Une plateforme riche

Passer par RPG Maker permet de tomber sur des oeuvres qui ne passeront malheureusement jamais par la case "éditeur". Ces jeux, souvent la réalisation d'une seule et unique personne ou d'un maigre collectif, émerveillent pourtant de par leurs trouvailles scénaritiques. Car si RPG Maker ne vous permet pas d'imaginer d'étonnantes prouesses de gameplay, la possiblité de mettre en scène des dialogues et des cinématiques pousse les concepteurs à accrocher les joueurs grâce à une ambiance propre et, dans ce cas-ci, on ne peut plus oppressante.

Jouer à ces jeux demandent le plus souvent d'avoir préalablement téléchargé le logiciel RPG Maker, encore que certains sont disponibles en format .exe, et donc directement jouables sur votre PC. Dans les liens de téléchargement postés ci-dessous, seuls Ao Oni recquière l'installation d'RPG Maker.

Premières approches : Ao Oni & Yume Nikki.

Yume Nikki et ses mondes tordus

Yume Nikki

Mes premiers pas dans les jeux d'horreur made with RPG Maker ont été Ao Oni (relativement connu sur la toile pour avoir été testé par le Youtuber PewDiePie) et Yume Nikki. Dans ce dernier, le joueur est lâché d'un coup dans la chambre de Madotsuki, petite japonaise aux yeux endormis qui se retrouve inexplicablement enfermée. Peu de loisirs s'offrent à elle et l'héroïne passe donc le temps... en dormant ! Une fois dans les bras de Morphée, elle pourra alors se livrer à ce qui fait l'essence du jeu : l'exploration. Le but de Madotsuki est d'explorer l'ensemble de ses rêves, majoritairement glauques et malsains, afin de retrouver des "effets" (différents pouvoirs ou objets) qui l'aideront à progresser dans sa quête. Mais dans sa quête de quoi ? Ca, ce n'est à aucun moment expliqué ! Le pincipal et probablement seul attrait de Yume Nikki réside dans l'interprétation du joueur des bizarreries dont il est témoin. A la manière du Pays des Merveilles d'Alice, les rêves de Madotsuki sont tous plus bizarres les uns que les autres, et fourmillent de détails absurdes, incohérents, souvent inutiles qui forcent le joueur à se questionner. Qui est Madotsuki ? Ces horreurs dont elle rêve sont-elles des flashbacks, des hallucinations ?...

Plus terre à terre dans son traitement, car plus scénarisé, Ao Oni vous propose de diriger Hiroshi, un jeune étudiant venu visiter avec des amis un manoir dit hanté. Les personnages sont très brièvement décrits avant de tous disparaitre, laissant Hiroshi le soin de les chercher dans la tortueuse demeure. Malheureusement, le pauvre va vite se rendre compte que les lieux sont effectivement habités par l'Ao Oni, le démon bleu, monstre gigantesque et vaguement humain qui pourchasse sans mot dire les innocents visiteurs...

Ao Oni, le Démon bleu.

Ao Oni, le Démon bleu.

Bien que Yume Nikki propose des moments de vraies frayeurs (la rencontre avec Uboa, le Cri.), il se base bien plus sur l'interprétation que Ao Oni, jouant sur la peur du chat et de la souris. Alors que pour sortir du manoir, vous allez devoir résoudre certaines énigmes on ne peut plus tordues, le Démon Bleu va vous courir après sans relache, accompagné d'une musique incroyablement flippante. Faites-vous toucher par l'ennemi, ne serait-ce qu'effleurer et c'est le game over assuré. Vous pouvez vous cacher dans des placards qui ne sont malheureusement pas sûrs à 100%, le démon fouillant les pièces. Et si vous pensez que la fin de l'écran, et donc le changement de tableau viendra vous sauver, que nenni; car Ao Oni tout comme vous, passe les portes à votre poursuite. Les apparitions -tout comme les disparitions- du monstre sont aléatoires et peuvent arriver n'importe quand. Un jeu incroyablement stressant où la fuite est votre seule chance.

IB est un excellent mélange de ces deux jeux. Il reprends le côté exploration de Yume Nikki et l'interprétation de certains éléments WTF trouvés çà et là, ainsi que la scénarisation poussée et les courses poursuites de Ao Oni. Car si vous ne vous faites pas pourchasser par un odieu démon dans IB, c'est bien toutes les oeuvres d'un musée maudit qui en veulent à votre vie.

IB, une petite héroïne adorable.

