Je crois que je n'ai jamais autant eu l'impression de jouer à des jeux adultes et en phase avec notre société que depuis cette génération. Il n'y a qu'à voir la diversité des thèmes abordés et la maturité qui se dégage des productions de ses sept dernières années pour se rendre compte que le jeu vidéo est devenu un art. Un art où chaque univers est unique et où la création a enfin pris le pas sur l'aspect purement marketing. Elle est loin l'époque où l'on voyait fleurir des GTA-like ou des jeux de plate-forme à mascotte et où chaque tendance engendrait une flopée de titre calqués sur une même recette. Aujourd'hui, difficile de trouver un seul point commun entre Call of Duty : Black Ops, Gears of War, Metro 2033, I Am Alive, Motorstorm : Apocalypse, Darksiders, Left 4 Dead, Rage, Fallout 3, Resistance, Prototype, DayZ, Borderlands, The Last of Us, Infamous, Dead Light, Dead Island, Crysis 2 et 3, Dead Rising, ZombiU et... enfin je veux dire à part le fait que ça se passe dans un monde tout cassé (post-apo souvent), "tro dark" et peuplé de streum/zombie/infectés. Car si mature veut dire héros badass et univers en proie à la destruction, on est sur la bonne voie.

 

Même morts, ils continuent de faire chier les vivants

Alors bien sûr que le but de mon post est de forcer un peu le trait, mais il suffit de prendre un poil de recul sur les productions de la génération précédente pour se rendre compte que l'on tourne toujours un peu autour des mêmes choses. Il y a tout d'abord cette mode du machin à moitié mort, à moitié con, mais super pratique pour faire dans la tripaille : le zombie. Et là on se rend compte que les développeurs se sont fait plaisir ces derniers temps. Dead Space, Dead Rising, Dead Light, Dead Nation, Left 4 Dead, Dead Block, Dead Horde, Touch the Dead, Walking Dead, Dead Pixel, Rock of the Dead, Yakuza : Dead Soul, Red Dead Redemption : Undead Nightmare (Combo x2). On peut même remarquer en faisant un peu attention aux détails que les titres eux-mêmes se ressemblent un peu. Mais ce qu'il y a d'incroyable, c'est que même des licences qui à la base n'ont rien à voir avec les zombies exploitent le filon (Yakuza, Red Dead Redemption, Call of Duty, Borderlands). Alors certes, cette tendance ne date pas d'hier et est également présente dans d'autres média, mais là on frise l'overdose. A croire que les développeurs n'ont pas d'imagination...

 

Arrivé à maturité ? Nous voilà gâté...

Ensuite, il y a la globalité des univers, des personnages et des ambiances de ces dernières années. On dirait que tout le monde s'est dit : "ouais, on va faire des jeux adultes avec du sang, des cris, de la souffrance, du post-apocalyptique et comme ça on arrêtera de dire que les jeux vidéo c'est rien que pour les gamins". Pour illustrer ce soudain intérêt des développeurs pour cette approche "réaliste" et axée sur les émotions que les vrais humains de la vraie vie ils éprouvent avec leur coeur, prenons l'exemple de trois studios : Insomniac Game, Naughty Dog et Sucker Punch. Et bien ces trois développeurs sont passés respectivement de Ratchet & Clank à Resistance, de Jak & Daxter à Uncharted et de Sly Racoon à Infamous. Vous voyez bien où je veux en venir.

Les univers colorés, décalés et drôles ne semblent plus être à l'ordre du jour. Pourtant, ça fait du bien un peu de second degré de temps en temps et c'est pour cette raison que j'ai tant apprécié des titres comme Fable, Portal 2, Rayman : Origins ou Brütal Legend entre deux jeux testostéronés. Je pense d'ailleurs que Nintendo a encore un rôle très important à jouer dans l'industrie. Ce que j'attends d'eux ce n'est pas de faire la même chose qu'il y a 20 ans, mais de faire ce que les autres ne font plus depuis sept ans : nous donner un peu de joie et d'amour bordel !

 

Multi à tout prix

Le multijoueur... Je crois qu'il n'y a pas plus débile qu'un mode multijoueur greffé à un jeu pensé pour être joué seul. Il y aurait tellement à dire sur cette feature qui coûte de l'argent aux développeurs pour au bout du compte avoir trois pauvres mecs qui se battent en duel deux semaines après la sortie du jeu. Je comprends bien que mettre "Nouveau mode multijoueur/coopération" sur une jaquette, ça permet de vendre une suite sans trop passer pour des feignasses, mais non, il faut arrêter. Surtout que la plupart du temps, c'est une bête resucée de ce que fait un Call of Duty depuis 2007. Franchement un mode multi dans Dead Space, Bioshock, God of War, Tomb Raider ou même GTA, est-ce bien utile ?

Je n'arrive pas à concevoir que cet ajout constitue aux yeux de certains un argument de vente. Surtout quand on voit que 80% des modes multi sont désertés au bout de quelques semaines. Une option coop se tient en général mieux car cela signifie que les mecs y ont un minimum pensé en amont. Sauf qu'une fois encore, on en a bouffé par paquet de dix des jeux avec un système de coop, que ce soit en solo ou à plusieurs (Prince of Persia, Enslaved, Amy, Army of Two, Resident Evil 5 et 6, Trine, Donkey Kong Country : Return, New Super Mario Bros. Wii, Ratchet & Clank : All 4 One, Lara Croft : Guardian of Light, Kane & Lynch, Lego machin, Epic Mickey, Hunted : The Demon's Forge, Portal 2, Bioshock : Infinite ou encore Last of Us dans un futur proche). Je ne dis pas que c'est fondamentalement de la merde, mais il a certainement 100 autres façons de se servir de ces outils, et des titres comme Journey ou Dark Souls nous l'ont prouvé.

 

 Minecraft ou pas, certains exploitent le filon

On pourrait penser que les jeux indépendants n'ont rien à voir là-dedans, qu'ils sont le dernier refuge de la créativité, qu'ils ne rentrent dans aucun moule, que la mode, la tendance ne les concernent pas. Et pourtant, combien de clones de Minecraft ? Combien de jeux dans le style rétro 8-16 bits ou pixel art ? Combien de jeux faussement contemplatifs ou artistique à la Limbo ? Ici comme partout ailleurs, ce qui marche fait des émules. Je ne pense pas avoir découvert le fil à couper l'eau chaude, mais quand j'entends qu'il n'y a jamais eu autant de jeux "différents", je repense à cette génération et je relativise.