Ce n'est qu'au terme d'une longue épopée d'une quarantaine d'heures, après avoir parcouru le titre en long, en large et en travers, que votre serviteur rédige ces lignes, l'éditeur nous ayant envoyé une copie du jeu bien en amont. Cela m'a permis de noter tout ce que ce NieR Replicant apportait en matière de nouveautés, de l'ajout bienvenu de certains éléments de gameplay à la plus insignifiante ligne de dialogue supplémentaire.

La petite sirène

Nous n'allons pas revenir sur l'histoire alambiquée qui entoure les différentes versions de NieR (j'évoquais déjà la chose ici), mais retenez simplement qu'en lieu et place du père de Yonah, on incarne cette fois le frangin de celle-ci. L'objectif reste cependant le même : trouver un remède à l'étrange maladie qui ronge la pauvre enfant de l'intérieur et que l'on nomme nécrose runique. Très vite, notre héros devra se mettre sur la piste des vers scellés, sortes d'incantations magiques, puis des cinq fragments permettant d'accéder au domaine du Maître des Ombres.

Comme évoqué lors de la découverte du titre, NieR Replicant ne semble pas au départ enclin à dévier de la trame originale. Au bout de sept-huit heures cependant, deux nouveaux PNJ font leur apparition et se révèlent même être au centre d'une quête annexe inédite, mais en apparence anodine. On se doute bien que celle-ci ne sert qu'à introduire les personnages en vue de leur accorder plus d'importance par la suite, et c'est effectivement ce qui se produit dans la deuxième partie du jeu, avec une toute nouvelle séquence liée à un bateau échoué sur la crique de Littoral, la cité portuaire du jeu.

Lors de l'exploration de l'épave, notre héros fera la rencontre d'une certaine Louise, fillette à l'allure inquiétante et qui est au coeur de ce passage inspiré d'une des nouvelles du livre Grimoire NieR, uniquement paru au Japon. Cette séquence se conclut sur ce qui est sans doute le combat de boss le plus impressionnant du jeu, d'autant qu'en fonction de l'issue de celui-ci, deux variantes existent pour sa conclusion.

Emile et (pas d')images

Outre ce détour scénaristique inédit tenant sur une demi-heure, plusieurs nouvelles scènes émaillent l'aventure, mais uniquement à partir des autres fins du jeu. Car pour ceux qui l'ignoraient, NieR comporte plusieurs dénouements, tout comme Automata, à ceci près qu'au lieu de recommencer l'intégralité du jeu (comme c'était le cas pour la fin B du jeu de 2017), seule la deuxième partie doit être de nouveau parcourue pour accéder aux fins B, C et D. Ainsi, ces quelques nouvelles scènes voient par exemple Emile converser avec Kainé en dehors du village ou Popola et Devola échanger quelques mots à l'abri des oreilles indiscrètes. De nouvelles séquences narratives (les fameux passages de pure lecture) sont également consacrées au passé tortueux d'Emile.

Toutes ces scènes inédites, présentes uniquement à partir des autres runs, permettent d'apporter une petite plus-value au fait de devoir recommencer une partie du jeu pour accéder à de nouvelles fins. Hélas, cela ne change rien au fait que NieR comporte toujours autant d'allers-retours interminables entre les différentes sections du monde. Et le voyage par bateau n'est qu'une solution toute relative, puisque les temps de chargement demeurent encore trop longs sur cette version. Petite originalité : après avoir terminé le titre une première fois, il est possible de basculer sur la bande son d'Automata ! Encore une façon de redécouvrir le jeu sous un jour nouveau, même si certains choix de morceaux peuvent détonner pour quelques scènes.

Enfin, sans trop en dire, ceux qui seraient prêts à tous les "sacrifices" lors d'une certaine séquence finale (astuce : suivez l'ordre alphabétique) pourraient bien voir leur courage grandement récompensé par la suite...

Weiss, you dumbass !

Puisque ce NieR Replicant comporte un bon nombre d'ajouts scénaristiques, il a été décidé de procéder à un nouveau doublage intégral, avec le concours des comédiens déjà à l'oeuvre sur le titre de 2010. Ces derniers se sont conformés à l'esprit du jeu original : les fans ne devraient pas se sentir chamboulés et pourront retrouver une Kainé plus intrépide et attachante que jamais. Plus intéressant encore, l'intégralité des PNJ dispose d'une voix désormais, accentuant l'immersion dans l'univers du jeu. A noter la possibilité cette fois de basculer sur le doublage japonais, à partir du menu d'écran-titre.

J'évoquais déjà dans mes premières impressions le constat relativement mitigé sur la refonte visuelle du jeu. Après avoir parcouru Automata depuis, je serais plus indulgent aujourd'hui, NieR Replicant n'ayant absolument pas à rougir face à lui. Si certains environnements comme la Plaine Septentrionale ou le village semblent encore ancrés dans le début des années 2010, d'autres comme Littoral ou Façade, la cité des sables, paraissent bien plus beaux que dans le jeu original, grâce à un joli travail sur la lumière. Concernant les nouveaux modèles des personnages et notamment leurs visages, on s'y fait bien en fin de compte, même si on pourra regretter leur manque d'expressivité par moment.

Cette remasterisation de NieR se trouve être également l'occasion de proposer une réorchestration des morceaux de Keiichi Okabe et de ses comparses du studio Monaca. Le résultat, très fidèle à la bande son du jeu original, s'avère vraiment réussi, certaines compositions gagnant même en subtilité : Hills of Radiant Wind (le morceau associé à la plaine Septentrionale) ou bien The Prestigious Mask (que l'on entend à Façade) par exemple, magnifiées.

Automata-like

NieR Automata avait apporté un vent de fraîcheur dans le gameplay grâce à l'expertise de PlatinumGames, passé maître dans la création de systèmes de jeu ultra-dynamiques (Bayonetta en tête). Il était alors naturel que le studio Toylogic, en charge de ce remaster, s'en inspire pour proposer quelque chose d'approchant. Ainsi, le protagoniste un peu lourdaud du jeu de 2010 laisse place à un personnage plus virevoltant, qui peut désormais contourner en une fraction de seconde ses ennemis ou amorcer un contre après une parade réussie. Le verrouillage des opposants, absent du jeu original, n'est pas négligeable, de même que la possibilité de les achever d'un seul coup lorsqu'ils sont au sol.

Tous ces petits ajouts de gameplay rendent l'expérience de jeu plus agréable, d'autant que la fluidité est évidemment meilleure (sans être parfaitement stable non plus sur PS4) que sur la première version de NieR. Avec tout ceci, on aurait souhaité que l'I.A. adverse se montre moins attentiste et propose un challenge au moins aussi relevé que celui d'Automata. Ce n'est malheureusement pas le cas et il est tout à fait possible de parcourir le titre sans ne serait-ce que redouter un game over. Au rayon des nouveautés plus anecdotiques mais néanmoins appréciables, notons que le personnage se met à cavaler plus vite après quelques secondes de course et que la maniabilité atroce du sanglier, monture disponible sur les plaines, n'est plus qu'un lointain souvenir.

Encore plus accessoire, le DLC 15 Nightmares (aussi appelé The World of Recycled Vessel) est bien de la partie, bien que la question de son intérêt se pose au vu du manque de challenge proposé. Malgré tout, cela permet de récupérer de nouvelles armes et les tenues Kabuki et Samouraï, en complément des armes et tenues YoRHa, inédites elles à ce remaster. Tout ceci reste de l'ordre du cosmétique mais c'est toujours bon à prendre.