/pouvoir en place. Akira a été choisi comme titre car c’est un prénom masculin plutôt commun, voir banal au Japon, exprès pour contraster avec l’histoire et le personnage, qui eux, le sont bien moins. Et la musique du long métrage est issue de sa collaboration avec le collectif Geinoh Yamashirogumi, regroupement  de musiciens d’une école musical tokyoïte (dont le nom m’échappe) comprenant aussi bien enseignants qu’élèves. Expliquant l’utilisation des jegogs et le coté conceptuel, voir expérimental de cette BO.

Gateau sur la cerise, la présence de la réplique officielle de la moto de Kaneda, la seule reconnue par Otomo. Dur de trouver des infos dessus si on ne parle pas japonais, apparemment elle viendrait d’un garage de Fukuoka et aurait nécessité 7 ans de conception et couterait dans les $120 000. Si vous parlez japonais, des infos ici: www.bokura-company.com

Quelques photos maisons ci dessous:

Il y avait un tirage au sort pour gagner le droit de la chevaucher pour la photo. Je fus chanceux!

Quel kif c’était... un des rares rêves de gamin qui me tenaient encore à coeur s'est réalisé… (la tof je la garde pour moi et mes contacts facebook ^^). C’est le genre de chose qui te fait jouer à l’Euromillion.

****** soupir *******

 

Expo LastMan, rencontre avec Vivès, Balak et Sanlaville

J’avais déjà entendu parler de cette œuvre avant, mais je ne m’étais jamais penché dessus. Ce manga français (oui je sais, ça accroche l’oreille mais croyez-moi ça marche) est un gros succès depuis 3-4 ans, et est pensé pour être cross-media. On est dans le pitch du nekketsu de base, jeune garçon, tournoi, bagarre, détermination…
En 2015, LastMan avait remporté le prix de la Série, du coup cette année les auteurs ont eu le droit à une expo et une rencontre/conférence avec le public.

L’expo était bien faite. On avait le droit à une statut d’Aldana de 2m, pas mal, des illustrations et autres imprimés, nous mettant bien dans l’ambiance.
Faites vous une petite idée avec cette vidéo.

Plusieurs bornes d’une préversion du jeu LastFight, tiré de l’univers avec Richard Aldana en personnage principal, était disponible avec 4 manettes. Bon… j’espère que la version finale sera plus aboutie parce que j’ai eu l’impression en y jouant, certes seulement quelques minutes, qu’on avait le droit à un clone Android de Power Stone... Sortie prévue en avril 2016, à voir.

La conférence avec les trois auteurs quand à elle fut très divertissante et on peut dire qu’ils sont très détendus.
Après une introduction musicale au bongo façon “Ca se Discute” de Balak, ils nous ont expliqués leur rythme de travail, une journée type chez eux, les intentions face à ce projet, et qui fait quoi dans le trio. On a eu le droit aussi à un teasing de la future serie animé spin-off en collaboration avec France Télé.
Bref ravi d’être entrainé dans leur univers avant de connaitre l’œuvre en question, ils sont sympathiques et leur façon plutôt irréverencieuse d’envisager la BD m’a énormement plu.
D’ailleurs, à un moment de la conférence Vivès s’est laissé aller à des commentaires plutôt  impertinents tels que, pour justifier son format, “c’est fini l’album en 46 pages couleurs couvertures cartonnées”. Postulat nuauncé par la suite.

Je vous conseille d’ailleurs son blog, avec pas mal de strip. Osé, mais très drôle.

Pour la lecture de cette oeuvre, si comme moi vous avez arreté le papier et vous n’êtes pas collectionneur (je ne m’adresse donc pas à Donald87 ;p ), je ne saurais trop vous conseiller leur site officiel: www.delitoon.com, les 2 premiers chapitres sont en consultation gratuite. Ca sera là que je vais me faire l’intégrale.

Les abonnés de Nolife, dans ce 101 Pur 100, pourront suivre ici une interview pré-festival de Bastien Vivès (le meneur de la troupe).

Voilà ce que je retiendrais de cette édition 2016. C’était un moment très sympathique et agréable (au-delà des hallebardes qu'on s'est pris sur la tête samedi). Selon, bien sur, la programmation, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême va devenir un rendez-vous régulier pour moi.

 

ANNEXE
Au delà de tout ça, malheureusement je ne peux pas finir sans mentionner les différentes polémiques que cette édition 2016 a soulevées. En effet la première selection pour le Grand Prix 2016, annoncée en début d’année ne comportait aucune femme (une seule?) sur 30 nommés. Ca n’est pas passé... et à forcer les organisateurs à entièrement revoir leur mode de scrutin à la dernière minute. Vous trouverez des articles à ce propos ici et .
Et toujours si vous êtes abonné à Nolife, tout est bien exposé par Nicolas Finet, un des programmateurs, dans ce 101 Pur 100.

Mais c’est surtout la cérémonie de remise des prix du samedi 30 janvier, qui a provoqué un taulé général pas encore éteint.
En gros l’événement a commencé sur un canular annonçant de faux lauréats, suivi par la vraie remise de prix. Ca n'a duré même pas 10 minutes sur une heure quarante, mais le souci fut que certains y ont cru, se sont emballés sur les reseaux sociaux, ont été très déçus et se sont sentis insultés et humiliés lorsque le pot aux roses a été découvert. Le communiqué officiel du festival se trouve ici, des articles sur cette polémique ici, , mais aussi ici ou . Tout le monde dénonçant la maladresse, voir cruauté, de cette facétie.
L’animateur radio/auteur de littérature Richard Gaitet à l’origine de cette blague s’est platement excusé par une lettre ouverte sur le site du Monde; en revanche, Franck Bondoux, Délégué Général à la direction du FIBD d’Angoulême, a proné l’humour et blamé twitter pour ce naufrage et les deceptions que cela a entrainées.
Au lendemain du festival tout le milieu réclamait sa tête…