Je vous préviens tout de suite, le scénario est ultra pourri et s'adresse avant tout aux petiots. La sorcière du village a fait disparaître la déesse des récoltes en utilisant un sort magique par inadvertance. Pour la retrouver, elle a envoyé 101 nains à sa recherche. Bien entendu, vous devrez vous joindre à cette pseudo quête qui vous conviera à devenir fermier malgré vous. On commence par taper son nom, puis ceux de ses compagnons animaux, avant de commencer le jeu. Déjà, l'indication "à partir de 3 ans" sur le boîtier du soft nous offre un indice crucial sur le niveau de prose qui nous servira de dialogues pour les différents protagonistes d'Harvest Moon DS. Et c'est vrai que là, on frise la cata, avec des textes d'une platitude mossienne à base de sujet-verbe-complément. Si la dialectique timorée des villageois nous rappelle continuellement que l'on a affaire à un titre destiné principalement à nos chères petites têtes blondes, en revanche, le principe étriqué du soft ne manquera pas de nous désarçonner par sa sophistication et sa complexité extrême.

Lost in the farm

Le grand problème d'Harvest Moon DS, c'est qu'on nous catapulte dans l'univers du jeu sans nous aiguiller sur ce qu'il faut faire, façon "démerde style". J'ai beau être sur ma 34ème année, je me suis pourtant senti perdu, noyé dans l'interface du soft. Alors pour un gamin de 5 ans, je ne vous raconte pas la purge, sachant qu'HMDS n'est pas dirigiste pour un sou... Cela dit, dès qu'on en a compris le principe, le jeu décolle dans une sorte de spirale de production kolkhozienne. En gros, il faut commencer par défricher ses terres en ramassant les bouts de branches qui y traînent en vrac, puis en bêchant les mauvaises herbes dans une répétitivité d'action aliénante digne du fordisme. A un niveau supérieur d'état de conscience fermier, vous serez capable de rassembler des matériaux pour commencer à construire votre ferme. Le terrain prodigue s'articulera autour de 6 éléments essentiels : un point d'eau (pour arroser vos plantes), une écurie (pour crécher le cheval), votre baraque (pour bouquiner peinard des ouvrages sur le jardinage), la niche (pour abriter les animaux domestiques), la boite aux lettres (pour les divers transports) et la maison de Takakura (le tôlier de votre mentor). Jusque là, tout est simple.

Comme dans la life

Potentiellement parlant, Harvest Moon DS fourmille de possibilités hallucinantes. On peut faire pousser des plantes comestibles, ou encore fabriquer ses propres outils de jardinage. Bien évidement, un système de levelling et de points d'expérience vous permettra aussi d'upgrader la puissance de vos outils, à condition de récolter assez de minerai et d'aller voir le forgeron du village. Selon la nature des légumes (maïs, tomate, concombre...) ces derniers nécessiteront plus ou moins d'eau pour pousser. Côté bétail, là aussi le gameplay verse dans la finesse. Il est possible d'élever des poules, des canes (gestion d'un incubateur à œufs !!!), des brebis et des vaches. Les bovins seront particulièrement difficiles à soigner au quotidien, car ils nécessiteront plus d'attention et d'amour. En contrepartie, ils vous garantiront une plus grande source de profit. Et parce que le jeu tente de singer la vraie vie, vous pourrez également faire la cour à 8 donzelles et déterminer l'élue de votre cœur en lui offrant une plume bleue. Que c'est poétique... De plus, selon la personnalité de votre dulcinée, il faudra lui mitonner de bons petits plats et la gaver de cadeaux en prenant garde à ne pas faire de gaffes. Le but ultime étant le mariage avec les petits bébés à la clé ! Ca ne rigole pas.

Chiant comme la life

Au niveau du concept, Harvest Moon DS est tout bonnement génial. Hélas, un peu comme dans Animal Crossing, je dois avouer que je me suis fait un peu chier à la longue. Jardiner et élever du bétail à la chaîne s'avèrent très répétitif, bien que le titre inonde de détails et de possibilités d'action astronomiques. Le thème du soft met en exergue la banalité de la vie à la ferme, et chaque épiphénomène devient du coup un événement spectaculaire, tant l'ennui s'installe subrepticement mais promptement. On aurait préféré latter quelques villageois entre deux séances de jachère, ou encore roxer du streums en PvP histoire d'échapper à une tension de jeu proche du caleçon sans élastique. Ca faisait longtemps que je n'avais pas goûté à un titre aussi soporifique et à l'ambiance aussi atone. Bref, vous l'aurez compris, mon cœur de joueur est partagé entre l'aliénation soviétique de l'activité fermière et un principe de jeu que je ne peux m'empêcher de trouver génial dans le fond. Je pense que la vérité se trouve entre les deux.