Parler d'Hitler, c'est toujours limiter sa parole à un déversement d'insultes. Il est de bon ton de parler du "monstre" et l'on a comme l'impression qu'une remarque d'un autre ordre serait forcément prise pour un antisémitisme latent, un racisme camouflé. Pourtant, Hitler fut un homme, il fut surtout le tenant d'une idéologie (le pangermanisme : grande union des germanophones, désir de retrouver la Germanie de l'antiquité, etc.), une idéologie de la défaite puisqu'Hitler a perdu la guerre.

 

 Le Testament politique d'Hitler (Fayard)

Désormais dans le camp, et dans l'époque, des vainqueurs il convient de ne garder qu'une vision caricaturale et insultante d'Hitler. Alors que la IIème Guerre Mondiale est terminée depuis quelques décennies, les esprits ne semblent pas s'apaiser. Au lieu d'avoir accès à toutes les paroles, de lire le perdant dans le texte, on en reste aux intermédiaires zélés.

Pourtant, dans les années 50, le milieu de l'édition française semblait beaucoup moins fermé sur la question hitlérienne. Fayard publia Le Testament politique d'Hitler, aujourd'hui introuvable et non publié. Si l'on prend la peine de lire Hitler dans le texte, on découvre des positions étonnantes sur l'Islam (vision amicale) mais également sur la colonisation. Le chancelier allemand livre un propos que l'on pourrait retrouver aisément chez quelques écrivains de la négritude en colère. Jugez plutôt :

« Les Blancs ont toutefois apporté quelque chose à ces peuples colonisés, le pire qu'ils pussent leur apporter, les plaies du monde qui sont les nôtres : le matérialisme, le fanatisme, l'alcoolisme et la syphilis. Pour le reste, ce que ces peuples possédaient en propre étant supérieur à ce que nous pouvions leur donner, ils sont demeurés eux-mêmes. Une seule réussite à l'actif des colonisateurs, ils ont partout suscité la haine, cette haine qui pousse tous ces peuples réveillés de leur sommeil à nous chasser. Il semble même qu'ils ne se soient réveillés que pour cela. »