Vous le savez sans doute, Homefront profite des talents de scénariste de John Milius, à qui l'on doit d'excellents films tels que Apocalypse Now, L'inspecteur Harry ou encore Conan Le Barbare. Un beau CV qui assure une histoire réellement atypique au FPS de THQ. Pour résumer, la Corée du Nord et la Corée du Sud sont unifiées pour former la Gande République de Corée, dirigée par Kim Jong-il, fils de Kim Jung-eun. Cette nouvelle super puissance s'empare, entre 2012 et 2023, de toute l'Asie et parvient à annexer l'Amérique en 2024. Carrément !

La folle ambiance

Si cette histoire peut paraître délirante, il faut bien admettre que la mise en scène d'Homefront, vraiment crédible et bien orchestrée, parvient à nous convaincre. On entre, ainsi, parfaitement dans la peau du héros, un pilote d'hélicoptère américain. Victime d'une rafle avec d'autres habitants dans sa banlieue, Montrose, il assiste à des scènes d'invasion d'une violence inouïe. Des citoyens paniqués abattus par un peloton d'exécution, un enfant pleurant ses parents, tout juste tués sous ses yeux, un couple, séparé par l'envahisseur coréen, pleurant à chaudes larmes et j'en passe. Car autant être clair, Homefront est interdit aux moins de 18 ans et c'est justifié. Si cette débauche de malheur et d'horreur est contestable, elle a au moins le mérite plonger le joueur dans l'ambiance comme rarement dans un titre. Mais le retour à la réalité n'en est, alors, que plus violent !

Badfront et...

Si la campagne est bien rythmée du point de vue scénaristique, c'est la réalisation qui entache le tableau, dès le début du solo. Les détails sont nombreux et les niveaux plutôt bien construits, malgré leur linéarité, mais un aliasing persistant, sur Xbox 360 comme sur PS3, et des textures finalement assez pauvres procurent la désagréable impression de jouer à un titre qui date d'un autre temps. C'est dommage car l'atmosphère est bien là. Mais le rendu à l'écran décevra forcément les habitués à des réalisations canons telles que celles de Black Ops ou encore de Killzone 3, pour ne citer qu'elles. Et la comparaison en la défaveur d'Homefront ne s'arrête pas là. La campagne solo se boucle, pratiquement, en moins de 5 petites heures de jeu - un peu moins que ses pairs, certes (ce qui n'est pas forcément grave en soi), mais surtout sans fournir leur intensité. Car si quelques moments choquent, ils ne sont pas suffisamment nombreux pour sauver l'ensemble. C'est d'ailleurs finalement là que le titre de Kaos Studio perd réellement en crédibilité. Il n'a rien d'innovant et reprend des recettes éculées par bien d'autres avant lui !

... HomeDuty

Homefront remplit néanmoins son office, en terme de gameplay, sans pour autant sortir des sentiers battus. Outre des affrontements dans des environnements efficaces, il tente de varier les activités de manière classique. Une fois, on sera aux commandes d'un hélicoptère de combat, ensuite il faudra se contenter des classiques passages d'infiltration, de couverture d'alliés, de canardage sur des rails et au fusil à lunette. Le problème se situe, d'ailleurs, aussi au niveau des armes, qui offrent des sensations correctes mais qui manquent de variété. Les guerres contemporaines ont déjà été largement exploitées dans le jeu vidéo et on aurait apprécié un arsenal un peu plus étoffé et novateur pour des confrontations musclées aux alentours de 2030. Heureusement, plusieurs moments sympathiques, loin d'être épiques néanmoins, aux commandes d'un blindé tout terrain et sur-armé, le Goliath, apportent un peu de nouveauté. Mais une fois encore, ce n'est pas réellement suffisant pour surprendre les habitués du genre.

Multi efficace mais radin...

Jouer à un FPS aujourd'hui, c'est profiter aussi, voire surtout, de son mode multijoueurs, comme chacun sait. Et de ce côté là, Homefront s'en sort pas mal de prime abord. Un système de points de combat permet de profiter de bonus, non négligeables, en cours de partie pour s'adapter aux situations et prendre l'ascendant sur ses adversaires, grâce à un hélicoptère (peut-être un peu trop puissant d'ailleurs...), des mini chars télécommandés, des chars plus imposants et d'autres véhicules à piloter seul ou en équipe. Bien entendu, vos états de service permettent d'accumuler, aussi, des points pour customiser votre avatar entre les parties à plusieurs, afin de profiter de bonus nombreux et variés, allant d'une rapidité de rechargement accrue à la maîtrise de grenades plus performantes, etc. On pourra pester contre le nombre peu élevé de cartes disponibles, un peu plus d'une demi-douzaine, ou encore contre les deux seuls modes de jeu proposés, le contrôle de zone et le match à mort en équipe. Même si cela peut paraitre radin, il faut reconnaitre que les cartes sont bien pensées et que le plaisir est au rendez-vous - au moins pendant un temps. N'oublions pas non plus de citer le mode commander, dans lequel une I.A rajoute des objectifs, spécifiques à chaque joueur, dans les deux modes de jeu précédemment cités. C'est correct mais il y a finalement assez peu de chances que cela contente les joueurs habitués de la discipline sur la longueur, puisqu'on en fait, finalement, assez vite le tour.

Homefront avait l'ambition mais pas la carrure pour rivaliser avec les meilleurs titres du genre. Si le background du jeu séduit, c'est le réalisation qui déçoit. Si les combats solo amusent, ils demeurent d'un classicisme décevant. Si le multijoueur assure le minimum syndical, il se révèle finalement rachitique. Tout cela est bien dommage, car le titre de Kaos Studio est assez bon, mais il ne se distingue tout simplement pas assez de ses concurrents et reste supplanté par les meilleurs jeux de la catégorie sur trop de points. Un bon jeu noyé dans la masse, en somme, mais qui ne mérite clairement pas le peloton d'exécution pour autant...