Evidemment, je ne peux m'empêcher d'être jaloux, avec ma fidèle Megadrive (upgradée en 32X dans un élan de désespoir).  "C'est un jeu de plate-forme", me dit-il, "tu vas voir c'est bien fendard!". Il charge une partie avec un mot de passe et se retrouve dans un niveau au sommet d'une montage, complètement embrumée, avec droit devant quelques planches qui faisaient office de pont.

Il me laisse la manette et je commence à jouer. Je perds souvent mais je peux m'empêcher de sourire quand j'entends des bruits cartoons quand il tombe, sur le fait de casser des caisses pour récupérer des pommes. Je teste un autre niveau, plus facile celui-ci. Je suis admiratif: c'est coloré, c'est joli, c'est drôle, c'est fendard. Et durant les cinq dernières minutes, je me demandais en combien de temps je pourrais ressortir de la maison de mon pote, la console et le jeu sous le bras...

                                       

Malheureusement, lorsque je reçu enfin la console (beaucoup) plus tard, le deuxième épisode était déja sorti, et en 1998, je fis l'acquisition de ce jeu que je savais dantesque. Et je n'ai pas été déçu: plus accessible mais plus varié, encore plus coloré, encore plus délirant, Crash ne cessait de m'extasier avec ses allures de Tex Avery.
On y trouve cette fois des cristaux à récupérer dans les niveaux, en plus des fameux diamants gris accessibles en détruisant toutes les caisses d'un niveau. On peut dire que plusieurs niveaux m'ont énervés, mais à chaque fois avec une satisfaction et une joie sans nom lorsque je réussissais l'objectif que je m'étais fixé. Un grand jeu que ce second épisode...

                         

Et le troisième arriva. On est début 1999. Toujours ce système de warp zone pour sélectionner les niveaux. Toujours plus d'objectifs à remplir, avec ces satanés diamants de couleurs qui débloquaient d'autres passages pour récupérer d'autres diamants gris. Et pour couronner le tout, on y ajoute un contre-la-montre pour attraper des reliques. Et avec encore plus de variété: Crash dans un avion, Crash sur un T-Rex, Crash dans un sous-marin... Toujours plus drôle, Crash étant un personnage qui a toujours fait office de souffre-douleur pour le joueur, un peu comme un Coyote pourchassant le Road Runner...
J'ai encore l'odeur du papier recyclé du guide que je m'étais procuré pour découvrir tous les secrets du jeu (Proust, quand tu nous tiens...). Je me souviens des niveaux secrets et de cette fameuse tête d'alien lors de la course de moto. De cette Warp Zone cachée dévoilant cinq niveaux supplémentaires. De ces pouvoirs que l'on récupérait au fur et à mesure (le bazooka à pommes!). J'en ai passé du temps, mais j'ai réussi à atteindre les 105 % symboliques du jeu, signe d'avoir retourné le jeu de fond en comble...

                      

Avec Crash Team Racing un an plus tard, on a droit à un des meilleurs spin-off que j'ai jamais joué. N'ayant pas réellement exploité un Mario Kart à fond (à part quelques soirée ici et là), ce clone me donna entière satisfaction. Avec ce système à la Diddy Kong Racing pour le mode solo et des circuits aussi jolis que dans la série principale, ce Team Racing était vraiment une excellente surprise, et un bonheur pour les soirées entre potes... Même le petit Crash Bash, virant dans le party-game, remplissait son office, avec moins d'éclat certes, mais toujours dans la bonne humeur et quelques bonnes idées...

Le passage à la génération suivante fit plus de dégâts. Naughty Dog n'était plus aux commandes (c'était déja le cas avec Crash Bash) et développé une autre série qui allait devenir un succès: Jak and Daxter. C'est Traveller's Tales qui récupéra la licence et nous offrit un Crash 4 assez différent. Evidemment, je me jetais dessus à sa sortie, parce que bon, c'était Crash Bandicoot, quoi. Crash avait un peu changé de tronche, j'étais un peu moins fan mais le jeu avait l'air sacrément joli.
Evidemment, l'absence de Naughty Dog se fit sentir: le jeu a moins de patate, c'est beaucoup moins dynamique et le désir du studio de renouveler les idées est louable, mais pas forcément ingénieux: Crash dans un 4x4 n'est pas la meilleure idée qu'ils aient eu. Evidemment, ça m'a suffi parce que je retrouvais quelques sensations de l'époque PsOne, mais je sentais que c'était l'épisode de la scission, celui qui allait faire plonger un des meilleurs personnages de jeu vidéo...

                           

Et ce fut confirmé: les Twinsanity, Titants et Mutants, les épisodes suivants, partirent dans le n'importe quoi. En premier lieu, le changement radical de Crash était ignoble, et ressemblait véritablement à un surfeur à la cervelle de moineau. Le petit marsupial gentil et con des premiers épisodes avait laissé la place à un Crash plus moderne mais sans âme...
Et le jeu en lui-même n'était pas rassurant: fini la plate-forme, bonjour le jeu d'aventure sans grande inspiration, même si l'univers graphique des tout derniers épisodes était plutôt joli. Crash m'avait plaqué pour embrasser d'autres générations de joueurs, préférant miser sur ce qui marchait maintenant plutôt que sur ce qui marchait à l'époque. Il m'a brisé le coeur, et j'ai toujours du mal à m'en remettre...

Mais en cette année 2010, une flamme se raviva en moi. L'acquisition d'une petite PSP me permit d'acquérir les épisodes 1 et 3 (où est le 2 ??) de cette série fantastique. J'avais peur d'avoir perdu cette nostalgie qui était en moi, avec tout ce qui était passé entretemps, mais lorsque la musique du menu démarra, lorsque je vis les premières mimiques de Crash, je souris. Je fus soulagé de voir que encore maintenant, Crash est le meilleur bandicoot que la Terre ait porté. Un amour de bandicoot.