Tout le monde connait Batman, Dardevil, mais peut-être
moins l'artisan qui a très brillamment  su réinventer et sublimer leur concept en leur insufflant, noirceur et maturité.

Petit retour sur l'un des meilleurs scénariste de ça génération.

Né dans le Maryland, Frank Miller grandit à Montpelier dans le Vermont. Il découvre très tôt sa vocation de dessinateur de BD. Surdoué, il part à
New York à 19 ans, en 1976 et est très vite engagé comme dessinateur
chez Marvel Comics puis DC Comics, les deux plus prestigieux éditeurs de comic books américains.

Il fut "le pére" de Daredevil, série dont il ne tarda pas à devenir aussi
le scénariste. Le passage de Miller sur Daredevil fut salué par le
public et par la critique. Il créa le personnage d'Elektra et mit en
place de nombreux éléments dans l'univers de l'homme sans peur que l'on
peut retrouver, entre autres, dans le film de 2003. L'époque Miller de
"Daredevil" dura le temps de 42 épisodes qui redéfinirent radicalement
non seulement le personnage mais l'ensemble de la production Comics des
années 1980. Le summum étant atteint par le cycle "Renaissance" (Born
Again) écrit par Miller et dessiné par David Mazzucchelli en 1985.

On explique souvent le choc que représenta le travail de Frank Miller sur
Daredevil par la maturité du scénario. Il est vrai qu'avec Miller,
Daredevil changea d'univers. Son histoire avec la Veuve Noire, qui fut
l'un des points culminants de ses aventures dans les années soixante-dix n'en finissait plus de s'étirer, et l'arrivée de personnages nouveaux
fut de ce point de vue une vraie bouffée d'air pur.

Il a 29 ans quand il crée The Dark Knight Returns où il imagine un Batman
vieillissant et psychopathe. Il dit d'ailleurs s'être inspiré de sa
propre crise de la trentaine pour imaginer cet ouvrage. Son univers
noir, cynique et violent se met déjà en place. Marqué par les films
noirs américains, et l'expressionnisme, il invente un graphisme inédit
et brutal. Le succès est au rendez vous. Il écrit et dessine très vite
la suite : The Dark Knight Strikes Again.
En plus de travailler sur les personnages des grandes compagnies de
comics, Miller a créé ses propres séries : les séries de science-fiction Ronin, Martha Washington avec Dave Gibbons et Big Guy And Rusty The Boy Robot et Hard Boiled avec Geoff Darrow, les séries de l'univers roman
noir de Sin City ou la série historique 300.

Frank Miller a aussi écrit quelques scénarios pour le cinéma, en particulier
ceux de Robocop 2 et 3. Il a co-réalisé avec Robert Rodríguez
l'adaptation grand écran de Sin City en 2005. Il prépare actuellement
Sin City 2 pour le cinéma.

En 2005, il lance sous le nouveau label All-Star de DC, la série All-Star
Batman and Robin The Boy Wonder, dessinée par Jim Lee, mettant en scène
la formation de Robin par Batman. Bien que située en dehors de la
continuité officielle du personnage, elle s'intègre selon ses propres
dires dans le cadre des aventures de Batman qu'il a écrites, en suite à
Batman : Année Une, un arc de la série Batman (#404-407, 1987) illustré
par David Mazzucchelli traitant des débuts de Batman.
Mais les qualités graphiques de Miller vont aussi avoir une importance
considérable dans ce succès. Très rapidement, le trait perd la lourdeur
d'à peu près tous les comics de l'époque. Le cadrage et la mise en scène des corps sont en rupture de façon plus marquante encore. Ce renouveau
graphique est en partie l'effet de l'influence que le manga a exercé sur Miller. Le découpage, qui confère aux mouvements une lisibilité
inconnue, ou les angles de vue sont marqués par cet héritage du manga.
De manière évidente, l'introduction d'un grand nombre d'éléments
japonisants (la secte ninja "la Main", les saïs d'Electra,etc.) montre
l'attachement que Miller éprouve pour la culture japonaise. La série
Kozure okami de Kazuo Koike et Goseki Kojima a tout particulièrement
marqué Miller, dont le Ronin peut être vu en partie comme un hommage. Il contribuera fortement à sa publication aux États-Unis sous le nom de
Lone Wolf & Cub (il a d'ailleurs dessiné les couvertures de
l'édition américaine, reprises dans l'édition française).

La série Sin City prouve de manière éclatante la qualité graphique du
travail de Miller. Entièrement réalisé en noir et blanc (à l'exception
de l'utilisation occasionnelle du jaune, du bleu et du rouge, chacun
dans un volume différent), Sin City est d'une ambition formelle
extraordinaire. La série est récompensée par 4 Will Eisner Award et
Frank Miller reçoit pour le premier, en 1993, le prix du "Meilleur
dessinateur/encreur pour une publication en noir et blanc", ainsi que
celui du "Meilleur scénariste/dessinateur".