C'est le milieu de la matinée. La visibilité est bonne, le ciel dégagé. Mais justement, aborder un virage avec le soleil dans les yeux pourrait être fatal. Les apex sont souvent invisibles, je dois faire appel à ma mémoire pour ne pas perdre de temps. Ce grand droit passe normalement à fond, mais si je dévie de 10 cm, je risque de toucher le mur. Hors de question de perdre une seconde en relâchant la poignée. Ça passe. Le paysage défile à 320 Km/h, le bruit sourd des arbres sur la route provoque une acoustique stroboscopique. Je suis vivant ! Le prochain virage est déjà devant moi, encore un peu moins de 20 minutes de combat.

Le mythe, mais pas seulement

Tout est dans le titre. TT Isle of Man 2 vous propose une nouvelle fois de défier la mort (heureusement virtuelle) sur ce tracé de 60 km rythmé par ses 264 virages. Ce tracé est fidèlement reproduit et on peut immédiatement se rendre compte que les pilotes qui roulent sur ces routes ont un problème psychiatrique. Il y a des trottoirs dans tous les sens, des bosses, des creux, des murets, des passages étroits... Tout doit se négocier le plus vite possible. Et le plus vite possible, c'est de préférence aux alentours des 300 Km/h.

Mais alors que le tracé de l'île de Man était au centre du premier volet, ce n'est pas avec lui qu'on vous demande de commencer dans cette suite. Le tracé de Snaefeld Mountain est ici la finalité, le point d'orgue de la saison de Tourist Trophy du championnat d'Irlande. En conséquence, vous aurez l'occasion de rouler sur 8 tracés irlandais et 9 autres au Royaume-Uni. De quoi lâcher l'étiquette monomaniaque qui était celle du jeu sorti en 2018.

De plus, si on découvre des circuits fermés (comme sur l'aérodrome de Creagh), il y a de nombreuses sections à travailler individuellement. Les parcours sont longs et se roulent à divers moments de la journée et par toutes les conditions climatiques (pas de pluie battante et c'est normal).

Une véritable carrière

TT Isle of Man 2 vous propose une vraie carrière cette fois. Vous aurez ainsi la possibilité de faire des choix en gérant un calendrier des courses qui remplace habilement les traditionnels modes facile/normal/difficile. L'année se découpe en tranches sur trois niveaux. Ces derniers représentent à chaque fois un niveau de difficulté distinct avec des récompenses en rapport avec les risques.

La saison débute en juin et s'articule autour des catégories 600, 1000cc et classique dès que la première année est écoulée. Ce mix de catégories et d'épreuves apportent au jeu une versatilité qui lui faisait auparavant défaut. C'est très rafraîchissant. D'autant plus qu'il est possible d'aller se promener librement en allant relever des défis dans des zones spécialement prévues pour et surtout, débloquer de nouvelles pièces. La gestion de toutes ces courses est dictée par les avantages. Les avantages, c'est la pincée de sel qui va relever toutes vos courses.

Répartis en quatre catégories (Mécaniciens, Ingénieurs, Assurance, Influence), ils peuvent vous faire débuter la course avec des pneus chauds, réduire leur usure, vous rapporter plus d'argent ou de réputation. Ce sont eux, qui en plus de vos goûts vont dicter vos choix de courses afin de mieux préparer les épreuves importantes qui se profilent. Il ne sert à rien d'utiliser un avantage qui réduit grandement l'usure de vos pneus si votre course est courte.

A côté de cela, on gère toujours sa réputation (équivalent de l'XP qui va débloquer de nouvelles épreuves) en gagnant des courses et il ne faut pas oublier l'argent, qui vous permet d'acheter de nouvelles motos et de nouvelles pièces pour rendre celles-ci plus performantes.

T'attaquais toi ?

Les performances des motos sont variables et bien sûr affectées par les aides que vous allez activer ou non. Les aides à l'antipatinage pour éviter de perdre l'adhérence, pour éviter également de partir en soleil à chaque fois que vous essorez la poignée. Mais bien sûr, le plaisir de pilotage est maximum lorsqu'il vous faut doser l'accélération et gérer votre engin avec tact et finesse.

Plus encore que dans le premier opus, on arrive à bien sentir la moto. Le comportement en fonction du modèle change et le remplacement des pièces a une réelle influence sur la conduite. Ajoutez à cela des conditions atmosphériques changeantes et vous avez un tableau riche des situations de conduite. En 1000cc et avec les motos historiques, vous allez apprendre ce que c'est que de maîtriser la puissance. Heureusement, les sensations sont excellentes et les diverses vues plus ou moins immersives toutes pratiques.

Ainsi, la tension ressentie au guidon est bien réelle. Ici, pas de retour en arrière en cas de faute. La sanction est immédiate et c'est la chute. Si vous décidez de recommencer la course, vos gains seront amputés de 10% (certains avantages peuvent pondérer ce malus). Vous devez donc vraiment gérer votre course ! Vos trajectoires et votre vitesse changent aussi au fil des kilomètres. Les pneus s'usent, la moto s'allège en consommant son carburant et elle devient plus maniable, mais aussi plus vive et pointue. L'équilibre entre performance et assurance est à évaluer en permanence.

Le plaisir ne serait-ce que de finir une course sans avoir chuté est énorme. Le jeu est cependant globalement plus abordable et moins frustrant que son prédécesseur. Cela n'enlève rien à ses qualités et permet désormais de le proposer à un public bien plus large. Vous pouvez donc vous y essayer si vous ne chevauchez pas un deux roues et si vous êtes motard, l'offre n'étant pas pléthorique, TT 2 sera du plus bel effet dans votre ludothèque.