Une histoire de vengeance

Allez zou, c'est le moment d'insérer l'UMD dans la portable de Sony. Des tonnes de logos défilent à la chaîne sur l'écran, retardant mon envie roborative de me lancer dans une aventure à base de flibusteries et autres menus larcins. Puis commence une cinématique que je qualifierai de kojimesque par sa mise en scène et sa longueur assommante. L'intrigue se déroule alors telle une femme de ménage qui finit sa course jusqu'au bas des escaliers : tandis que vous êtes sur le point de fêter une rentrée d'argent importante lors d'un auguste dîner familial, un malfrat au charisme anxiogène débarque sans bonjour ni merci, vous taxant votre dernière bière dans le frigo et en faisant de vos parents ses esclaves. Mais c'était sans compter sur votre positive attitude qui vous a permis de vous enfuir et de vous cacher, juste le temps de prendre de l'embonpoint et de devenir assez fort pour pouvoir revenir sauver votre famille, prise au piège des griffes de ce malotru. Bref, de l'eau a coulé sous les ponts et vous voilà aujourd'hui dans la peau d'un jeune homme intrépide à la carrure bien râblée. L'heure de la vengeance a enfin sonné !

Un syncrétisme pluriel

Déjà, il faut commencer par choisir la nationalité de son navire (français, hollandais, espagnol, anglais) avant de se lancer à corps perdu dans la conquête des océans. Le soft se divise en plusieurs phases, et mélange de façon savante plusieurs types de gameplay. Il y a tout d'abord le mode aventure, avec une réalisation en 3D et un système de choix d'actions très simpliste. Il suffit de faire défiler ces dernières sous forme de textes pour vous déplacer rapidement d'un lieu à un autre ou parler à des personnages. Le même système est également utilisé pour répondre à vos interlocuteurs grâce à un choix éclectique de phrases que vous sélectionnerez après avoir mûrement préchauffé votre ciboulot. Ensuite il y a la navigation de votre bateau et les nombreuses batailles navales, qui se déroulent comme dans un banal titre d'action pure et dure. Enfin, le troisième et dernier aspect du soft se trouve être la gestion. Ici, il s'agira de commercer avec les nombreux marchands des différentes îles, de gérer ses stocks de munition et de vivres en usant des règles élémentaires de management que l'on vous apprend à la ramenarde école de l'ESSEC. En somme, il va être difficile de s'ennuyer ferme avec ce programme. Du moins, je l'espère pour vous.

Un soft captivant

On appréciera dans Sid Meier's Pirates ! l'immense sentiment de liberté quant au pouvoir d'aborder comme bon nous semble l'intrigue du soft. A ce niveau là, on flirte avec l'ultralibéralisme de Milton Friedman, mais ceci est une autre histoire. L'autre grand plaisir du titre résidera dans l'intelligence docte qu'il faudra déployer pour devenir un véritable Loup de mer. En effet, il offre une véritable profondeur de jeu avec ses challenges de gestion très poussés qui ne se limitent pas qu'à des bêtes statistiques mathématiques, mais nécessitent en sus votre sens du relationnel (renforcer les liens tissés avec les autochtones, driver votre équipage d'une main de maître...) et de la stratégie (développer la puissance de son navire et de son armement). Et si on ajoute à cela que le soft est d'une beauté à se crever un œil de plaisir, ce qui tombe plutôt bien pour avoir un look de pirate, vous obtenez avec ce titre vidéoludique un syncrétisme génial et subtil pour qui rêve d'épopée épique et d'un gameplay sans cesse renouvelé, placé sous le signe de la pluralité. Deux secondes, je reprends ma respiration. Voilà. Il faut dire que je tombe littéralement sous le charme du jeu et décrète officiellement qu'il sera mon nouveau compagnon attitré lors de mes brèves virées matinales... dans les gogues ! Ne vous y trompez pas : venant de moi, c'est une marque d'affection ! Bref, un jeu digne de figurer dans votre ludothèque de piratin des mers sur PSP.