On entend beaucoup parler de Drive cette semaine (pas hier, c'était pas pour sa pomme), et même depuis sa présentation à Cannes et son prix de la mise en scène. Autant être clair dès le début: c'est incroyablement justifié. J'ai même l'impression que le film bénéficie d'un faux buzz, vu le monde dans la salle et le public type, qui avait l'impression d'aller voir un ersatz du Transporteur et qui à la sortie était très surpris par ce qu'ils venaient de voir. Drive, c'est une grande leçon de cinéma, et un film qui emporte tout sur son passage.

Ryan Gosling incarne un cascadeur et un mécano qui trouve aussi le temps de jouer les chauffeurs pour des braqueurs qu'il ne connaît pas, histoire d'arrondir ses fins de mois. Sauf qu'il rencontre sa voisine et qu'il commence à se rapprocher de plus en plus d'elle et de son fils, son père étant en prison. Evidemment, je ne spoilerai pas mais vous imaginez bien que la situation va dégénérer. D'ailleurs, la bande-annonce induit pas mal en erreur. Ce n'est pas un film de braquage ni un film sur la conduite. C'est un film sur ce mystérieux homme qui se cherche une vie normale, et tente d'exploiter à fond son talent de conduite en l'utilisant le plus possible. On ne sait rien de lui, pas même son nom, mais le film exploite incroyablement bien ce côté mystérieux pour en jouer avec. Cadrages, lumière, montage, tout est fait pour jouer avec deux parallèles: au-delà de la gueule d'ange de ce pilote froid se cache un être qui n'a aucun scrupule à aller jusqu'au bout des choses pour obtenir ce qu'il veut. Et ce travail méticuleux de la découverte de ce personnage va exploser lors de la seconde partie du film où on assiste à une autre facette du personnage, incroyablement violente et sans pitié. La mise en scène joue avec ce parallèle de manière assez excellente (la scène dans l'ascenseur est juste sublime) et on sent que le cinéaste prend son pied.

Les acteurs ne sont pas en reste, et Ryan Gosling peut se targuer de cotôyer des acteurs secondaires que l'on connaît tous et qui jouent ici des rôles forts. Bryan Cranston (W.W dans Breaking Bad) joue juste, comme à son habitude, Carrey Mulligan est charmante sans être énervante, Oscar Isaac (Blue dans Sucker Punch) est méconnaissable et on voit même Ron Perlman qui aurait peut-être mérité un rôle plus consistant. Même Christina Hendricks sera là pour faire plaisir aux fans de rousses. Evidemment, la direction d'acteurs est excellente, sublimée par la réal qui nous offre d'excellentes scènes servies par une bande-son qui colle parfaitement à l'action sans être envahissante. Le film dégage une véritable énergie, qui prend le temps de poser ses personnages et le décor, et d'apporter son lot de références et de plans iconographiques aux sens multiples, avec des idées visuelles surprenantes: le ralenti est utilisé très intelligemment, les cadrages ne sont pas dûs au hasard, et les jeux de lumières et d'ombres sont bien réfléchis. Je noterais simplement quelques petites longueurs, mais vraiment rien d'embêtant, le film est un véritable ode au cinéma de genre, bien plus violent qu'il n'y paraît.

Verdict: Surprenant, burné, jouissif, Drive est un grand film, qui parle plus par ses images que par les dialogues.