Le pauvre petit Danny, jeune garçon qu'on nous propose d'incarner, souffre d'un mal bien d'aujourd'hui : l'insomnie. Voilà des semaines entières qu'il ne dort plus et, forcément, ça commence un peu à le saouler. D'après le Docteur Reubens, un savant fou bien décidé à s'occuper de son cas, la clé de la guérison réside dans les traumatismes oubliés de l'enfance de Danny, des trucs louches bien enfuis dans son subconscient et qui lui minent le bulbe. C'est donc au moment d'aller trifouiller là-dedans qu'intervient l'invention géniale de Reubens : C.R.U.S.H., une machine qui va se connecter directement au cerveau du garçonnet pour faire joujou avec ses souvenirs et identifier le malaise. Un scénario bien barré, vous en conviendrez, qui n'a pas une importance capitale dans ce jeu de plateforme et de réflexion, mais qui offre un design délicieusement louche et colle parfaitement à l'ambiance du jeu, presque dérangeante parfois. Brrr.

Psychanalyse ludique

Pour parler gameplay maintenant, l'intérêt de Crush repose sur son habile mélange de jeu de plateforme (un peu) et de jeu de réflexion (beaucoup), la partie triturage de méninges s'appuyant sur un principe qui ne sera pas étranger aux fans de Paper Mario : la passage d'une perspective 3D à un plan 2D tout ce qu'il y a de plus plat (ici on parle de "gonfler" et "dégonfler" le tableau). Concrètement, le jeu représente ainsi une succession de niveaux dans lesquels vous devez récupérer des petits orbes pour "activer" la porte de sortie et passer au suivant. De base, on voit le niveau en 3D et la caméra peut être placée tout autour du personnage selon des axes définis : devant, derrière, sur un côté ou l'autre et au dessus. Lorsqu'un obstacle vous empêche de progresser, il suffit alors de se positionner sur le bon axe et de "dégonfler" le niveau. Un mur trop élevé se dresse devant vous ? Mettez la caméra au dessus de votre tête et aplatissez tout ça ! Il ne reste plus alors qu'à avancer sur le mur en question et à regonfler la 3D pour progresser jusqu'au casse-tête suivant. Pour vous donner un autre exemple, un fossé a priori infranchissable peut être réduit à néant, à condition de le regarder dans le bon sens et d'aplatir la plateforme sur laquelle vous vous trouvez à celle située des dizaines de mètres plus loin. Et si vous ne captez toujours pas, tiens, allez donc jeter un oeil ICI (avec un concept pareil, une vidéo restera bien plus parlante).

Faut pas être cruche

Bien sûr, les niveaux sont de plus en plus vastes et alambiqués, tandis que des mécaniques plus typiques des jeux de plateforme viennent se greffer petit à petit (des éléments à déplacer, des ennemis à écraser, etc.). La difficulté dépend bien sûr de la surpuissance intellectuelle de chacun, mais en tant que ouf malade au niveau de QI hallucinant, je peux vous le dire sans trop me mouiller : le challenge est vraiment relevé ! Il faut savoir s'arrêter et prendre la pose du penseur, parfois de trèèèèès longues minutes, avant de se débloquer ! Tant mieux, me direz-vous, pour un jeu de réflexion qu'on n'a pas forcément envie de recommencer mille fois, par définition (quand on a trouvé toutes les solutions d'un niveau, on le boucle une nouvelle fois sans sourciller). Bien sûr, les développeurs ont tout de même pensé à caler, dans chacun des 50 niveaux, des bonus assez chiadés à découvrir, mais aussi un mode Time Attack pour les plus acharnés... Pas de mode multi en revanche, ni même quelqu'autre "ralongeur" de durée de vie digne de ce nom.

Bref, si les jeux de réflexion vous font kiffer, Crush est un nouveau messie. Il offre un gameplay aussi bien réglé qu'original, un challenge relevé et de grands moments de satisfaction personnelle, lorsqu'on trouve enfin la solution à un casse-tête, se libérant ainsi soi-même d'une potentielle insomnie.