Wales Interctives, vous connaissez ? C'est un petit studio Gallois à l'origine de nombreux jeux plus ou moins narratifs sortis sur la dernière génération de consoles, avec plus ou moins de succès. Ici, ils nous proposent le petit Maid of Sker, un jeu d'aventure à tendance horrifique, que l'on pourrait parfois ranger dans la catégorie du Walking simulator et avec encore une fois une véritable actrice sur la pochette du jeu. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Iron Maid of Sker

Inspirés d'une histoire vraie, les faits de Maid of Sker prennent place en 1897 et nous proposent de suivre les aventures de Thomas, un musicien parti pour Sker, au sud-ouest du Pays de Galles suite à la réception d'une lettre d'Elizabeth, sa dulcinée, lue avec des textes français et des doublages anglais à l'accent so british. Dans ce courrier, sa chère et tendre lui explique qu'elle est séquestrée par son père, qui veut utiliser ses talents de chanteuse pour faire d'elle le symbole de la réouverture de son hôtel, comme sa mère l'était avant elle. Bien évidemment, l'occulte et ses dangers vont très vite invités à la fête pour notre plus grande terreur.

Dès son arrivée sur la côte, à la décente de son train, notre cher Thomas constate tout de suite que malgré les panneaux publicitaires célébrants la réouverture des lieux, tout semble à l'abandon depuis des années. Murs défraîchis, pelouse sauvage, l'endroit semble, dès le départ, hanté. Et ce ne sont pas les quelques apparitions spectrales ou les coups de téléphone d'Elizabeth en mode Silent Hill, qui nous demande de retrouver quatre cylindres de boites à musique, qui vont venir nous rassurer lors de l'exploration des environs. Ni les inquiétants golgoths aveugles qui rôdent dans les parages, avec leur chef, qui a emprunté son costume au Mr.X de Resident Evil 2.

Skerface

L'aventure vous conduira à mettre en lumière les agissements de la famille d'Elizabeth, et la vérité vous sera servie dans une note manuscrite, trouvée au bout de 45 minutes de jeu : on a vu des secrets et des twists mieux gardés ! Malgré tout, on prend plaisir à découvrir l'hôtel Sker, ses salles de sauvegarde et ses mystères, et on a envie d'en voir le bout, qui nous proposera deux conclusions différentes, au bout de la petite poignée d'heures (trois ou quatre) qu'il vous faudra pour terminer l'aventure.

Il y a un autre des aspects de l'hotel Sker qui sera lui aussi très séduisant : ses superbes décors. En jachère certes, mais magnifiques tout de même. La fôret du début, en journée, très contemplative sur le premier quart d'heure de jeu, donne le ton. La belle époque est là et possède toujours un charme fou. Des extérieurs du début, on passera vite à d'autres, mais une fois la nuit tombée. L'entame du jeu est très linéaire, se fait parfois sans aucune carte, et l'exploration des alentours, avec des grottes, un cimetière ou d'inquiétants jardins s'opère de façon plutôt décérébrée. Ce n'est qu'une fois rentré à l'hôtel pour la suite et fin de Maid of Sker, avec une clef essentielle, que l'on errrera un peu plus et choisir l'ordre dans lequel remplir nos objectifs. Et oui, la suite est moins scriptée, et on pourra se perdre dans les dédales de l'hôtel Sker, conçu pour piéger ses locataires, un peu comme un certain manoir Spencer, auquel on ne pourra s'empêcher de penser au fil de nos découvertes. L'architecture des lieux est plutôt réussie, même si au final, au vu format du jeu, on en aura plutôt vite fait le tour !

Sker Island

Enfin vite fait, le mot est grand. Dans Maid of Sker, on se déplace à pas de loups. En marchant, accroupi, parfois en sprintant. Mais souvent doucement. Thomas ne peut pas se défendre, a la capacité de franchissement d'une huître et l'aisance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, et les ennemis qui peuplent les lieux sont aveugles, mais sensibles aux sons. Attention aux objets qui vous entourent et qui pourraient vous trahir. Aussi, mécanique plutôt originale et nouvel ennemi, il faudra souvent retenir sa respiration sous peine d'être repéré, notamment dans les zones poussiéreuses, ou votre toux vous rendra aussi visible et indésirable que dans une rame de métro bondée en pleine épidémie de COVID-19. Certaines salles proposent des petites énigmes ou il faudra attirer les ennemis en activant un mécanisme bruyant pour libérer le chemin, mais le tout reste assez basique.

Malheureusement, le tout peine à convaincre là où il avait pourtant une carte à jouer : la peur. Si cette dernière se ressent très bien au niveau de l'ambiance, côté action, c'est autre chose. Les fuites sont bien souvent risibles. Tout comme les coups de vos adversaires, et l'animation de mort est ratée, et nous sort de l'horreur de la chose. L'I.A. des poursuivants, totalement aveugles, mais qui semblent aussi parfois sourds, rend la chose assez basique et simpliste. Ces monstres ne font vraiment pas peur. Et si un passage se révèle trop corsé, on pourra utiliser la bombe sonore que l'on trouvera lors de notre aventure. Malgré celan on passe un plutôt bon moment en compagnie de Maid of Sker, tout en disant tout du long que cela aurait gagné à être jouable en réalité virtuelle.