Autant l'avouer tout de suite...

J'ai un vice.

Ce n'est pas glorieux, je sais. Mais qui, ici, pourrait dire qu'il est parfait?
Personne, a n'en point douter.

Alors, pour ôter un peu du poids de mon lourd secret, autant le partager ici pour que vous puissiez comprendre ma malédiction.
Voici.

Je regarde chaque année l'Eurovision.
Et j'adore ça...

Oui, oui carrément, pour rien au monde je ne raterai l'Eurovision. Tous les mois de mai, je suis fidèle devant mon poste de télévision pour voir ce rendez-vous inauguré en 1956 sous l'impulsion, selon la légende, du grand Charles De Gaulle, porte-avion de son état, qui s'est dit qu'après des années de défonçage de gueule, il sera de bon ton de se foutre sur cette même gueule en chanson, ça coute moins cher en obus et on ne risque pas de perdre l'Alsace et la Lorraine.

Ca, c'est la version officielle.
Ce que l'on ne vous dit pas, c'est que chaque année, on se trompe.

Oui, parfaitement.
La tradition (et surtout les Etats-Unis avec Buffy) vous apprendra que c'est pour chaque Samain que l'Autre monde décide nous rendre visite. C'est le début de la "saison sombre" propre à la rencontre avec les esprits "malins"... C'est cet Halloween si friand de sorcières et de magie.

Non.

Le début de cette saison, ce moment où les forces du Chaos décident de se déchainer, ce moment où sorciers bariolés d'amulettes et de robes trop amples, où démons de tous poils se dressent devant nous (ce n'est pas sale), c'est l'Eurovision. Car franchement, le Chaos, il trouve ça beaucoup trop mainstream de faire venir les ténèbres quand le jour décline, autant le faire printemps, before it was cool. 

Ainsi, dans un Sabbat démoniaque, un Pandémonium orgiaque, tous les chanteurs les plus nanardesques de l'Europe vont se regrouper.
Et vont chanter...

Sans pudeur, persuadés d'être le dernier espoir de leur pays respectifs dans un tournoi que n'aurait pas renier Mobile Fighter G Gundam, ces chanteurs vont se livrer corps et âme dans une  transe qui ne doit pas dépasser les trois minutes par personne (le règlement est très strict là-dessus, parce qu'après ça fait des histoires et vas-y que le Monténégro prend 4 minutes pour caler son accordéoniste local, sans parler de l'Azerbaïdjan qui achète le jury et de l'Irlande qui gagne toujours sà la fin).

Au terme de ces danses chamaniques, chaque pays sera jugé à tour de rôle par un Conseil de Sages issus de ces mêmes nations. A la fin, un seul sera désigné grand vainqueur de ce malévolent tournoi. A lui reviendra ensuite l'insigne honneur d'organiser le prochain sur ses terres, qui deviendrons à leur tour, le trône des puissances ténèbreuses.

Le cycle sans fin se perpétue...

Chaque pays est censé envoyer la fine-fleur, le gratin de ses chanteurs et ce dernier doit porter fièrement et à bras le corps, la culture de sa nation, de la terre qui l'a vu grandir.

Sauf que souvent, au fil des années, et bien, les pays en question en ont un peu marre de se taper l'organisation, car un sabbat démoniaque, ça coute cher, et les petits copains n'apportent même pas un paquet de Pringles pour aider.

Par conséquent, on préfère subrepticement avancer un chanteur "moins bon" (Euphémisme-Man à la rescousse) qui donnera l'illusion d'une participation active certes, mais guère motivée...

Sachant qu'il est aussi bien difficile de lutter contre le vote migratoire et le vote de copinage (malgré les modifications récentes), on préfère laisser le rituel suivre son cours paisible et tant pis si il est plus corrompu qu'un pays d'Afrique Sub-saharienne controlé par un général d'Amérique du Sud lançant un marché public en Sicile...
Il nous garanti, avec ses costumes improbables et ses voix torturés le fun qui fait furieusement défaut dans ce monde gris...

Le Chaos, c'est bien.

Vous voulez voir ce que la France va apporter à l'Eurovision cette année?
Oui?
Z'êtes prêt?
Bon okay...
A mon signal, déchaine les enfers Amandine...