Il est temps de parler d'une de mes séries fétiches, et surtout d'un jeu qui ne peut laisser personne indifférent. Quand on parle de la 32Bits de Sega, on dégaine rapidement les adaptations de jeux d'arcade de la firme, comme Daytona USA ou tout ce qui commence par Virtua, mais Panzer Dragoon fait autant figure de killer app (un jeu destiné à montrer les capacités de la console), que de jeu fait par des passionnés voulant créer quelque chose d'unique. Et ils y arrivèrent !

 

Créée par la Team Andromeda, un studio interne de Sega disparu depuis, cette licence compte 5 titres, dont 4 sont des jeux de tirs en 3D (qu'on appelle aussi « rail shooter ») prenant place dans un univers unique, mélange de post-apocalyptique et de steampunk. Univers d'ailleurs fortement inspiré des œuvres de Jean Giraud, dessinateur français qui nous a quitté récemment. Mais pour donner vie à un monde aussi riche, ses créateurs décident en 1998 de transformer le jeu de tir en jeu de rôle, tout en conservant les gênes qui ont fait la renommée de la série : le troisième opus, Panzer Dragoon Saga, était né.

 

 

Aujourd'hui, ce titre est un des plus recherchés de la ludothèque Saturn, de par sa qualité comme de sa rareté hors Japon : la console étant déjà quasiment morte à cette époque, il a failli ne jamais sortir dans nos contrées, et sa distribution fut confidentielle (on l'estime à 16000 exemplaires en Europe, en deux éditions). Mais ne parlons pas de choses qui fâchent, voyons plutôt pourquoi ce jeu vaut autant l'admiration de ceux qui ont pu y toucher !

D'abord, essayons de parler du scénario sans trop le spoiler. Vous incarnez Edge, jeune soldat chargé de garder des ruines d'une civilisation disparue. Mais au moment où une fille est retrouvée fossilisée dans les fouilles, votre groupe se fait décimer par les troupes impériales. Sauvé par le fameux Dragon, Edge décide de retrouver les coupables, tout en cherchant à comprendre le but de l'attaque... mais chut, j'en ai déjà trop dit !

 

(Edge commence sa quête au fond du trou... au sens propre comme au figuré.)

 

Une armée d'un seul homme... et sa monture !

Je reviens maintenant au début de mon test, où je parlais du mélange entre RPG et jeu de tir. Sur le papier, on voit mal comment mixer deux domaines aussi éloignés, il faut bien l'avouer. Mais la formule inventée par la Team Andromeda est quasiment parfaite. De son héritage « shootesque », il conserve le maniement du dragon et de son cavalier, à son adversaire, et les batailles à 360°. Mais son gameplay y ajoute des combats en semi-tour par tour, à la manière d'un Final Fantasy.

Concrètement, le principe est de se déplacer autour de vos adversaires dans 4 positions (gauche/droite, avant/arrière), le temps que vos barres d'action se remplissent, pour au final attaquer ou utiliser la technique que vous voulez. La tactique repose sur le fait que chaque ennemi voit sa défense ou sa force varier selon l'angle d'attaque que vous choisissez, un timing idéal vous permettant de faire le maximum de dégâts pour le minimum de coups en retour. Timing que vos ennemis auront à cœur de casser, ces derniers pouvant eux aussi se déplacer librement.

 

 

 Mais Saga ne s'arrête pas en si bon chemin... vous ne contrôlez qu'un dragon ? Pas de souci, il est customisable ! En effet, il gagne rapidement la capacité de se « morpher » pour varier ses caractéristiques à volonté, et chacune des 5 orientations (4 + la position Neutre) renforce les magies correspondantes, en plus de vous donner des bonus exclusifs, en contrepartie de malus dans une branche opposée. Libre à vous donc de prendre une forme massive pour encaisser une grosse attaque, puis de passer en mode offensif pour vous venger comme il se doit !

Au final, ce jeu parvient à un gameplay exceptionnel en partant d'une base loin d'être évidente. Et on ne se lasse jamais des combats, notamment contre des boss d'une taille qui ne feraient pas honte dans un Shadow of Colossus...

 

(Ce que vous pouvez obtenir, au fil de vos expériences...)


Un monde ravagé, et pourtant bien vivant...

On a souvent reproché (à juste titre) à la Saturn d'être une console difficile à exploiter graphiquement, ce qui l'a souvent pénalisée face à la Playstation. En revanche, Les Panzer Dragoon sont reconnus pour être d'une grande maîtrise de ce côté-là, et Saga fait réellement honneur à sa plate-forme. Les environnements sont plaisants et vastes, l'animation est fluide en toute circonstance, les effets graphiques sont imposants et l'ensemble du soft impose son style, à mi-chemin entre tribal et technologie. C'est un atout d'autant plus important qu'il valorise vraiment les scènes de combat et autres cut-scenes, qui utilisent en général le moteur du jeu.

Certains joueurs pourront aussi trouver les différents villages un peu réduits en taille, ce qui est vrai pour quiconque ayant déjà mis les pieds à Midgard ou à la BGU. Mais ce défaut est compensé par un atout de taille, de plus assez rare pour un jeu de cette génération : une grande partie des dialogues sont doublés en japonais sous-titré anglais (sauf l'intro et la fin qui sont en Panzeresse, le dialecte inventé pour l'univers) avec une bonne qualité. Ce qui évite aussi l'impression de lassitude en passant deux heures avec une unique musique de fond pour toute compagnie (problème retourné !)...

 

(le travail de design est vraiment poussé sur certains lieux du jeu.)

En parlant de musique, ce troisième opus rend également hommage à ses ainés, avec des thèmes nombreux et inspirés, contribuant fortement à vous mettre dans l'ambiance du jeu. Si vous avez une soirée morne devant vous, je vous conseille vivement d'écouter l'OST (notamment le thème de fin chanté, qui est juste magnifique). Au final, on pourrait se plaindre d'un certain manque de quantité, mais le contenu des 4 CDs du jeu (fait unique pour la Saturn) a fait l'objet d'un soin tout particulier. On ne se perd pas, on ne se lasse pas non plus, et la quête d'Edge se déroule devant nous sans temps mort.

 

A l'aventure, compagnons !

Pour conclure, les mauvaises langues diront certainement que je manque d'objectivité pour tester ce jeu, et dans un sens ils n'auront pas tort. Mais c'est peu de choses comparé à l'injuste anonymat dont souffre ce titre, qui est sans conteste l'un des meilleurs Action-RPG jamais imaginé. Pourvu d'un gameplay aussi original que brillant, ainsi que d'une réalisation sans faille, Panzer Dragoon Saga est un jeu à faire au moins une fois dans sa carrière, pour peu qu'on se dise fan de jeux de rôle.

Et pour ceux qui se sentent intimidés par le jeu, la difficulté globale est bien dosée pendant la vingtaine d'heures que compte l'histoire : on ne se sent jamais démuni, et le jeu conseille très bien le joueur par de nombreux tutoriaux et fiches d'informations, afin d'appréhender sereinement chaque évolution du gameplay.

Après tout ça, il ne vous reste qu'une chose à faire, jouer... et s'émerveiller. Que demander de plus ?

 

NOTE : 19/20 (je mettrais bien 20, mais ça ferait prétentieux :P)