Avec Wunderling, le studio suédois Retroid nous propose ainsi de changer de crèmerie, et de nous plonger durant quelques heures dans la peau d'un grouillot de base, obligé de gagner sa croûte en donnant régulièrement sa vie pour servir son maître. Servir le camp des "méchants" se révèle être une tâche tout ce qu'il y a de plus ingrate : à moins d'être le boss de fin que tout le monde craint, l'herbe n'est finalement pas toujours plus verte ailleurs.

Bêta-carotest

Le jeu de plate-forme coloré commence pourtant de la plus "cliché" des manières, puisque vous y incarnez brièvement le personnage de Carrot Man, un héros souriant, sûr de lui, et toujours prompt à faire montre de ses capacités cheatées afin d'humilier ses ennemis. Bref, un sale type qu'il va falloir faire redescendre sur terre, grâce à vos pouvoirs de mob lambda tout ce qu'il y a de plus basique. Seul problème : le gusse est rapide, ce qui n'est clairement pas votre cas. Vous voici donc mollement lancé à ses trousses, à travers plusieurs dizaines de niveaux aussi inventifs que géniaux, continuellement poussé au crime par une sorcière arriviste qui enchaîne les punchlines à la vitesse d'un Traz des grands jours. Autant vous dire qu'on va se régaler. Surtout les anglophones en fait, Wunderling n'ayant pas été traduit. Ce qui n'empêchera personne de profiter de son gameplay finement ciselé.

En avant toute

Le principe de Wunderling est somme toute assez simple, puisqu'il suffit sur le papier de traverser des niveaux en deux dimensions en évitant de (trop) mourir pour passer à la suite, et tout recommencer. Mais l'exercice se complique un peu plus lorsque l'on découvre que ce pauvre mob avance tout seul, et qu'il va donc falloir composer sans décider de son rythme, ou presque. Sans parler de la barre de vie qui décroit si l'on ne prend pas la peine de faire éclore des graines de tournesol sur son passage. Pas le temps de niaiser, il faut être e-ffi-ca-ce. L'astuce n'est pas nouvelle, loin s'en faut, mais Wunderling se démarque bien vite de ses nombreux concurrents par la grande ingéniosité de son level design, articulé dans les moindres pixels autour de cette contrainte de gameplay. Chacun des 15 stages qui composent les six mondes du jeu regorge de collectibles à récupérer, qui révèlent petit à petit leur subtilité insoupçonnée, et finirons pour les plus accro par vous retourner le ciboulot.

Incroyable Transformation

Chaque premier run sera d'abord consacré à trouver la sortie tout en évitant les pièges de plus en plus nombreux qui se dressent sur votre chemin, mais l'histoire ne s'arrête certainement pas là. Il y a d'abord ces tournesols à récolter, un exercice auquel on s'attellera avec d'autant plus d'entrain qu'elles restent comptabilisées, même en cas de décès prématuré. Chaque stage renferme aussi un coffre, plus ou moins caché, qui abrite un item vous permettant de modifier l'aspect de votre anti-héros, des pieds à la tête. Ça n'a l'air de rien, mais la variété de ces objets et leur simplicité d'utilisation donne rapidement envie de tous les débloquer, car ils permettent en quelques secondes de complètement changer de look, et de se permettre absolument toutes les folies. La variété des captures d'écran de ce test en sont la preuve, et cette simplicité d'utilisation est clairement pousse-au-crime, vous incitant bien vite à jouer la carte du 100%. Et il faudra pour cela se creuser la tête, jusqu'à inverser le fonctionnement de certains niveaux, qui prennent alors des airs de puzzles insoupçonnés.

On court sur la tête

Mais ce n'est pas tout : de temps à autre, une cassette audio viendra corser un peu plus l'exploration, et commencera à vous faire sortir des sentiers battus. C'est qu'à l'instar d'un Donkey Kong Country, les passages secrets sont légions, et les joueurs les plus curieux vont se voir obligés d'expérimenter pour parvenir à leurs fins. C'est là que le level design révèle toute sa splendeur, puisque chaque environnement peut se parcourir de différentes façons, et les surprises sont très nombreuses dès lors que l'on commence à comprendre que tout est permis. Le jeu s'autorise d'ailleurs de progressivement complexifier ses mécaniques, y ajoutant un dash, un wall jump, et de nouvelles interactions environnementales au fur et à mesure de l'aventure, et ce jusqu'au tout dernier niveau. Ajoutez à tout cela la possibilité de voler, de changer de direction en touchant un mur et la présence de trampolines au nuancier varié, et vous obtenez là un cocktail explosif, inventif et festif, d'autant plus que Wunderling se paye le luxe de proposer un pixelart de bien belle facture, qui fait honneur à chacun des différents environnements. Ah, et je ne vous ai pas encore parlé des niveaux cachés, et des lettres à débloquer, et...