Bon, j'avoue.

J'ai *encore* recommencé une nouvelle partie de Dragon Age.
Oui, j'aime les RPGs.
Oui, j'aime Bioware.
Oui, j'aime les RPGs de Bioware.

Attention toutefois, mon affection n'est pas aveugle. Je suis parfaitement conscient des défauts de leurs jeux - l'un des premiers étant le respect presque scrupuleux des mêmes exacts clichés dans la quasi-totalité de leurs titres .

Mais tous les clichés ne sont pas forcément mauvais, quand on y pense. Certains jeux réutilisent les mêmes clichés justement parce que ces clichés sont intéressants ou amusants. Ceux qui sont familiers des RPGs japonais savent déjà à quel point ceux-là sont imprégnés de clichés au point que cela en devient des carcans.

Examinons alors, histoire d'en rire un peu, ceux véhiculés par les RPGs occidentaux.

Le combat en arène, ou l'amour des films de gladiateurs

Ah, l'arène... ou le colisée, ou ce que vous voudrez du même genre.
Souvenez-vous de KOTOR, de Jade Empire, de Neverwinter Nights 2, d'Oblivion, de Fable, Fable 2 et Dragon Age - tous proposaient une séquence de combat en arène. Vous devez encore entendre les clameurs de la foule, vous souvenir des combats haletants qui y eurent lieu - sans vraiment jamais avoir vu les spectateurs.

Et la plupart du temps, vous entendiez un commentateur, métaphore de Thierry Roland ou de Guy Lux, blablatant sur vos actions sans jamais le voir lui aussi, entendant clairement sa voix alors qu'il n'y a aucune technologie de micro ou d'enceinte... (Souvenez-vous en particulier de la séquence de Fable 2 où vous passiez d'une salle à une autre avec les intermèdes entre chaque !)

De fait, le thème du combat en arène est devenu une obligation (mes joueurs de Donjons & Dragons ne le nieront pas) tellement il est populaire. Après tout, nous avons été élevé avec les Chevaliers du Zodiaque et autres Dragonball, fictions où les tournois et combats en arène sont la norme narrative. Et quand on y pense, c'est beaucoup de possibilités de gameplay qui peuvent être obtenues à partir d'un combat dans un simple espace clos. Mieux encore, cela vous permet de mettre en scène des combats autrement complètement saugrenus sans avoir à vous justifier : des pingouins, des émeus, des élphants, des pieuvres géantes combattant ensemble ? Pas de souci, ils ont été entraînés spécifiquement pour ça ! Vive l'arène !

Etre capturé

Cela peut parfois être assez frustrant (comme dans Fable) : après tout, personne n'apprécie voir son personnage se rendre face à une bande de sbires de seconde zone en une simple cinématique. Mais si le jeu parvient à justifier votre emprisonnement, cela peut devenir très amusant, en proposant une coupure dans le gameplay, de style grande évasion. Vous pourrez à la fois en apprendre plus sur les méchants, voire rencontrer le big boss, tout en affrontant des combats plus difficiles (puisque vous êtes privé de votre équipement jusqu'à votre évasion).

Sauver le monde... un jour peut-être

Le big boss est peut-être sur le point de réussir dans sa conquête du monde mais pas de souci ! Il sera toujours assez poli pour attendre que vous soyiez prêt à l'affronter avant de conclure.

En effet, les jeux imposant une limite de temps ont un gros défaut : lorsque le temps imparti s'est écoulé, votre sauvegarde est fichue, et vous n'avez pas d'autre choix que de recommencer. C'est assez ennuyeux et comme il est assez souvent difficile de prévoir combien de temps durera le jeu, la plupart des joueurs n'aimeront pas se sentir pressés à avancer, au prix de renoncer à des quêtes secondaires. Je me souviens encore du premier Fallout et de sa limitation de jours, quelle frustration !

L'un des principaux intérêts des RPGs est de pouvoir explorer un monde vaste et inconnu pour y faire une tripotée de quêtes secondaires - sans avoir de compte à rebours nous trottant derrière la tête. Un bon scénario vous donnera l'impression que votre mission est urgente sans avoir à fixer une limite de temps avant la fin du monde. Cela peut paraître complètement absurde mais il est agréable de se dire que l'on peut librement se ballader et visiter l'univers de jeu pour s'y amuser autant que l'on veut avant de poursuivre et voir ce qui se passe dans l'étape suivante de l'histoire.

Des pièges comme neufs

Je n'avais que huit ans et je trouvais cela déjà stupide. Réfléchissez, quand vous laissez votre vélo ou votre voiture dehors pendant dix ans, le truc va s'abimer, que vous le vouliez ou non.
Eh bien dans les RPGs, les mécanismes fragiles et précis qui actionnent tous les pièges qui parsèment les couloirs des donjons ne tombent, eux, jamais en panne. Ils ne s'usent jamais et se déclenchent toujours parfaitement : les lames ne rouillent pas, les ressorts ne cassent pas, les cordes ne s'usent pas. C'est stupide.

Et encore, je ne vous parle même pas des torches qui semblent brûler éternellement. Et puis, qui diable les a allumées alors que vous devez être le premier aventurier à vous aventurer dans ces ruines depuis des siècles ?

Mais on s'en fout : l'explorations de vieilles ruines et autres tombeaux est beaucoup trop amusant.

C'est moi qui doit tout faire par ici ou quoi ?

"Bienvenue à toi, Etranger. Notre roi a été emprisonné, la princesse a été kidnappée, le puis a été contaminé, le pont de bois est cassé, les champs sont attaqués par des loups, nous avons perdu tout contact avec le monastère, les marchands font des trucs bizarres le soir, les ouvriers sont en pleine révolte, l'auberge est infestée de rats géants, il y a des morts-vivants dans le cimetière, le port est en quarantaine, notre temple a été maudit, certains de nos gardes sont corrompus, un sorcier maléfique enlève de jeunes vierges pour les sacrifier, la prochaine caravane de vivres est en retard, le Duc se comporte de façon étrange ces derniers temps, un horrible barde ennuit tout le monde sur la place du marché, des gobelins ont envahi notre réseau d'égoûts, une organisation criminelle inonde nos rues d'une nouvelle drogue, un artefact très puissant a été volé... Ah et la Mère Michelle a encore perdu son chat. Si vous pouviez régler tout ça pour demain, nous vous serions très reconnaissants."

"Heu, bonjour ?"

Ok, après tout ça, quels clichés ai-je pu oublier ? Aidez-moi à me souvenir, ce serait gentil.