Le scénario de Wolfenstein est un savant mélange d'aventure délirante façon Indiana Jones, saupoudré d'action frénétique comme le veut la tradition des FPS. Blazkowicz, qui a déjà fait parler de lui dans les vénérables prédécesseurs de la série, est toujours un agent secret plus proche de Captain America que de l'espion normal. Ça tombe bien, c'est justement ce qu'on lui demande : nous faire rêver, avec sa chance insolente et son corps indestructible... Vu les missions qu'il se coltine, il aura besoin de ces qualités !

Super Blazkowicz

Votre périple va vous trimbaler dans une multitudes d'endroits, tous dignes des meilleurs films du genre : zeppelin géant, bases secrètes planquées dans des caves naturelles, ville aux rues détruites, égouts, etc. Ce jeu repique tous les poncifs du genre, et c'est un régal. La narration passe par de nombreuses cinématiques mais surtout par les personnages que vous croiserez. En discutant avec eux, vous ferez avancer le scénario principal et vous avez même la possibilité de choisir l'ordre de certaines missions. Un maquillage intéressant qui ne fait pourtant pas oublier que le tout reste très linéaire. Mais ne boudons pas notre plaisir, avoir des dialogues travaillés est plus que rare dans un FPS, profitons-en. Même si parfois, des bugs de script semblent atteindre la mémoire de nos alliés, qui radotent un peu...

Eternel recommencement

Seul problème, la ville d'Isenstadt qui sert de point central à toutes vos missions n'est finalement qu'un réservoir inépuisable à ennemis. Vous nettoyez un quartier, entrez dans un bâtiment pour discuter avec un personnage histoire de faire avancer le scénario et récupérer une nouvelle mission, et quand vous sortez, paf, c'est une fois encore plein de nazis belliqueux à abattre avant d'atteindre votre destination. Une manière un peu cheap d'allonger la durée de vie de la campagne alors que j'espérais un réel côte RPG... Autre point lassant, l'obligation de fouiller derrière chaque caisse pour dénicher or, indices et autres bonus. Ces éléments sont indispensables pour upgrader ses armes, ce qui est plus que nécessaire pour avancer sans trop transpirer, mais là encore, ça sent la rallonge artificielle de durée de vie.

Univers parallèle

Côté arsenal justement, Blazkowicz est bien équipé. Outre les classiques mitraillettes d'époque qui seront vos meilleures amies, on manipulera du lance-roquettes, du lance-flammes, du fusil de sniper, de la grenade, et tout une panoplie de bidules improbables allant du rayon désintégrant au canon à électrocuter. Certains ennemis spéciaux seront plus résistants voire carrément invulnérables à certains types d'arme, il faudra apprendre à s'adapter. Mais le cœur du gameplay repose sur un médaillon. Ce dernier permet à Blazkowicz de passer dans le "Voile" (Veil en VO), une dimension parallèle qui offre de multiples avantages : vision nocturne (on repère ses ennemis de loin), rapidité accrue, passages secrets dévoilés, etc. Pierre angulaire du scénario, cette dimension parallèle et l'énergie du Soleil Noir qui y réside sont convoités par les Nazis pour alimenter des armes terrifiantes. Mais vous leur volerez régulièrement des cristaux qui vont augmenter la puissance de ce médaillon et vous permettre de déjouer leurs plans. Vous pourrez alors ralentir le temps, augmenter la puissance de feu de toutes vos armes ou encore vous entourer d'un bouclier protecteur. Des pouvoirs qui auront besoin d'énergie pour fonctionner (facile à trouver) et qui seront de plus en plus puissants au fil de l'aventure.

La malédiction de la routine

Grâce au médaillon, le gameplay se permet quelques énigmes et variations bienvenues, mais malheureusement, passé les deux premières heures, on se désole que l'inventivité de Raven Software soit restée muselée. Le catalogue d'ennemis reste relativement faible et même si le bidasse de base sait se mettre à couvert et attaquer pendant que vous rechargez votre arme, il faudra attendre la deuxième partie de l'aventure pour trouver du super-nazi capable de vous tenir en haleine. Les boss sont aussi très classiques et faciles à battre. Comprendre la stratégie vous prendra quelques secondes et l'appliquer à peine plus longtemps.

Plus on est de fous...

Fans de combats entre potes, soyez prévenus : la partie multijoueur est le gros point noir de ce titre. Déjà boudé par les premiers acheteurs, je vois mal ce titre s'imposer ou même se forger une petite communauté de fans comme un Quake Wars a pu le faire. Développé totalement à part, on sent le manque de finition à tous les niveaux. Faire l'impasse sur le bêta test est rarement une bonne idée... Seuls trois Classes (Ingé, Médic et Soldat) et trois modes de jeu sont proposés : Team Deathmatch (classique), Stopwatch (quelle équipe pourra faire certaines actions le plus rapidement) et Objectives. Ce dernier est le plus intéressant. Dans une map scénarisée, une équipe tente d'accomplir une mission pendant que l'autre défend son terrain. Malheureusement, entre les armes à débloquer qui obligent à jouer avec des pétoires au début et le feeling du titre tout bonnement mauvais, l'intérêt n'est pas au rendez-vous. Ça bouge mal, c'est imprécis, et tout simplement pas intéressant. Vu la concurrence, pourquoi se forcer ? En prime, le studio responsable de cette partie du jeu a viré un gros morceau de son équipe, déjà seulement composée de 17 personnes. Bref, peu de chance que ça s'améliore soudainement, mais l'espoir fait vivre...

FPS Popcorn

Malgré une certaine déception côté originalité, Wolfenstein est un FPS solide et distrayant. Bien réalisé, malgré quelques bugs de script et imperfections graphiques, il offre de quoi s'amuser environ 7 à 12h selon votre niveau et votre patience : trouver chaque indice caché peut vraiment prendre du temps. Dommage que Raven rate le coche. On sent que ce titre tente d'innover sans jamais vraiment y parvenir complètement.