Les versions PS3 et Xbox 360 étant identiques, les tests le sont également.

"Revenir aux sources". Tel fut le crédo de ce nouvel épisode pour ses développeurs. Prince of Persia : Les Sables Oubliés se cale ainsi juste entre Les Sables du Temps et L'Âme du Guerrier, mais surtout il renoue avec le style graphique plus classique de l'époque, et avec cette fameuse ambiance "Mille et Une Nuits", si chère aux fans de la première heure. Ah, et puis on fête le retour de la fonction "rembobinage" du temps (qui ne sert à rien si vous voulez mon avis, l'épisode précédent l'a prouvé, mais bon). C'est aussi certainement un moyen d'être un peu plus raccord avec le film, qui arrive dans toutes les bonnes salles de cinéma quasi en même temps... mais ça c'est un autre débat. Bref, nous sommes donc sur les anciennes terres du Roi Salomon, et le Prince se pointe pour admirer son frère Malik, puissant guerrier, en train de mater une armée de rebelles qui tente de prendre possession du palais royal. Sauf qu'il est un peu débordé, ce costaud de frangin, et qu'il ne trouve rien de mieux que de libérer la terrible Armée des Sables, menée à la baguette par un Djinn déchu et dont le pouvoir a tendance à faire perdre ses esprits à Malik... En gros, la situation est critique, et vous allez bien sûr devoir faire quelques acrobaties pour remettre les choses en ordre !

Du sable dans les yeux ?

Le premier sentiment que nous évoque ce Prince of Persia : Les Sables Oubliés, au moment où l'on commence à peine à prendre le contrôle du héros, c'est un peu celui de la déception... Non pas qu'il y ait quelque chose de catastrophique dans la réalisation ou la jouabilité, mais on sent tout de même, passée la superbe cinématique d'intro, que le jeu a dû souffrir d'un temps de développement un peu court et qu'Ubi s'est pressé pour le boucler à temps. On a pu noter tout au long de l'aventure quelques bugs de collision, des passages ou les bruitages manquaient clairement à l'appel, des problèmes d'affichage... Mais le plus choquant pour moi fut de constater à quel point les animations du Prince étaient datées, surtout comparées à celles, magnifiques, de l'opus précédent. Je dois dire que je ne comprend toujours pas. Plus réussis, les décors ne décrochent pas non plus la mâchoire techniquement, mais ils ont le mérite d'être séduisants, jolis et franchement variés. On apprend donc à se satisfaire de tout l'aspect visuel au fil de cette aventure bien menée...

Le Yamakasi Perse a toujours la classe

C'est vrai qu'on oublie vite cette petite déception en rentrant plus avant dans le jeu. Car les mécaniques de game design bien huilées depuis tant d'années sont sans surprise reprises ici, et de manière toujours très efficace ; sans oublier qu'elles sont agrémentées de petites nouveautés qui tiennent bien leur rôle et enrichissent de la formule. En clair, diriger le prince de manière fluide en enchaînant sans cesse des acrobaties, plus hallucinantes les unes que les autres, dans des niveaux très bien conçus, eh bien ça a toujours autant de charme.

