Pour le premier article de la catégorie du Métal dans les veines, je ne pouvais que commencer que par lui. Lui c'est le titre parfait par excellence du genre que j'affectionne le plus et qui est le Métal progressif. Et lui eh ben il a un vrai nom autre que l'itération d'œuvre divine.

Il s'appelle Octavarium et il à été écrit par Dream Theater en 2008 sur l'album éponyme. Pour les connaisseurs du genre, Dream Theater, ou DT pour les intimes est un groupe chevronné et pionnier dans la catégorie métal progressif. Adepte de titres souvent longs, à la technique  aiguisée et à un sens de la composition labyrinthique sans être indigeste.

Je manque cruellement d'objectivité mais ce titre est vraiment très bon. Octavarium est un titre qui dure 24 minutes et 1s (si je le souligne c'est que je trouve cette dernière seconde est très importante à mon goût). Le thème de ce titre pourrait être la descente d'un homme dans le coma qui descend de plus en plus dans les limbes de son propre subconscient. En passant différents pallier de cette chute inexorable dans son for intérieur, le groupe va accompagner tout en musique l'état de déchéance psychique de notre homme malade.

Pour débuter cette démonstration, la chanson commence par des nappes de son électronique chromatique qui diffère de deux à trois notes. Graduellement, les musiciens amènent une mélodie de plus en plus précise jusqu'à que tous les instruments du métal démarrent doucement en récupérant cette première phrasé de musique. A partir de là le chanteur va exposer dans ce premier paragraphe de lyrics les regrets et les espérances non accomplis d'un personnage que l'on pense être dans le coma. Ce début de chant va clore un premier état pour aller vers la deuxième étape.

Toujours dans un registre très calme, ce second couplet est accompagné par une guitare acoustique preuve que le titre va chercher à atteindre un point culminant de violence propre au métal. Accompagné d'une ligne de piano, quelques coups de basses et une batterie presque timide, le chanteur nous partage sa douleur de cet état végétatif. Observé par son médecin, le malade ne cesse de se plaindre de son état végétatif. Le texte narre l'envie irrépressible du sujet de sortir de sa maladie. Soigne-moi, sauve-moi préfigure le champ lexical des paroles de cette partie du titre. Il semblerait qu'il ressente toujours ce qui se passe autour de lui sans que personne à son chevet n'arrive à entendre sa complainte. Les dernières brides de conscience s'amenuisent pour ne plus jamais revenir à cette étape de ce majestueux titre de métal progressif bien loin des thèmes récurrent du genre.

A la sortie de partie de la chanson, le groupe qu'est Dream Theater va rependre ses droits. Jordan Rudess le claviériste virtuose du combo va livrer un solo de synthé exceptionnel. Insolant de technicité, montant graduellement en intensité et vitesse, ce solo marque une rupture dans le titre. Basé sur une ligne musicale qui reviendra assez souvent dans le solo, celle-ci va peu à peu se déformer grâce à la technicité du musicien. La capacité à transformer une ligne musicale de base par la technique, le sens aigu d'une structure labyrinthique va rendre ce solo complètement fou tout en restant très agréable à l'écoute. Un pont vers le cœur du titre, une ouverture vers le métal prog qui va suivre.

 

Une vraie scission vient de se faire. Les canons du métal va satisfaire ici tous les férus du genre. Le titre s'accélère intensément. Tous les instruments donnent de leurs prestations dans un riff violent.  Le chanteur y va aussi de sa patte, sa voix est plus agressive. Notons tout de même un décalage thématique dans les paroles. Ici le texte n'est fait que de jeux de mots en rapport avec des titres de métal ou de références à des groupes de rock célèbres. Inattendu mais bienvenu. Cela aurait peut-être été indigeste de parler de l'état d'inconscience du malade.

Les adeptes de métal prog vont ici être servis. Les aficionados de riffs bizarres, du sens de la composition exigeant en auront pour leurs comptes. On entre dans le cœur du métal progressif ici par un passage technique solidement composé, fait de riff de guitare incessant, de ligne de synthé folle, de basse mitraillette de break de batterie dignes des meilleurs musiciens. Mais point de solis ici, qui par de leurs nature sont aboutis, propres et audacieux. On subit un passage de délire technique, fou, déjanté presque psychédélique sans repères. L'auditeur est largué dans une séquence burlesque, sans répétition pour l'aider à mémoriser un riff anodin. Sommes-nous devenus le patient qui chute dans les limbes de sa psyché ? Sommes perdu dans la bizarrerie de notre conscience ? L'auditeur est-il mis à mal dans ce maillage de musique ? Non car Dream Theater est un groupe très aguerris. Ce que l'auditeur moyen perçoit comme du n'importe nawak, le métalleux comprend qu'on nous offre un passage magnifiquement composé. Que chaque note est logique par rapport à la suivante et qu'elle conforte la précédente.

Après cette traversée dans l'étrange, Octavarium va nous asséner le coup de grâce. La guitare de John Petrucci nous propose un riff grave et répétitif par amener dans le piège inexorable de l'Octavarium. Le chant déclare un hommage aux huit titres de l'album dans un couplet où la voix va s'accentuer en agressivité. D'abord en chuchotement, les phrases vont monter en puissance pour arriver au paroxysme du titre. Jusqu'à ces hurlements de la formule '' Trapped Inside This Octavarium !!!'' beuglée quatre fois dans une violence effrayante.

Le titre ce termine enfin sur une éventuelle salvation du sujet. Escorté par un des violons qui semble sortir de nulle part, le groupe va clôturer la chanson par un solo de guitare de haute voltige, montant dans l'intensité de l'émotion, à la frontière entre la ballade et le solo de bravoure. Enfin, quand tous les instruments et l'orchestre finissent leurs œuvres, un unique et solennel fa dièse au piano met un point d'honneur à ce titre à la dernière seconde.

24 minutes et une seconde. Une seconde qui est la porte de sortie pour l'auditeur et le malade. Une seconde qui casse le groupe des 24 minutes précédentes. Le titre se trouverai trop hermétique, perfectible si il aurait duré 24 minutes (est-il nécessaire de noter que 3 fois 8 est égale à 24). Cette dernière note et seconde réveille le malade et donne l'illusion à l'auditeur que le piège de l'Octavarium n'est pas infaillible.