Le matin, un petit café et un petit film
 
Robocop (1987)
Paul Verhoeven
 
 
"À l'aube de l'an 2000, Detroit est en proie au crime et à la corruption. Pour palier cette terrible situation, les services de police inventent une nouvelle arme infaillible : Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d'acier, qui a pour mission de faire régner l'ordre et la justice."
 
A lire un tel résumé, difficile de dire que l'on a en face de soi un monument du cinéma, et pas un production Besson... Et pourtant, le "Hollandais violent" nous livre une œuvre d'une puissance magistrale. Quand la violence se marie à un regard critique sur une société déshumanisée. Et c'est à coup de boutoir que Paul Verhoeven assène son discours politique ! Un cinéma sans concession : merci Paulo!
 
Dans une introspection des U.S.A. pendant les années Reagan, Verhoeven dépeint une Amérique au bord de la folie. Tandis que la froideur des immeubles toise les rues poisseuses, les yuppies rayent le parquet pour arriver à leurs fins. Tant pis si d'autres doivent mourir. Pourvu que l'argent coule à flots. Vision cynique d'un capitalisme exacerbé ? 
 
Et quand Paulo en rajoute une couche, c'est tout simplement jouissif. Le réalisateur mitraille à tout va les failles de la société américaine. Elle qui est accro aux armes, au pognon, à l'apparence et... Y a-t-il encore quelque chose à sauver ? Peut être notre âme...
 
 
 
 
 
 
Et c'est là qu'on reconnait le talent du réalisateur, d'insuffler dans un déluge de violence et de cynisme des enjeux dramatique forts. Murphy, jeune policier innocent est d'abord crucifié avant de ressusciter en tant que Robocop. D'homme, le voici devenu machine. Le monde entier le considère comme tel. On lui refuse le droit de rêver et d'avoir une conscience... Les salopards !
 
 
Mais à Robocop, on ne l'a lui fait pas. Et quand par hasard il arrête un de ses assassins, il décide d'explorer son passé. Celui de Murphy et non le sien. Et tout en essayant de rendre justice à Murphy, le cyborg va se découvrir une humanité. Robocop va découvrir que Murphy fait toujours partie de lui. La machine accepte son passé d'homme et l'identité de ce dernier. Comment au final Robocop se définit ? le réalisateur laisse la question en suspens. On assiste à un éveil et non pas à un réveil.

 

 


 
 
 
 
Mais ne croyez pas que tout devient rose, le cynisme de cette société reprend le dessus. Robocop est conscient de son statut de marionnette, mais les fils sont toujours là. Et la société reste dans sa folie immuable... Et Vlan ! Paulo te mets des claques. T'en prends plein les dents, surtout quand c'est bien filmé. Un astucieux usage de la contre-plongée permet d'obtenir un Robocop imposant. Le tout servi par un travail de photographie exemplaire. Le gris, couleur dominante, permet de symboliser le côté froid et lugubre de la société.
 
T'en redemande ? Avec Robocop, c'est : 50% homme, 50% machine mais 100% plaisir !!