Mamie m'a toujours dit : « faut pas gâcher ! ». Et je crois que ma grand-mère connaissait le boss d'EA Sports, parce qu'après un Euro 2008 mi-figue, mi-raisin et mi-tigé, c'est la licence Coupe du Monde qui est attendu au tournant. EA a raté la licence Champion's League, mais fait fructifier les licences internationales avec joie. Les équipes nationales reviennent donc en force, et en nombre, dans vos salons le 28 avril prochain ! Alors, « gros patch estival 70 boules DTC » ou quasi-FIFA 11 ? Escroquerie sous couvert de strass et paillettes ou révolution du ballon rond ? Preview sans langue de bois, parole de l'UMP.

Un Happy Meal pour moi

Sur une version quasi-définitive, les membres de WaP ont pu jouer des coudes pendant presque 4 heures, alternant sessions sur 360 et sur PS3. J'y reviendrais d'ailleurs. Ne tournons pas autour du vase, et entrons dans le vif du sujet. Car oui, le saviez-vous : Le Malawi est un État situé en Afrique australe, entre le Mozambique, la Zambie et la Tanzanie. Désolé, mais c'est ce genre d'anecdote qu'EA vous donne à lire lors de chaque chargement. Et autant dire que si vous êtes analphabète, ça ne posera pas de problème, les temps de chargement étant plus longs que dans l'édition précédente. Au rang des changements de l'interface, abordons également la disparition de l'arène au profit d'un menu oldschool aux couleurs de l'Afrique du Sud 2010 et floqué de la magnifique mascotte de la compétition. Au menu : Match rapide, Coupe du monde, Devenez Raymond, Entrainement et le petit nouveau, le monde Scénario. C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure confiture, et EA a utilisé la formule efficace initiée les ISS et FIFA des 90's. Préparez-vous à revivre France-Irlande depuis la 103ème minute, côté irlandais, avec prise en compte des cartons et de la fatigue. Des objectifs primaires et secondaires agrémentés d'un système de points enrobent le tout. Tournant uniquement autour des qualifications pour cette Coupe du Monde, on a aperçu 17 scénarios différents en Europe, et une petite dizaine pour chaque continent. De quoi tenir en haleine les fanas de suspens et du mode Solo.

Vous avez également noté le changement de méthode concernant la sélection des équipes, enfin presque-changement, puisque l'ancien système manuel par ordre alphabétique fonctionne toujours. Notre chère planète bleue est donc guest star dans ce menu, pour le bonheur de Yann Arthus-Bertrand et le malheur des gamers. Libre à vous de surfer avec votre stick droit, révisant votre géographie et endormant vos collègues. En effet, vous devez attendre que votre pote ait choisi une équipe pour avoir le droit de choisir la votre. En patientant, vous pouvez tout de même le gêner touchant votre manette, mais sans pouvoir sélectionner votre équipe. Comment le tout fonctionnera online ? Pas de réponse pour l'instant. Vous attendiez des améliorations dans le menu formation peut-être ? Repassez dans 6 mois, merci ! Pire, la version présentée proposait un bug concernant le raccourci pour faire défiler ses joueurs rapidement, vous savez le coup de stick à droite pour aller en bas, ou à gauche pour remonter sur les titulaires. Allumez un cierge pour la version définitive, ou apprêtez vous à perdre environ 2 secondes de votre importantissime vie à chaque fois. 
Au niveau de l'ambiance, rassurez vous, c'est du grand art : une mise en scène canon, des hymnes en veux-tu en voilà, des visages enfin proches d'un passeport biométrique, un public qui réagit à la moindre tentative de frappe, des stades qui vivent enfin (le retour à FIFA10 est choquant de ce point de vue). Là, un presque sans faute.

Je vous sens emballé là, chaud, les mains moites sur la roulette de votre souris, et bien rassurez vous... Ce n'est pas fini. Attaquons la dissection en bonne et due forme du gameplay. Désolé d'avance.

