L'art ne peut être créé de lui-même. Il a forcement une inspiration et l'auteur un pot-pourri de culture qui lui permet d'assembler des éléments afin de se construire lui-même. Dans le monde des jeux vidéo autant que dans celui des films, les créateurs, très souvent des passionnés, se font plaisir à placer des références de ce qui les as ému. Les cinéastes ont vu des milliers de films et les ont digérés. Les développeurs de jeux ont joué à des centaines de jeux et les ont decortiqués. Les musiciens ont entendu des tonnes de chansons afin d'en comprendre leur composition. Et tous ont envie de partager leur passion.

Lorsque l'on parle de référence dans un média, j'y vois plusieurs catégories:

  • Le clin d'oeil : petit easter egg, référence subtile de tout type (action, image, phrase) sans gravité, faisant sourire ceux qui auront su le déceler (WoW).
  • L'hommage : cet effet constitue un clin d'oeil un peu plus appuyé. Souvent la référence est trés connue et ne peut passer inaperçue auprès d'une communauté toute entière. Même l'auteur veut que cette référence soit reconnue. Ça se manifeste par des noms, des phrases, des actions identiques à l'oeuvre originale. Lorsque Kojima reproduit plusieurs fois ces faits depuis New York 1997 ou Los Angeles 2013 dans ses Metal Gear Solid par exemple. Tarantino en fait aussi beaucoup dans ses Kill Bill. Tekken, ici présent, à basé plusieurs de ses personnages sur de vrais combattants célèbres sans pour autant reproduire uniquement leurs mouvements. Il y a de la création dans ces hommages.
  • Le plagiat : Il y a entre l'hommage et le plagiat une frontière très mince que souvent seuls l'avis des critiques/fans établissent. Par exemple, très souvent des produits de seconde zone reprennent à l'identique des créations entière de la source. Combien y a-t-il eu de monstres similaires à Alien dans les films de série B diffusés sur W9 ? The Big Bang Théorie est-il un plagiat de The IT Crowd ? Raxephon un plagiat d' Evangelion ? Souvent les genres de jeux vidéo sont (ou étaient) nommé "Doom-Like", "Mario Kart-like"... étaient-ils des plagiats ou des oeuvres originales reprenant le concept de base ?

Ce phénomène prend maintenant une part importante dans l'oeuvre puisque le public devient de plus en plus cultivé, Internet aidant. Souvent, alors qu'une oeuvre nous a ému, si nous la retrouvions quelque part en tant que référence, cela nous parlera, nous plaira, et nous associerons le plaisir de la référence initiale à notre jugement instantané sur l'oeuvre en question.

Le souci qui en découle c'est que trés souvent, le monde des passionnés en fait des amalgames, des arguments voir des excuses pour justifier leur attirance : "Mais non, t'as rien compris ! C'est comme dans..."

Parlons par exemple de Kill Bill qui est, de mon point de vue uniquement, un montage de milliers de références (Tarantino s'est fait plaisir) où s'emmêle un peu de création. Si une action est discutée certains bondiront sur la table en hurlant "MAIS C'EST UNE RÉFÉRENCE DIRECTE AUX FILMS DE KUNG-FU DE HONG-KONG DES ANNÉES 1990 !!". Et alors ? Cela justifie-t-il pour autant la valeur d'un film ?

Alors que la discussion sur la préférence de chacun de ses Final Fantasy préférés fait rage, j'ai toujours été interloqué par ceux qui aiment Final Fantasy IX. Beaucoup ont commencé par celui-là et lui apporte une valeur nostalgique indétrônable. Mais lorsque le débat s'engage et que vous mettez sur la table"Mais tu sais, les châteaux, le médiéval... on se demande pourquoi Square en est revenu à ça, ayant si bien développé le cyber-punk dans les 3 volets précédents" la personne en face vous répond : "Mais, crétin, c'est une référence aux premiers volets de la série ! Ils reviennent aux sources !"... Sans attendre vous balancez l'argument Mute "Mais, t'y a joué, toi, à ces sources ?"... no comment alors que justement vous vous êtes tapé les 5 premiers FF pour comprendre.

Pire encore ! Alors que la série Community bat son plein, elle matraque son public toutes les deux phrases d' un nom, d'un titre ou d'une référence si bien que les 3/4 sont incomprises et deviennent des privates jokes de scénaristes, empêchant toute immersion dans l'histoire. Si tu ris c'est que tu connais et que tu comprends. Si tu ris pas, faut t'expliquer (et au passage, t'es inculte). L'humour des geeks marche-t-il uniquement dans ce sens ?

Ce que je comprends c'est que maintenant que le monde des geeks a fait son coming-out, plus tu es cultivé, plus tu comprends et plus tu as de crédits.

À mon sens, une oeuvre excellente est celle qui a su créer quelque chose d'unique ou en sublimant un genre. C'est avant tout une création. World of Warcraft fait de multiples références sans être lourd et créé d'abord son propre back-ground (plutôt gigantesque). Une oeuvre doit pouvoir être comprise de tout le monde, de la plèbe, des néophytes jusqu'aux geeks obsédés. Jamais une oeuvre ne peut/doit se baser sur des références pour plaire. Aucune référence ne justifiera à mes yeux la valeur d'une oeuvre : La création avant tout.

"Trop de références tuent l'oeuvre" et cela peut paraitre une belle porte ouverte autant que parfois tout cela se confond dans des débats infinis... L'oeuvre doit pouvoir être jugée totalement objectivement par rapport à ce qu'elle est, pas par rapport à ce quoi elle fait référence, bien que dans le jeux-vidéo cela est moins probant. Qu'en pensez-vous ?