Résumer le scénario d'un épisode de Yakuza pour les besoins d'un test n'est pas une mince affaire. Le faire pour trois jeux serait clairement compliqué. Comme de toute façon, un Yakuza, ça se joue, ça ne se lit pas, mieux vaut laisser aux joueurs la découverte des trames pour le moins denses de ces trois épisodes (et nos tests originaux de ces trois épisodes sont toujours disponibles sur le site). Yakuza oblige, les trois titres inclus dans The Yakuza Remastered Collection traitent de conflits au sein de la mafia japonaise.

Mais ils sont très loin de n'aborder que ça. Yakuza 3, 4 et 5 se déroulant dans des régions différentes et mettant en scène des protagonistes tout aussi différents, de nombreuses autres thématiques émergent : politique, famille (Yakuza 3 a été un véritable tournant pour le caractère de Kazuma Kiryu), amour, immigration, show business, immobilier, etc. Alors oui, il y a parfois des retournements de situation un peu tirés par les cheveux et des complications farfelues, mais cela contribue au charme de la série. Pour qui aime le drama à la japonaise, difficile de trouver mieux que la série des Yakuza. Et comme dans tous les épisodes de la saga, le scénario principal très sérieux est en totale opposition avec des quêtes annexes vraiment décalées et humoristiques.

Yokoso Japan

Une fois n'est pas coutume, ces histoires sont servies par une distribution de grande qualité et accompagnées de musiques tout aussi réussies. Et puisque c'est un sujet qui revient systématiquement dès qu'il est question des jeux Yakuza en France, il convient de préciser que les trois titres présents dans ce coffret ne sont pas traduits en français. Les voix sont en japonais et les sous-titres sont disponibles uniquement en anglais. Pour ceux que la langue de Shakespeare ne rebute pas, il peut être noté que la traduction des trois jeux a été refaite par l'équipe de SEGA of America qui traduit les épisodes de Yakuza depuis Yakuza 0. Un gain de qualité de traduction et une plus grande cohérence avec les épisodes plus récents peuvent donc être notés.

Ce qu'elle permet en matière de tourisme virtuel a toujours été un des points forts de la série des Yakuza. The Yakuza Remastered Collection fait fort à ce niveau là au sens où elle permet non seulement de redécouvrir l'évolution de Kamurochô au fil des épisodes, mais aussi de visiter virtuellement plusieurs régions du Japon : Okinawa dans Yakuza 3, Osaka, Sapporo, Nagoya et Fukuoka dans Yakuza 5. Et si le soin accordé à la reproduction du Kabukichô de Tokyo, dont s'inspire grandement Kamurochô, est désormais légendaire, le même constat peut être fait à propos de toutes les autres zones pouvant être parcourues dans cette collection de jeux. Pour qui n'a jamais pu mettre les pieds au Japon, The Yakuza Remastered Collection est une alternative virtuelle réellement intéressante.

Enfin de la HD

D'un point de vue purement technique, Yakuza 3, 4 et 5 n'ont jamais été aussi beaux qu'ils ne le sont dans The Yakuza Remastered Collection. Sur PS3, ces trois jeux ne tournaient pas en HD et souffraient d'un aliasing très marqué. Sur PS4, le jeu s'affiche en 1080p (1440p sur PS4 Pro) et cela se voit clairement. L'aliasing est beaucoup moins présent et les décors sont désormais bien plus agréables à l'oeil. De plus, Ryu Ga Gotoku Studio s'est payé le luxe d'augmenter le nombre de PNJ présent à l'écran. Pour qui s'est déjà rendu à Kabukichô, la fréquentation des rues paraît désormais plus réaliste. Ces trois remasterisations permettent par ailleurs de constater l'évolution visuelle des jeux de la série au cours de la génération PS3. Yakuza 3 est clairement le titre qui a le plus vieilli (mais il bénéficie grandement de l'augmentation de sa résolution). Le gap qui le sépare de Yakuza 4 saute aux yeux. Yakuza 5 utilise quant à lui le moteur qui a servi par la suite de base à Yakuza 0. C'est donc clairement l'épisode inclus ici le plus agréable à l'oeil. Histoire de chipoter, il est possible de remarquer que les cinématiques précalculées ont pris un petit coup de vieux et souffrent de la présence d'artéfacts. Mais cela n'empêche pas, bien heureusement de profiter de l'histoire.