Le coup de la savonnette

Après un FIFA10 très convaincant, et presque équilibré en full manuel, il nous tardait surtout de savoir si les canadiens avaient effectué des corrections majeurs sur le gardien de but. Oui, plèbe médusée que vous êtes, le gardien ne sort plus automatiquement comme un lobophile. Il est plus réactif, moins kamikaze sur les incursions adverses balle au pied... quoique. On a tout de même noté de nouvelles tares à mettre à son actif, à commencer par cette satanée manie qu'il a eu 3h durant à relâcher un nombre incalculable de frappes de loin. La faute à ces missiles beaucoup plus soudains et moins flottants ? Peut-être. Le fait qu'on évitera peut-être les frappes-lobs irréalistes de 40m mais on en profitera pour accueillir un nombre irritant de corner. Et ce n'est pas Lucio qui me contredira, lui qui a joué le B52 avec ses polonais, bombardant allégrement mon portier ukrainien aux gants vaselineux. Concernant ces corners, il y a du mieux, les effets sont légèrement moins prononcés, fini les balles qui touchent le ciel et retombent, bénites, sur la tête ou la poitrine d'un attaquant. Idem pour les coups de pied arrêtés où les jauges ont été modifiées. Loin de moi l'idée de garantir l'absence de bugs sur le long terme, mais au moins les anciennes techniques semblaient périmées. Continuons avec ces jauges, qui ont subit un petit lifting : plus clairs, plus grosses et morcelées en 4 parties distinctes, fini les excuses. Surtout que le fameux bug de la passe manuel en première intention était aux abonnés absents. Alléluia. 

Il semblait également y avoir plus d'amplitude dans le calibrage des jauges, difficile à expliquer, mais le faible pourcentage de passes réussies lors de nos sessions attesté ce sentiment (environ 60 % avec Lucio et moi). Un nombre certain de transversales sont allées mourir en touche, et le tir enroulé, tant décrié, semble lui aussi y être passé. Là encore, à prendre avec des pincettes, mais le fait est qu'il ne suffît plus de se trouver dans un coin de la surface, peu importe le pied et la jauge, pour tuer le gardien, est agréable. La physique de la balle y est sans doute pour quelque chose, nettement moins flottante donc, mais il semble aussi que les bons pieds des joueurs entrent plus en compte, tout comme l'élan et les stats. Bon point pour ce paragraphe FUMA, les développeurs semblent continuer de prendre en compte notre communauté.

Show must go on

Attaquons maintenant les choses qui fâchent, avec en premier lieu, la défense. Alors là, à titre personnel, j'ai été très surpris. Fini l'hégémonie du pressing carré, l'IA de vos joueurs semble moins automatique, à un point surprenant parfois où elle laisse passer des ballons qui lui tendent le pied. Rageant, surtout quand on a l'impression de se retourner moins vite sans ballon qu'avec, sans parler de la feinte de tir toujours aussi rapide (si ce n'est plus). Le skill dribbling a lui été revisité gentiment, la posture, quand elle est maintenue, est plus naturel : le ballon proche du pied, la démarche moins ridicule. Dans le rayon feinte, une notera l'ajout de quelques enchainements bienvenus, mais surtout une fluidité accrue : il est désormais possible de faire une vrai Jay-Jay Okocha en pleine course, et pas seulement à l'arrêt (comme au début de tous mes matchs personnellement). Vous l'attendiez la bave aux lèvres, il est arrivé avec ce FIFA WC : le contrôle de la poitrine ! Comme souvent quand il s'agit d'animation, EA Sports n'y va pas avec le dos de la cuillère morte, et certaines sont juste splendides. Néanmoins, ne vous attendez pas à pouvoir orienter facilement la hauteur et l'angle du contrôle comme à la grande époque de Konami, c'est plutôt aléatoire et scripté, mais en général, ça reste salvateur et cela fluidifie grandement l'ensemble.

Plus gênant maintenant, avec la fâcheuse tendance des joueurs à enchainer les talonnades et autres passes dans le dos, version freestyle, à petite vitesse. C'est sympa la première fois, le temps d'admirer l'ajout de nouvelles animations. A la fin, ça fini en FIFA Street et on sombre dans le ridicule. Au rang des joyeusetés inutiles, l'ajout de la passe du dos, réalisée 2 fois par Roni en 110 ans de football (WTF ?!) ou la montée en puissance de la reprise de volée Luis Fernandez, omniprésente durant notre play test. Vous savez, la célèbre reprise si foireuse, imprimant un effet Olive et Tom et sortant n'importe quand. Oui, c'est bien elle. Et bien, vous en reprendrez bien un petit peu, non ?

