Réalisé sur
1016 individus de plus de 15 ans, l'étude indiquerait que seuls 13% des
Français ont modifié leurs habitudes de téléchargement. Mais, parmi ces 13%,
seuls 4% affirment avoir complètement arrêté de télécharger illégalement, les
9% restant étant simplement devenus plus vigilants afin de ne pas être repérés.

Alors bien sûr, les chiffres publiés par le site français sont à
prendre
avec des gants en kevlar. Le simple fait que 80% des interrogés aient
affirmé n'avoir jamais téléchargé illégalement montre les limites de
cette
étude. Bien que ma confiance en mes compatriotes soit sans limites, il
me
paraît impossible que cette proportion soit représentative. Cela
voudrait dire
que seuls 15% des internautes français continueraient à télécharger
illégalement... Fadaises ! Il faut donc énormément relativiser la
statistique concernant
les personnes ayant affirmé changer leurs habitudes et sa faiblesse.

Mais, les statistiques deviennent plus intéressantes si on se concentre
uniquement sur les personnes qui téléchargeaient avant la loi, car c'est en
observant cette population précise qu'on se rend compte du peu d'effet de la
loi sur leurs habitudes. Seuls 22% des "pirates" ont
complètement arrêté de télécharger pendant que 32% d'entre eux restent dans
l'illégalité, le savent et ne changent rien. Ajouter à cela les 43% de
personnes qui continuent à télécharger mais en prenant des précautions, et vous
obtenez 75% de pirates qui persévèrent dans leurs activités illégales malgré la loi
Hadopi.

Alors bien sûr on peut également se réjouir des 25% de repentis d'Hadopi.
Mais est-ce vraiment suffisant pour une loi coûteuse et liberticide? Je ne
serai pas contre une limitation de mes libertés s'il en suivait une vraie
protection de la propriété intellectuelle. La loi Hadopi, en l'état, n'a pas
prouvé son efficacité mais reste intrinsèquement limitatrice des
libertés individuelles, contraste qui me paraît difficilement justifiable.

Travaillant dans l'industrie du jeu vidéo je sais à quel point le
piratage
peut-être nocif pour des industries entières. C'est pourquoi il faut les en
protéger avec l'aide de l'Etat bien sûr, mais également en concertation
avec
les acteurs majeurs du secteur concerné. C'est ce manque de concertation
préalable qui fait d'Hadopi une loi louable sur ses objectifs mais
inefficace dans les faits. Les majors du cinéma, de la musique et du jeu vidéo ont déjà toutes
fustigé cette mesure et continuent à chercher à mettre en place leurs
propres
solutions. Alors, au moment où la deuxième salve d'emails doit être
envoyée aux
récidivistes, il est peut-être temps de remettre en cause complètement
ce
dispositif et de le reconstruire sur des bases qui protégeront vraiment
la
création.