Ib (prononciation japonaise de "Eve", ou diminutif d'"Isabelle", les avis divergent) est une petite fille de 9 ans emmenée par ses parents dans une gigantesque galerie d'art regroupant les oeuvres d'un peintre et sculpteur surréaliste. Lassée d'attendre ses parents à l'accueil du musée, la jeune enfant va explorer les lieux à sa guise et parler avec les visiteurs, jusqu'à tomber sur une immense toile au dessin assez naïf. En la regardant, les lieux tremblent, sombrent dans la pénombre, et laisse Ib mystérieusement seule, parents, visiteurs et gardiens ayant inexplicablement disparus. Partant à leurs recherches, elle s'apercevra bien vite de l'étrangeté des lieux, les oeuvres bougeant, parlant, vivant de leurs propres volontés...

"Come Ib"

Dès les premiers instants du jeu, on insiste sur l'innocence et la fragilité de la jeune héroïne. Loin de manier le sabre et de nous faire des salto-arrière pour dégommer des méchants 15 fois plus grands qu'elle, Ib est somme toute une enfant banale. Sa faible force ne lui permet pas de bouger certains objets, son vocabulaire n'est pas encore assez étendu pour comprendre l'ensemble des textes ou des titres présents dans le musée. Ainsi, certains mots lus par la jeune héroïne se voient censurés d'un "***" insistant sur l'âge de celle-ci, mais aussi cachant à sa vue et à sa compréhension des mots ou avertissements assez durs ("Attention, tout vandale pris la main dans le sac sera *** sur le champ."), ce qui appuie le côté effrayant des lieux.

Un lieu maudit

Si certaines des oeuvres présentées ne sont pas plus que de simples tableaux, la grande majorité se voit dotée d'une vie propre qui contribue à l'horreur des lieux. Le tableau d'une belle femme en rouge peut s'animer jusqu'à pourchasser Ib à la manière d' Ao Oni. Un dessin d'une oreille pourra entendre les conversations secrètes et tout répéter au grand méchant par l'intermédiaire d'un dessin d'une bouche. Les mannequins sans tête errent dans le musée, cherchant à traumatiser l'héroïne. Chaque tableau, même le plus inoffensif, finit par avoir un but à jouer, que ce soit dans la résolution d'une énigme, dans une cinématique ou simplement dans l'ambiance. Le jeu insiste sur le personnage que forme la galerie d'art. Car les lieux sont vivants, vous observent, vous veulent terrifiés...

Les omniprésentes têtes de mannequins.

Un jeu à énigmes

Tout comme Yume Nikki et Ao Oni, Ib propose son lot d'énigmes tordues et malsaines. Des écrits apparaissent sur les murs, vous somment de rester dans les lieux pour toujours ou vous guident pour vous en échapper. Certaines oeuvres communiquant entre elles, vous avez la possibilité de faire travailler vos méninges en deux temps, la résolution d'un casse-tête ne se trouvant pas toujours là où celui-ci vous a été posé. Chaque salle recèle une mini-quête qu'il vous faudra accomplir pour pouvoir progresser dans le niveau et espérer revoir votre famille, qu'il s'agisse d'aller chercher une clé, de lire un bouquin, ou de nourrir un monstre affamé salivant à votre approche. Bien que moins capilotracté que Yume Nikki, il vous faudra néanmoins faire preuve d'un esprit clair et parfois d'un bon timing, pour triompher des épreuves qui seront mises sur votre route.

2 filles, 1 homme, 5 possibilités !

Vous allez croiser le chemin de Garry, jeune 20enaire tout aussi perdu que vous et de Mary, une petite fille capricieuse prenant Ib en affection. Le jeu vous propose çà et là divers choix de dialogues dont vos réponses vous feront gagner des points d'amitié avec l'un ou l'autre personnage, en découlant une des 5 fins disponibles. Préférer la force et la protection de Garry ou l'amour fraternel de Mary change drastiquement le scénario et la fin de celui-ci. Les fins disponibles sont soumises à certaines conditions dont certaines doivent être respectées scrupuleusement pour les obtenir. Et si le périple de la jeune Ib ne se termine pas toujours de façon bien heureuse, on se souviendra toutefois de son parcours, riche et tortueux, lequel faisant de ce jeu une véritable petite pépite du genre.

Retrouvailles avec Mary.


Téléchargement :

YUME NIKKI ~> https://www.rpg-maker.fr/index.php?page=jeux&id=556
AO ONI ~> https://mygames888.info/aooni.html
IB ~> https://www.mediafire.com/?g32xzro2hzua5o3


Vidéo :


PS
: Mis à part Yume Nikki, qui n'a pas véritablement de fin, Ao Oni et Ib sont relativement courts. Compter +/-3h pour Ao Oni et 2h pour Ib, si vous ne vous perdez pas en chemin.