Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb / long-métrage britannique / 1964 / 94min / réalisateur : Stanley Kubrick / scénario : Peter George, Terry Southern, Stanley Kubrick / avec Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden / musique : Laurie Johnson / comédie satirique / sortie France : 24 avril 1964 / distrib. : Columbia Pictures (USA et France).

          Quand Stanley Kubrick, réalisateur de A Clockwork Orange, The Shining et Barry Lindon, décide d'adapter un roman d'espionnage sérieux sur la guerre froide, cela donne un subtil-mélange entre comédie noire et critique du gouvernement et des complexes militaro-industriels. Cela donne Dr. Strangelove, un grand classique du cinéma qui, sans être le meilleur film de Kubrick, prouvait déjà tout l'étendue du talent du réalisateur.

          Pendant la guerre froide, le général Jack Ripper, convaincu que les Soviétiques ont empoisonné l'eau potable des États-Unis, lance sur l'URSS une offensive de bombardiers. Le gouvernement américain prend alors contact avec le gouvernement soviétique et tente de calmer la situation, et de rappeler en même temps les bombardiers.

Images du tournage. A gauche : Stanley Kubrick. A droite : Peter Sellers et Stanley Kubrick.

          Le film est une métaphore sur la réalité de l'époque de son tournage, bien que lors de sa sortie en salles, la tension entre les États-Unis et l'URSS avait baissé d'un cran. Malheureusement, le discours du film est toujours d'actualité de nos jours. Il existe toujours une technologie capable d'anéantir le monde. Kubrick montre ici un gouvernement constitué d'imbéciles, comme le général Buck et de fous, comme, bien évidement, le Dr. Folamour. De plus, il montre que ce gouvernement n'est pas préparé à une situation comme celle présentée ici, et est incapable d'y remédier. Les complexes militaro-industriels, qui étaient les centres de la guerre froide, sont aussi critiqués. Ils peuvent, en effet, à cause d'une petite erreur, déclencher une apocalypse sans nom. Malgré son sujet sérieux le film tombe très rapidement dans le grand-guignolesque. Notamment avec la scène culte où le président américain appelle son homologue russe pour le prévenir de l'arrivé des bombardiers sur son pays, et tenter d'empêcher le bombardement, mais le président russe, en pleine fête, est complètement saoul et le dialogue devient rapidement surréaliste.

          Les acteurs sont très bons, surtout le grand Peter Sellers, qui a trois rôles dans le film. A la fois, président des Etats-Unis, capitaine de l'armée américaine, et le Docteur Folamour, scientifique nazi « recyclé » par les Etats-Unis. Ce personnage, bien que peu présent à l'écran sur toute la durée du film, permet à Sellers d'exprimer son génie comique. Kubrick démontre ici son talent de metteur en scène. Un travail artistique énorme a été effectué sur le film, notamment avec les jeux de lumière, et, malgré le fait que le film soit une comédie, une certaine ambiance de suspens se dégage du film. Lorsque Dr. Strangelove a été tourné, la couleur existait déjà. Le fait que Kubrick ai choisi de le tourner en noir et blanc est donc, sans aucun doute, un choix artistique. Les décors du film sont très impressionnants : la salle de guerre et le B-52 sont extrêmement réalistes. Le film contient de grandes scènes d'anthologies comme celle du « rodéo ». La musique, de Laurie Johnson, occupe une place importante dans le film. Par exemple, les scènes où l'on peut voir le bombardier voler vers sa cible sont accompagnées d'une reprise de la chanson américaine « When Johnny Comes Marching Home Again », une chanson de la Guerre de Sécession.

          En bref, Dr. Strangelove est une comédie qui fait bien réfléchir. Rien que le fait qu'il y a Peter Sellers, et ses trois rôles, devant la caméra du maître Stanley Kubrick fait que ce film vaut largement le détour. Un classique !

Note : 4 /5

 

Par hamster-geek-35. Envie de lire d'autres critiques ? Va ici alors ;-) : https://critiquescine.e-monsite.com/