L'opérateur est le premier en Europe à proposer une plate-forme de location de jeux, avec un contrôle sur la qualité du service. Il négocie avec les grands éditeurs pour y proposer des superproductions, à la vente ou à la location.

 

L'offre de jeux vidéo via la box de SFR, première du genre en France, va devenir multiécrans : une partie commencée sur le téléviseur pourra bientôt être poursuivie sur une tablette ou un smartphone.

L\'offre de jeux vidéo via la box de SFR, première du genre en France, va devenir multiécrans : une partie commencée sur le téléviseur pourra bientôt être poursuivie sur une tablette ou un smartphone.

 

Vous avez aimé la VoD - la vidéo à la demande ? Vous allez adorer la GoD - sigle anglais pour « jeu à la demande ». C'est, du moins, ce qu'espère SFR. L'opérateur télécoms a annoncé hier que son offre de jeu vidéo via la box, testée depuis octobre 2010 sur le parc le plus ancien de décodeurs, est désormais étendue aux Neufbox Evolution. Elle va aussi devenir multiécrans : une partie commencée sur le téléviseur pourra bientôt être poursuivie sur une tablette ou un smartphone.

 

Si Orange prépare sa propre offre de « cloud gaming », SFR est, à ce stade, le seul opérateur en Europe à avoir déployé une plate-forme de ce type. Un moyen de se différencier par rapport à ses concurrents et d'occuper le terrain face aux acteurs Internet tels que Onlive, tout en accroissant le revenu moyen par abonné. Le marché du jeu vidéo en France pèse 3 milliards d'euros, dont 1 milliard est déjà réalisé en ligne. Et il continue à croître.

 

Depuis octobre 2010, quelque 500.000 box ont « joué » 7 millions de parties. Julien Vin-Ramarony, directeur des contenus, se félicite :« Cela fait déjà deux fois que nous réajustons à la hausse les capacités de notre plate-forme, qui sont deux fois plus importantes qu'au départ. »Le service de jeu en ligne aurait conquis à peu près autant de clients que la formule de vidéo à la demande par abonnement (SVoD), « Infinity », lancée en novembre dernier.« Nous visons à terme un marché équivalent à celui de la VoD, plus celui de la vidéo par abonnement »,ajoute Jérémie Manigne, le directeur de l'innovation chez SFR.

 

Les détenteurs d'une Neufbox peuvent payer 5 euros pour jouer pendant un mois aux 85 jeux que propose SFR sur sa plate-forme. Mais, s'ils veulent utiliser une vraie manette de jeux plutôt que la télécommande, l'addition monte à 10 euros par mois (sans engagement). C'est apparemment la formule préférée des joueurs qui acceptent de payer - sachant qu'un tiers des adeptes se contentent des jeux gratuits.

 

Toucher un public plus averti

 

Jusqu'à présent, SFR ne propose que des jeux simples pour un public de non-initiés (« casual gaming »), tels que « Montezuma » ou « Farming Simulator ».« Nous avons beaucoup de jeux d'adresse ou de style Tetris, mais nous proposons déjà des jeux multijoueurs en ligne et nous allons monter en gamme - sans aller jusqu'à des dizaines de milliers de personnes connectées simultanément »,expose Julien Vin-Ramarony. L'opérateur ne va pas devenir un repaire de « gamers », ces accros de « World of Warcraft » ou de « Counterstrike », qui ne jurent que par la console ou le PC. Cependant, il veut progressivement toucher un public plus averti. Il négocie donc avec cinq grands studios de production, comme Activision (qui appartient à Vivendi, la maison mère de SFR) ou Electronic Arts, afin de proposer des jeux « AAA » - certains seront dans le forfait, d'autres en supplément. Parmi ces superproductions figure un jeu Vivendi, « Call of Duty ».

 

« C'est une forte évolution du modèle économique des éditeurs qui vendent des jeux "AAA" pour console autour de 60 à 70 euros pièce,reconnaît Jérémie Manigne.Mais nous leur offrons une seconde vie. »Faisant un pas vers ces éditeurs, SFR va aussi proposer avant avril une formule, non plus de location, mais d'achat de jeux en ligne.

 

Pour rassurer les grands éditeurs, SFR met en avant la qualité de service sur son réseau. C'est elle qui permet d'éviter la congestion dans la télévision via la box, en panachant des algorithmes de compression, de gestion des flux prioritaires et des serveurs dédiés. Dans le jeu, la priorité est de réduire le temps de réponse : en termes de latence, l'offre de SFR est moins performante que celle des consoles, mais plus que celle des jeux sur le Web. L'opérateur s'appuie sur la plate-forme technologique de G-Cluster. Ce spécialiste, qui démarche lui-même les studios de jeux, négocie également avec Orange.

 

Source :

17/01 | 07:00 | Solveig Godeluck 

Les Echos.fr