L'année
passée, nous avons eu l'honneur de recevoir Frédéric Mitterrand chez Ankama. A
cette occasion, il avait formulé le vœu d' « Encourager la conservation du
patrimoine vidéo-ludique, stimuler la création par un soutien adéquat aux
entreprises et renforcer la formation et l'éducation à ce média
 ».

 

Hier, lors
des vœux à la presse, le ministre de la Culture et de la Communication a
renouvelé ce vœu :

 La création visuelle, c'est aussi le continent immense des jeux
vidéo. Je souhaite que mon ministère renforce son action en faveur de ce
secteur très créatif, dont la filière doit être encouragée et consolidée. Une
réflexion de fond sera menée sur le statut juridique du jeu vidéo, qui est
aujourd'hui incertain et mal défini. J'ai demandé qu'on étudie la mise en place
d'un fonds de garantie pour le jeu vidéo, comme il en existe pour le cinéma. Il
permettra d'accompagner les investissements, notamment des petites entreprises indépendantes.
J'ai pu observer la qualité de la vitalité de ce secteur lors de mon
déplacement à Valenciennes. Je sais que de nombreux jeunes créateurs de jeux
vidéo partent à l'étranger une fois leurs études terminées : c'est une chance
mais aussi un gâchis et je souhaite faire davantage pour qu'ils puissent
travailler et créer en France.

L'ambition
numérique doit être placée au service de la diversité culturelle. Pour ma part,
je suis convaincu que la création et la diffusion des oeuvres relèvent du domaine
des « investissements d'avenir ». La révolution numérique nous offre une chance
historique d'en démultiplier les effets, par les opportunités qu'elle offre de
rapprocher la création de ses publics.

(lire le discours complet)

Si on attend toujours des résultats
avant de crier victoire, il est tout de même rassurant de voir une telle
initiative, à moins qu'il ne soit déjà trop tard ?

Pour travailler dans le milieu et
avoir beaucoup d'amis qui y travaillent aussi, je peux vous assurer qu'il
existe un vrai sentiment de délaissement des politiques à notre égard. Si l'ère
de la dématérialisation n'avait pas permis à de nombreux petits studios de voir
le jour et/ou de subsister, l'état de l'industrie vidéoludique française serait
aujourd'hui vraiment morose.

Les studios de l'hexagone capables de
sortir des titres AAA se comptent sur les doigts d'une main, alors qu'au
Canada, des méga structures de centaines d'employés ouvrent et recrutent à
tours de bras. Tout cela évidemment grâce aux subsides qui en plus de rendre la
création d'entreprises plus simple permet aux boîtes canadiennes de proposer
des salaires bien supérieurs.

Et même si on ne travaille pas dans le
jeu vidéo pour devenir riche (un programmeur de JV peut trouver sans problème
un job dans une banque où il sera payé au moins le double), il faut bien se
rendre compte qu'avec cette fuite de talents vers l'étranger, les projets les
plus intéressants se trouvent désormais outre-Atlantique !

Et en plus ils ont Jade Raymond, dificile de résister à l'appel du Canada.

Les fameux « investissements
d'avenir »  ont été faits il y a des
années au Canada et apportent déjà leurs bénéfices au pays. Et je ne parle pas
des écoles et formations dont ils disposent qui viennent enfoncer le clou.

C'est une image certes assez sombre
(je n'oserai pas dire « alarmistes » tant il y a déjà nombre de gens
qui  tiennent ce discours depuis des
années en France) mais à côté de cela nous avons des raisons de croire que tout
n'est pas perdu :

La France et l'Europe ont toujours eu
la cote à l'étranger du point de vue de la créativité et le niveau de vie y
reste souvent excellent, ce qui fait que de nombreux professionnels y restent
encore (sans compter qu'il est dur pour beaucoup de quitter ou devoir déménager
avec la famille). Il faut juste espérer maintenant du concret côté investissements concrets et
aides de la part de l'Etat pour enrayer la fuite des talents et la
délocalisation de nombreux studios qui pourtant sont nés en France.