Pour ce qui est du gameplay, il n'y a pas eu de changement (les joueurs qui enchaîneront les trois titres à la suite pourront remarquer que Yakuza 3 est le plus corsé du coffret). Les phases de jeu se découpent toujours entre exploration et Beat 'em All saupoudrées de RPG avec un système d'évolution des compétences des personnages et de loot. Les jeux gagnent cependant grandement en fluidité et en dynamisme car ils tournent désormais en 60 fps (et les temps de chargement et de transitions présents sur PS3 ont été sensiblement réduits). À noter par ailleurs que le moteur de chacun des jeux n'ayant pas été changé, les allergiques aux murs invisibles risquent de râler à nouveau.

Des jeux sans fin (ou presque)

La série des Yakuza est réputée pour proposer des jeux très généreux en contenu. Étant donné qu'il est ici question d'une compilation de trois Yakuza, le joueur se retrouve face à une véritable avalanche de choses à faire. Et ce n'est sans doute pas une mauvaise chose. En plus de la quête principale de chacun des trois jeux, qui demande à chaque fois plus de dix heures pour être bouclées (ce compteur peut monter bien plus haut en fonction du style de jeu de l'utilisateur), ce coffret vous met face à des centaines de quêtes annexes et des dizaines d'activités. Et ces dernières sont toutes de qualité et variées. S'il est possible de golfer à Okinawa dans Yakuza 3, d'aller se faire masser à Kamurochô dans Yakuza 4, il est tout aussi possible de chasser dans les montagnes enneigées de Sapporo dans Yakuza 5.

En plus des activités spécifiques à chaque épisode se trouvent aussi les classiques de la série dans lesquels il est aisé de "perdre" beaucoup de temps : bowling, billard, cages de baseball, jeux de hasard asiatiques, salles d'Arcade (mention spéciale à celles de Yakuza 5 qui permettent de jouer à Virtua Fighter 2 ainsi qu'à une mini-version de Taiko no Tatsujin) ou encore du karaoké. À propos de cette dernière activité, il convient de noter que pour la première fois de l'histoire de la série, il est possible de bénéficier des traductions en anglais des paroles des chansons. C'est un petit détail qui ne manquera pas de faire plaisir aux fans des excellentes chansons de karaoké de la série.

Lost and Found in Translation

Et si The Yakuza Remastered Collection déborde de choses à voir et à faire en l'état, elle est, grâce à la remasterisation de Yakuza 3, plus riche que ne l'était l'addition des trois jeux dans leurs versions PS3 occidentales originales. En effet, pour la sortie de Yakuza 3 en Europe et en Amérique du Nord en 2010, SEGA avait officiellement jugé que certains contenus étaient "incompatibles" avec le public occidental.

Ces derniers, qui étaient principalement les bars à hôtesses et les quêtes annexes associées, avaient par conséquent été purement et simplement supprimés du jeu. Cette décision, à l'époque présentée comme "commerciale," a toujours été vivement critiquée par les fans de Yakuza. Pour les besoins de la version remasterisée du jeu, la maison de Sonic a pris la sage décision de rétablir ces éléments enlevés à la va-vite. Ce qui signifie que même les fans de Yakuza de la première heure vont pouvoir découvrir certaines choses pour la première fois en jouant à cette compilation.

Cela étant dit, quelques éléments de moindre importance ont tout de même été remplacés ou effacés de cette compilation. Une poignée de quêtes annexes de Yakuza 3 jugées transphobes mettant en scène un homme travesti ont été supprimées. Tout comme une quête annexe associée à un jeu d'Arcade intraduisible de la version originale du jeu (ce jeu a lui aussi été supprimé, y compris dans la version japonaise PS4 de Yakuza 3). Les hôtesses de Yakuza 3, si elles sont cette fois bien présentes dans leur véritable rôle, n'ont pas la même apparence qu'à l'époque. Le personnage de Masayoshi Tanimura, un des héros de Yakuza 4, a lui aussi changé d'acteur, et donc d'apparence, car son interprète original a pris sa retraite du show business des suites d'une affaire de drogue.

Enfin, quelques chansons et placement produits ont été remplacés pour des raisons de droit (cocorico, il est toujours possible d'acheter de l'Orangina dans Yakuza 5). Si ces modifications méritent d'être soulignées pour les fans les plus hardcores de la série, les joueurs qui découvrent ici ces trois titres pour la première fois ne bénéficieront clairement pas d'expériences amputées d'éléments majeurs.