La partie dure déjà depuis 60 minutes. L'équipe adverse, la rage aux dents, est aux portes de notre base, bien décidée à nous piétiner sans ménagement. Mes co-équipiers et moi les attendons de pied ferme près de notre tour, serrant les fesses et rassemblant toutes nos forces pour ne pas commettre d'erreur fatale.

En face, Electrician me nargue avec son bouclier pendant que le furtif Scout s'amuse à apparaitre et disparaitre, assénant à chaque fois un petit coup de dague sur l'un de nos pauvres creeps, qui s'effondre instantanément dans un beuglement de douleur. La tension est palpable.

Soudain, sorti de nulle part, Keeper, le gros arbre qui marche, fend le sol de ses redoutables racines et nous voilà tous pris au piège, figés sur place, impuissants face à la horde qui s'apprête à nous rouler dessus. Tout va ensuite très vite et avant que j'aie pu esquisser la moindre contre-attaque, ma barre de vie glisse dangereusement vers le rouge.

Heureusement, dans un ultime accès de survie, je réussis à me dépêtrer et cavale vers notre fontaine pour tenter de me régénérer. Encore quelques mètres et je serai à l'abri... C'était sans compter sur un éclair jailli du ciel qui me réduit en vulgaire tas de cendres. Thunderbringer, ce fourbe, veillait au grain et bien planqué à distance du champ de bataille, vient de m'asséner un coup fatal.

Electrician jubile. Ses petits camarades aussi. Et nous observons impuissants notre base se faire raser en quelques secondes. Defeat !

Caramba, encore raté

Dire qu'une partie de HoN est éprouvante pour les nerfs serait un doux euphémisme. Rarement une expérience multijoueurs aura été aussi intense. Je ne vous referai pas l'inventaire complet des principes de base, pour ça je vous invite à relire mes impressions sur le titre qui détaillent les mécaniques de jeu. Et pour ceux qui ont déjà joué à DotA, c'est la même chose. Mais en mieux.

Plutôt que d'essayer de réinventer la roue, les gars de S2 ont en effet préféré partir sur une base solide, qui a déjà fait ses preuves, en tentant d'améliorer ce qui pouvait l'être. Le jeu est-il pour autant parfait ? Presque. Au rayon des choses qui pourraient fâcher, citons d'abord une courbe d'apprentissage assez ardue.

Comme je l'expliquais dans mon précédent article, si le concept de base est relativement simple à appréhender, le nombre incroyable de possibilités tactiques et de combinaisons héros/objets nécessite d'y passer un temps certain avant d'en maîtriser tous les rouages, ce qui peut rapidement s'avérer frustrant pour les nouveaux venus.

Deuxième point noir : la communauté des joueurs, principalement des anciens de DotA, a un seuil de tolérance aux noobs relativement bas. Préparez-vous à vous faire traiter de noms d'oiseaux ou entendre des inconnus parler mal de votre maman. Certains diront que ça fait partie du charme de ce genre de jeu, d'autres trouveront cela rédhibitoire. À vous de voir.

Ta mère est tellement lente qu'elle fait jamais de deny

Mais c'est à peu près tout ce qu'on peut reprocher au titre. Les mauvaises langues ajouteront que HoN oblige à mettre la main à la poche pour pouvoir y jouer, mais c'est oublier un peu vite que même si DotA était un mod gratuit, il nécessitait de posséder Warcraft 3 et son extension The Frozen Throne qui, à ce jour, ne sont toujours pas généreusement offerts par Blizzard. Et puis bon, 30 dollars, c'est pas vraiment la mort non plus, surtout pour un jeu de cette qualité.

HoN n'invente peut-être rien, mais il perfectionne un gameplay déjà fantastique en éliminant presque tout ce qui posait problème dans DotA. Grâce aux serveurs dédiés, finies les parties qui tournent court parce qu'un joueur s'est déconnecté. S'il vous arrivait malencontreusement de perdre votre connexion au réseau, vous disposez de cinq minutes pour réintégrer le match. Et grâce à un système de pause, vous courrez moins le risque de mourir pendant ce laps de temps ou de perdre de précieuses minutes de farming.

Un joueur vous embête à faire n'importe quoi et ne semble pas vouloir écouter vos remontrances ? Votez son éjection de la partie et reprenez le match l'esprit serein une fois débarrassé de cet encombrant boulet. Vous pouvez même demander à rejouer le match dans les 15 premières minutes de la partie si vous sentez que les équipes ne sont clairement pas équilibrées. Bref, que du bon.

Quand y'en a plus, y'en a encore

Ajoutez à cela un système de matchmaking (et bientôt de team matchmaking) pour rejoindre rapidement une partie qui vous corresponde, une gestion des clans pour jouer avec ses potes et tailler le bout de gras avant les parties, le fameux PSR (Public Skill Rating) qui permet d'évaluer avec précision vos compétences et d'équilibrer au mieux les parties, sans oublier les replays intégrés pour revoir d'anciennes parties et essayer de comprendre pourquoi vous vous êtes fait plumer après à peine 15 minutes de jeu.

Graphiquement, le moteur 3D met une jolie claque au vieillissant DotA. Les héros ont un charisme fou et leurs différents pouvoirs sont servis par de jolies animations tandis que l'ensemble jouit d'une lisibilité exemplaire, même dans les combats groupés. Les effets sonores ne sont pas en reste et confèrent au titre une réelle identité qui invite à l'immersion.

Si HoN est sans conteste un jeu qui nécessite un investissement considérable pour en tirer toute l'essence, il en vaut clairement la chandelle. Nerveux, fun, faisant la part belle aux skills et n'accordant aucun droit à l'erreur, il offre une telle variété dans son gameplay qu'il serait criminel de passer à côté. Blindé de fourberies et autres coups bas, d'une grande portée tactique, c'est sans conteste l'un des meilleurs titres multi du moment. Et avec le suivi promis par S2 Games (nouveaux héros, nouvelles aires de jeu), nul doute qu'il a encore de beaux jours devant lui. À essayer d'urgence, si vous avez le cœur bien accroché et les nerfs solides.