Les vampires, qui font face à un dangereux ennemi, s'allient avec un chasseur de vampire pour le vaincre.
 
 
Il y a très longtemps, dans une lointaine galaxie, les vidéos-clubs étaient un endroit extrêmement important pour tout amateur de cinéma. Car c'était dans ce lieu qu'on recherchait avidement de gros navets qu'on regardait entre amis consentants. Et le résumé du film d'aujourd'hui est l'exemple parfait du film qu'il fallait prendre sans réfléchir ! On était sûr de passer un bon moment avec la doublure de la doublure de Steven Seagal. Malheureusement, ce film n'est pas tout à fait ce qu'il semble être. Car tu viens de prendre la VHS (si si, ça existe encore !) de "Blade II" avec Wesley Snipes, mis en scène par l'orfèvre Guillermo Del Toro.
 
Le premier film Blade avait installé le personnage iconique et l'ambiance très hardboiled de la saga. Finis le côté old school des vampires! "Blade" apportait du sang neuf à grand renfort d'hémoglobine et de rage : ça allait gicler. Rien que le générique, façon western sous musique techno, vous flattait la rétine. Du lourd, c'était du lourd. Puis ce héros de blackxploitation, dans une attitude de "rien à foutre", le rendait automatiquement cool, et donc fascinant.


 


Le second volet est tout simplement plus frontal, avec un seul mot d'ordre : de l'action et rien que de l'action. Ainsi, l'histoire se résume à un banal film de commando sévèrement burné. Et le récit épuré permet à Del Toro de montrer l'étendue de son talent.
 
L'esthétisme y est soigneusement travaillé, aidé par les dessins préparatoires de l'artiste Mike Mingola. Les décors industriels et gothiques, aux teintes dorées, nous subjuguent dans un univers si sombre. Tout est filmé de façon à nous rendre le long-métrage très graphique, que ce soit la mort des vampires, les scènes de combat où les différents lieux. Le film ne cherche pas à donner dans le réalisme, et essaye de lorgner du côté de la bande dessinée. 



 


Mais là où ça claque sévère, c'est dans les scènes de baston. Le rythme ne s'épuise jamais, et les séquences hallucinantes et gores s'enchaînent jusqu'à un final M-O-N-S-T-R-U-E-U-X. Un montage sec, nerveux et pourtant très fluide rend les combats beaucoup plus intenses et viscéraux. Le réalisateur pioche dans sa culture manga et jeux vidéos sans que cela paraisse indigeste.
 
Passons la forme, et penchons nous sur le fond. Car, même si l'intrigue est simple, le réalisateur en profite pour approfondir l'univers de "Blade". Le héros, monolithique et poseur, est vu comme un junky qui refuse sa condition de vampire (il se shoote à base de sérum pour éviter de boire du sang). Puis, il y a cette tragédie familiale terrible qui change radicalement les relations entre les personnages. On dirait du Shakespeare (oui monsieur ! J'ose écrire ça !). Même si parfois, cela est amener de façon maladroite.


 
 
Et là, on commence à effleurer les défauts du film. Trop de choses sont maladroites. Déjà, les personnages secondaires ne sont pas assez développés.  La bande de ninjas vampires qui s'allient à Blade sont presque zappés. Alors que merde, il y en à un qui se bat avec une masse !! Bon il y a Perlman, majestueux, dans le rôle de l'ordure mais ça fait court. Et puis, il y a pas mal d'incohérences, ce qui brouille les relations entre les personnages. Relations qui sont d'ailleurs survolées. On sent que Del Toro s'amuse mais ne donne pas tout ce qu'il a dans les tripes. D'ailleurs, beaucoup d'intrigues seront réutilisées, et de façon plus approfondie, par la saga "Hellboy".
 
Que retenir de tout ça ? Généreux, c'est le mot ! Pour un film d'action bourrin, on en a pour son argent. Mais n'allez pas croire que le film ne se définit uniquement que sur sa violence. Auquel cas, on aurait droit à un banal actioner. Guillermo Del Toro lui donne une personnalité, par son travail sur l'esthétique, sur l'histoire et par son amour pour le cinéma ainsi que la culture du genre.

Bonus : Voici le lien pour aller l'apport créatif de l'artiste Mike Mignola sur le film.