Plongez cette semaine dans l'univers de la bd avec N.R, auteur qui vient de sortir il y a quelques moi son premier receuil aux éditions Lapin. Musicien prolifique, N.R est avant tout un dessinateur qui a crée un univers atypique. Son travail dans La dissonance des corps est d'une variété impressionnante et pourtant toujours cohérent.
Rencontrer N.R, c'est rencontrer un artiste furieusement décalé, c'est
assister à de l'inattendu. Mais c'est surtout intéressant, la preuve...

A: Dois tu faire des concessions dans la narration ? Quelles sont tes astuces ?

N.R : Il n'y a pas d'astuce. ça va dépendre de l'idée. Il faut avoir un
minimum d'esprit de synthèse, (que ce soit pour une narration longue ou
courte, sauf si tu veux faire du Tolkien), l'idée dans mes projets c'est réussir à avoir le moins de mots possibles (et c'est le cas chez
beaucoup d'auteurs du "genre" et là je pense à des gens comme Navo de la Bande Pas Dessinée, Glen Baxter, un collègue  extraordinaire, ou encore Nicholas Gurewitch... Tiens, et puis Yoda, du Yodablog,
évidemment), et une composition efficace. Une image claire, compréhensible en moins
de deux secondes. Les concessions se font par rapport à l'idée, et au
type de projet.

Exemple :
Une mouche.
Je veux une blague bien conne avec une mouche.
Je réfléchis deux secondes. Là je vois une mouche qui passe par l'oreille d'un type et qui ressort par l'autre.
Le gars prend une tapette et frappe son oreille. Il a mal. ça nous fait minimum deux cases.

Eh bien il n'a qu'à directement taper son oreille, et là ça évolue il tape plein de fois son oreille (toujours en une image), et de l'autre
sortent plein de mouches.Plein plein plein.
Une légende en-dessous : "C'est là Gérard se rendit compte que les mouches qui rentraient dans son oreille n'étaient jamais ressorti par l'autre."

Bon voilà. ça nous fait un truc à moitié drôle, mais bien con, sans en
faire des masse (sauf pour le nombre de mouches, mais la démesure, ça
rend bien). Et encore, il y a trop de mots à mon sens. La voilà la
concession ici.

Le nombre de concessions dépendra de la complexité de l'idée.
(ici l'idée n'était pas juste "la mouche" hein, mais de "la mouche" est né l'idée de la mouche qui passe par une oreille.

 

A: Quelles sont tes principales sources d'inspiration ?

N.R: Mes sources d'inspiration sont multiples. Je m'inspire du réel, et je
le martyrise. C'est infini. Et ça l'est encore plus si on considère les
rêves, l'imagination et les hallucinations comme faisant partie
inhérente du réel. Après il y a des "compartiments". La nature
m'inspirera pour certains projets. Les hommes pour d'autres. Les objets
pour d'autres encore. C'est infini.

Et évidemment, pour ce qui
est des influences, je vais pas faire une liste hein, mais disons que
tout ce qui ce même principe de décalage en substance, pourra
potentiellement m'inspirer. Et même les trucs bas de plafond. Ça peut.

En résumé, le cinéma m'inspire, ta femme m'inspire, l'alcool m'inspire, la poésie contemporaine m'inspire, la musique de Rubin Steiner m'inspire, les vieilles pierres m'inspirent, l'aspirateur m'aspire.

 

                                              La suite ici