Parlons d'ailleurs des nouveautés apportées au gameplay pour renouveler ces sensations... Il y a d'abord la solidification de l'eau. D'une simple pression sur un bouton, vous pourrez en quelque sorte "geler" tous les éléments liquides présents dans l'environnement. Une cascade devient ainsi un véritable mur sur lequel courir ou grimper, un jet d'eau se transforme en hampe à laquelle s'accrocher et se balancer... Mais les jets d'eau en question ne s'enclenchent pas forcément en même temps, et il faudra ainsi relâcher le bouton en plein saut pour que la hampe suivante puisse s'enclencher, etc. Parfois, une cascade située entre deux jets d'eau vous obligera aussi à faire la même chose... Je vous invite à visionner nos vidéos de gameplay pour mieux comprendre ce principe. Le deuxième pouvoir est plus anecdotique, puisqu'il permet, en plein saut, d'appuyer sur un bouton pour se ruer vers un ennemi à bonne distance... Concrètement, ça sert avant tout à franchir des précipices trop importants, ou encore à utiliser de grands vautours savamment alignés quand les plates-formes viennent à manquer. Le troisième pouvoir est en revanche bien plus intéressant : il consiste à matérialiser des pans entiers de décors qui ont disparu depuis des années. Concrètement, vous pourrez par exemple vous retrouver face à une plate-forme en transparence... en appuyant sur le bon bouton, elle se matérialisera et vous permettra de ne pas tomber dans le vide à la réception de votre saut. Le truc, c'est qu'on ne peut pas matérialiser plusieurs éléments en même temps. Eh oui, alors quand deux plateformes de ce type se suivent, il faudra donc d'abord sauter, puis appuyer sur le bouton en l'air pour dématérialiser la plateforme d'où vous veniez et matérialiser la suivante... Euh... vous me suivez ? Bien !

Je suis un poulpe avec des réflexes d'extra-terrestre

Le déroulement du jeu est certes assez monotone, dans le fond, mais l'utilisation cumulée de ces quelques pouvoirs vous demanderont beaucoup de dextérité et de réflexes. Imaginez que... Non, je ne me lancerais pas dans une explication à base d'exemples incompréhensibles, ce serait un vaste trou noir dans lequel vous vous perdriez à coup sûr (genre une phrase alambiquée de RaHaN), mais concrètement, les véritables puzzles géants que représentent les "niveaux" que vous allez visiter sont tout simplement de plus en plus prenants. On finit par faire des numéros d'acrobate hallucinants, et le simple fait de les réussir est assez jubilatoire, ma foi. Et c'est d'ailleurs le principal intérêt du jeu. Le système de combat reste tout de même assez bien foutu, et il offre mine de rien une autre vraie nouveauté : grâce au moteur d'Assassin's Creed II, les développeurs peuvent faire apparaître jusqu'à 50 ennemis en même temps à l'écran, et les mêlées sont parfois assez jouissives, avec un système simple mais efficace qui mélange coups d'épées multidirectionnels, esquives, coups de pieds pour déséquilibrer et sauts en équilibre sur la tête de l'adversaire (pour ensuite faire une acrobatie et le slasher dans le dos avec classe). À cela s'ajoute une série de pouvoirs spéciaux, qu'on peut faire monter en niveau via une espèce de "sphèrier" dans lequel on dépense ses points d'expérience comme on le souhaite. La tornade (qui touche tous les adversaires alentours) devient ainsi de plus en plus puissante, tout comme le piège de feu (vous emprisonnez l'ennemi dans des flammes), le bouclier de pierre et l'épée de glace. Finir le jeu débloque d'ailleurs un mode "arène", dans lequel on affronte des vagues successives d'ennemis pour se défouler. Un ajout qui n'amuse pas bien longtemps, mais bon.

En définitive, ce Prince of Persia : Les Sables Oubliés revient aux sources aussi bien dans l'esprit que dans la réalisation, parfois, mais ce petit défaut n'empêche pas d'apprécier l'aventure à long terme. Grâce à une esthétique tout de même bien travaillée et surtout un gameplay très efficace. Cela dit, si l'on prend vraiment beaucoup de plaisir à progresser, notamment grâce aux nouveaux pouvoirs qui renouvellent bien l'expérience de ces "puzzles acrobatiques géants", on ne peut s'empêcher de penser que cet épisode fait une peu le "service minimum". Qu'on passe un excellent moment sur le coup, mais qu'on ne se souviendra pas de lui autant que de son illustre modèle. Un peu plus de risque, d'audace, et d'ambition n'aurait pas forcément fait de mal à la formule... mais le relatif échec de l'opus précédent a peut-être calmé les ardeurs d'Ubi à ce sujet !