The Next BIG Thing commence alors qu'une cérémonie de remise des "Poulets de la Mort", des récompenses dans le cadre du Ciné des Monstres, a lieu quelque part près des studios californiens de la MKO, numéro un mondial du divertissement cinématographique, dans le monde (parallèle ?) des années 40 à Hollywood. Le studio est détenu par le célèbre et monstrueux FritzRandolph, qui a décidé de changer son fusil d'épaule. Finis les films d'horreur avec des monstres plus vrais que nature. A partir de maintenant, il ne fera que des films "familiaux" et des Comédies musicales. Au grand dam des "monstrueux" comédiens, qui ont peur d'être ridiculisés dans cet emploi contre-nature... Pourquoi, comment ? Que s'est-il passé pour en être arrivé là ? C'est justement le noeud de l'histoire...

Liz Allaire libre

Et c'est là qu'intervient le nouveau couple mis en avant par Pendulo Studios : un duo de journalistes que tout oppose. Même s'il n'a rien à voir avec celui de la trilogie Runaway, plutôt sage finalement, il place la barre encore plus haut dans la relation étrange entre deux personnages. Elle s'appelle Liz Allaire et bosse au magazine The Quill, un canard à la mode. Elle est totalement barrée, limite schyzo (elle se parle à elle-même), et ne sait pas compter jusqu'à 4... Autant le dire, ce personnage est LA révélation de The Next BIG Thing. Haute en couleurs, elle est cinglante avec ses répliques tout simplement parfaites ! Il faudrait d'ores et déjà programmer une suite pour équilibrer le couple et donner plus de poids à son acolyte... Mais nous n'en sommes pas encore là. Car même si son comparse, Dan Murray, qui vient d'être déchu de sa rubrique sport qu'il affectionnait par dessus tout, et qui se trouve être super macho sur les bords, campe un personnage lui aussi fort sympathique, il n'a pas le grain de folie de celle que l'on surnomme "Lizinzin". Bref, nos deux tarés vont donc prendre leur courage à deux mains, et tenter de comprendre pourquoi Big Albert, un monstre du type Frankenstein, a disparu depuis qu'il est entré par effraction dans le bureau de la production du studio... Que cherchait-il donc à savoir ?

20, 12, 1, 4...

Cette série de chiffres n'a absolument aucun sens, mais elle est régulièrement prononcée par Lizinzin lorsqu'elle est légèrement stressée. Ce qui lui arrive fréquemment il faut bien l'avouer. L'occasion de tirer un grand coup de chapeau aux dialogues, sarcastiques à souhait, juste comme il faut pour semer le trouble chez le joueur. Le "mystérieux" narrateur nous raconte donc une belle histoire tout au long de l'aventure, et parvient à nous plonger littéralement dans cet univers bien barré. Le Hollywood des années 40, version "monstrueuse", n'est pas vraiment comme on se l'imaginait. Ainsi, même si les personnages rencontrés au gré des 120 tableaux magnifiquement "peints" du jeu, ne sont pas tous aussi fouillés qu'on aurait souhaité, ils se distinguent tous par des traits vraiment particuliers. En vrac, il y a le poète de la douleur, un gros balèze qui ne pond des vers que s'il ressent une douleur physique, le professeur Fly qui semble avoir un étrange lien de parente au héros de La Mouche (le film), la Prêtresse Egyptienne Krom-Ha (Liz Taylor es-tu là ?) , ou encore Imaterial Man, sans oublier Tobby III le chien-plante, le Robot dépressif surpuissant, ou encore l'Oracle des Ombres, pour ne citer qu'eux... Inutile de vous dire qu'ils sont tous aussi étranges les uns que les autres, chacun dans leur genre, et apportent pas mal de sel dans l'aventure. Les références et les clins d'oeil au ciné sont d'ailleurs légion dans TNBT. A vous de les reconnaître et de les noter au fur et à mesure, car il y aura des questions cruciales à la fin du jeu. Ou pas.

Alors, c'est dur ?

Avec un scénario totalement décalé comme on les aime, les énigmes allaient-elles être à la hauteur de la réputation de Pendulo ? Eh bien disons que l'ensemble est assez mitigé. Si les "puzzles" de base sont plutôt simples (il est rare d'assembler des trucs loufoques), certaines énigmes sont assez tordues. La preuve, je suis resté coincé près de deux heures sur le fameux challenge de la syntaxe grammaticale égyptienne de l'Oracle des Ombres... Honte à moi, j'avoue. Mais comme le syndrome du code de la route, j'ai en vain cherché une solution compliquée alors même qu'elle était évidente, sous mon nez... et fort simple. Rhaaaa et la fameuse "énigme" du Tango, tout en rythme (avec pour récompense une Liz déchaînée sur le dancefloor), est une trouvaille qui restera gravée dans ma mémoire ! Mis à part cela, le reste est suffisamment évident pour que même le néophyte s'en sorte sans problème. Dans le genre, Runaway : A Twist of Fate était tout de même mieux "équilibré", même s'il est vrai qu'il s'agissait du troisième et dernier volet de la fameuse trilogie, avec des mécaniques déjà éprouvées au fil de l'histoire. Ici, il fallait avant tout introduire les personnages, leur laisser le temps de s'exprimer et leur donner de la consistance... Ceci dit, avec trois niveaux de difficulté (en mode facile, le narrateur vous donne de précieux indices en sus des zones interactives qui apparaissent d'un simple clic), chacun aura le choix quant à sa manière d'appréhender le jeu. En gros, environ 8 heures seront nécessaires pour en voir le bout, pour peu que vous ne trichiez pas.

"Ca fizze ?"

Graphiquement, ça fizze à mort ! On reconnaît aisément la patte de Pendulo, qui est restée sur la droite lignée de sa série Runaway. Du cel-shading de toute beauté, en haute résolution s'il vous plaît, voilà qui ne peut que convenir aux amateurs de décors chiadés et de ses détail ultra précis. Néanmoins, mis à part une ou deux fois, on vous épargnera la recherche d'éléments-clés incrustés dans le décor. On regrettera toutefois un manque cruel de décors en extérieur. Un jeu d'aventure par définition (dans mon esprit en tout cas), doit forcément faire voyager bien au-delà de quelques pièces aussi magnifiquement dessinées soient-elles. Ce qu'avait parfaitement réussi à faire le dernier volet de la série Runaway. Fort heureusement, en plus des doublages superbes (finalement la voix de Dan Murray me sied à la longue), l'ambiance sonore en général et les musiques en particulier contribuent elles aussi à la qualité intrinsèque du titre. Je vous conseille d'ailleurs de jouer au casque, pour vous délecter des moindres bruits de pas travaillés, des sons étranges ou encore des virgules musicales. Au total, ce sont plus de 2 heures de musiques et 40 morceaux qui "ambiancent" The Next BIG Thing. Jazz, Tango, musique traditionnelle écossaise, western ou encore arabisante... Bref, Pendulo a fait fort pour vos oreilles. Il ne vous reste plus qu'à l'essayer !

Malgré quelques erreurs de jeunesse, un scénario plutôt linéaire et rapidement évident, des scènes extérieures trop peu nombreuses et un jeu assez simple au final, The Next BIG Thing réussit largement son pari. Un vrai dessin animé interactif, ponctué de dialogues totalement déjantés comme on aime, des personnages attachants et un nouveau duo qui risque de faire sensation dans un deuxième épisode. Oui, il le faut ! On ne peut pas décemment laisser nos protagonistes avec cette fin, ce n'est pas possible... Mais, chut.