Pour vous achever comme il se doigte (comme on dit chez WaP), je tenais à vous évoquer les soucis de curseur qui m'ont hanté durant la soirée. A plusieurs reprises, je me suis appliqué à lancer une balle en profondeur en bas du terrain... pour finalement me retrouver affublé de l'attaquant opposé. Obligé de passer par le stick droit pour trouver l'attaquant le plus proche du ballon et aller au pressing, puisque l'attaque était perdue. Grandiose. Et n'oublions la mascarade du corps arbitral, alors que FIFA10 a réussi un sans faute, ou presque, sur ce point, EA a réussi à déséquilibrer son système. Oui, dorénavant, les poussettes et obstructions sont sifflées dans la surface. Je ne vous raconte pas le bordel et les situations rocambolesques auxquelles on a eu droit. De la poussé de stick qui fini en péno, au dragback-poussette à 2km/h qui se termine en tête à tête face au gardien, le tout se solde par une retouche aussi inutile qu'incongrue. Enfin, peut-être pas tant que ça, EA avait surement en tête de faire profiter les joueurs de son nouveau système de tir au but. 

Là par contre, c'était une modification inattendue qui se transforme en bonne surprise. Mixe réussis entre le système de FIFA10 et celui de PES2010, un passage par le mode entrainement s'avère indispensable. En résumé, un jauge de stress s'affiche en bas du nom de votre joueur, balayée par un icône, celle-ci présente une partie verte au centre. Une pression sur :carré: vous permet d'arrêter le tout le plus au milieu possible, suivant les joueurs, le timing est plus ou moins évident, puis vous devez jauger et viser assez rapidement. Avec le stick, vous avez très peu de temps pour choisir un côté, une cible invisible part du milieu du but et c'est à vous d'arrêter la pression sur le stick pour la placer au mieux. La jauge définira la puissance, plus vous jaugez, moins ce sera facile de viser, cette « cible » sera plus grosse. Des vidéos arrivent d'ici peu pour comprendre tout ça, mais sachez que le concept est très bon et vraiment équilibré. Finissons sur un troll, on a dit pas de langue de bois, avec la différence notable entre les versions 360 et PS3. Après de multiple match sur PS3, il convenait de tester la version 360 sans s'attendre à de grands chamboulement... et là, viol de la rétine. Ou plutôt, du framerate, très supérieur sur 360, dans une mesure presque désagréable. Ah, et au passage, j'ai faillis oublier, mais la différence entre la vitesse Lente et Normal est beaucoup moins marquée que sur FIFA10. Posez cette corde et ce tabouret !

L'addition

Après plus de 3 heures de jeu, ce FIFA WC apparait comme un jeu batard, le cul entre deux chaises. On peut comprendre cette situation, son développement étant situé au milieu de FIFA11, mais les choix de game-design peuvent surprendre. L'avantage semble nettement en faveur de l'attaque, avec des défenseurs en fauteuil roulant, des frappes surpuissantes, des pénaltys aisés, des passes déconcertantes, etc. mais paradoxalement, il se peut que le jeu soit une bonne base pour FIFA11. On ne peut pas jeter la pierre en voyant EA jouer le grand spectacle pour ce FIFA Nelson Mandela, on espère simplement que des ajustements mineurs viendront corriger ces impressions sur FIFA 11. Néanmoins, je préfère rester prudent, car quand je vois la différence entre les démos de FIFA09 ou 10 et les jeux finaux, je me dis qu'il conviendrait mieux d'attendre la version commerciale avant d'enterrer cette itération.

On en profite pour remercier EA France et Thomas pour cette invitation, le lieu était superbe, l'organisation grandiose, avec largement assez de consoles et de manettes, le buffet à volonté magiques et original, et enfin la serveuse du goût de Krypt (et de tous les males de l'audience). GG EA.

Kalexo de WEarePES.com