Earth Defense Force est une institution. On ne compte plus les fourmis géantes écrasées au lance-roquette dans cette géniale série shooter à la troisième personne, délicieusement décérébrée, qui reprend habilement les codes des séries Z japonaises. Au milieu des cinq épisodes principaux, on dénombre désormais deux titres qui s'apparentent plus ou moins à ce que pourrait être un spin-off. Le premier, c'est Insect Armageddon, sorti en 2011 sur PS360. Il proposait alors une démarche plus qu'originale puisque le fantasque éditeur nippon d'EDF, D3 Publisher, avait depuis peu investi aux états unis dans le Studio Vicious Cycle. Récit.

Catch : Insecticide en spray, tous insectes volants.

De ce mariage américano-japonais a résulté la sortie de quelques titres notables, dont le parodique et délirant Eat Lead : The Return of Matt Hazard, que je vous recommande chaudement, mais aussi d'Insect Armageddon donc, dernier projet original du studio avant sa fermeture. Le pari était alors osé : transposer l'essence d'EDF dans un jeu à l'américaine, comme si la licence entrait en contact avec Gears of War et Call of Duty. Le résultat était donc sensiblement différent en termes de jouabilité et de sensations, et la direction artistique globale se voulait plus sérieuse. Après trois jeux, le concept était rafraîchissant, mais manquait tout de même d'un peu d'envergure, et on était bien content de retrouver une vraie évolution de la formule nippone classique avec EDF 2025.

Huit ans plus tard, c'est sur PS4 que sort le second dérivé, et c'est bien évidemment l'Iron Rain dont nous allons parler aujourd'hui. Cette fois-ci, on reste au Pays du Soleil Levant, puisque c'est le studio Yuke's basé à Osaka qui est aux commandes. C'est très surprenant et c'est un nom qui va évidemment évoquer pas mal de choses à de nombreux fans de pugilat sur ring à coup de chaise, dont, bien évidemment, à notre cher Romain national. En effet, Yuke's participe à l'élaboration des plus grands jeux de catch du monde du jeu vidéo depuis près de 25 ans. Genre WWE 2K19, récemment, pour ne citer que lui. Ils possèdent même plus de 50% des parts dans la ligue majeure de catch japonaise, et éditent eux-mêmes les DVD des combats ! Ces mecs ont tout compris.

En attendant, c'est bel et bien eux à qui D3 a confié la tache de développer un épisode d'EDF un peu spécial, puisqu'il devait être pensé à la base pour plaire à un public occidental, avec une sortie mondiale, contrairement aux épisodes canoniques principalement destinés au marché japonais. Une mission à la hauteur de Yuke's, avec leur vraie expérience dans l'international, mais aussi grâce à leur travail sur l'adaptation en jeu vidéo de Pacific Rim. Mais trêve de plaisanteries, et intéressons-nous vraiment à ce que vaut Earth Defense Force : Iron Rain.

La classe américaine

Quand on lance EDFIR et qu'on navigue dans ses menus, la première bonne surprise, ce sont les textes affichés à l'écran, en français. La deuxième, c'est la présence des voix japonaises en plus des voix anglaises. Clairement pas une des habitudes de la maison. Mais il faut se donner les moyens de ses ambitions. Clairement, de vrais efforts de narration sont faits, avec pas mal de cinématiques, notamment contre les nouveaux ennemis ou boss qui ont presque tous droit à une petite mise en scène. Quelques attaques aériennes scriptées sont aussi de la partie, et une faction ennemie humaine, la Rébellion, veut aussi sa part de loot alien. D'autres passages un peu plus triviaux sont au programme entre les missions, avec des discussions parfois surréalistes. L'ensemble reste plutôt agréable à suivre, malgré un côté un poil moins kitsch que ses modèles. Au niveau des environnements visités, on retrouve du classique avec de la mégalopole aux multiples buildings en carton qui se détruisent en un instant, de la plage, des sous terrains, mais aussi un concept de ville américaine déjà aperçu dans Insect Armageddon. Quelques lieux assez classes et exotiques comme le Grand Canyon seront aussi du voyage.

On y retrouvera les classiques fourmis géantes, accompagnées de leurs amies les araignées qui crachent désormais leur petits, de la taille d'un gros chien, sur vous. Les robots géants sont plus badass que jamais, les soucoupes volantes toujours aussi nombreuses, et quelques joyeusetés font leur apparition, comme de gigantesques cafards qui crachent du feu par le postérieur, mais aussi des crabes géants de l'Enfer qui auraient eu leur place dans DOOM. On a aussi croisé d'autres classiques, comme une copie de Godzilla, ou des hexapodes géants régurgitant des ennemis. Et pour venir à bout de tout ce bestiaire assez délirant et varié, on dispose d'épées assez classes, de lasers autoguidés, de frappes-satellite, mais aussi des trucs plus classiques comme un bon vieux lance-roquette des familles ou un très fiable fusil d'assaut. Clairement, même si ce n'est pas tout à fait l'EDF que l'on connaît, il a quelques argument pour séduire grâce à son univers assez original, taillé pour plaire au plus grand nombre.

Bataillon d'exploration

Dans EDF Iron Rain, vous pourrez castagner des fourmis en solo, en duo avec écran partagé à l'horizontale, ou en ligne avec 5 autres chasseurs pour la campagne principale. Un autre mode est disponible, mais reste anecdotique et peu fréquenté : du compétitif où l'on se bat, en arène, contre des vagues de monstres de plus en plus chauds, mais aussi contre l'équipe adverse ! On marque des points en ramassant des gemmes au sol et en les déposant en banque. Amusant, juste un temps. Même en campagne, dès les premiers combats contre des hordes de fourmis, on remarque qu'on ne loote plus de coffres, mais des gemmes. L'achat de nouvelles armes, compétences, ou points de vie, se fait désormais à la boutique, et ces derniers se déverrouillent au compte-goutte. Niveau feeling manette en mains pendant les combats, forcément, on est sur quelque chose de très différent. La caméra peut désormais changer de position pour venir se placer derrière l'épaule pour plus d'immersion. Mais le premier contact est lourd, pataud. On sent une certaine rigidité dans les commandes. Il faudra alors apprendre à utiliser les capacités de nos personnages, avec 4 classes différentes, qui partagent tous les même armes. Leurs pouvoirs sont plus qu'utiles : un dash pour le soldat, avec un nombre d'utilisations et un cooldown ; la Wing diver peut toujours voler, bien qu'elle perde ses armes originales dans la bataille ; le lourdaud porte un bouclier, et deux fois la même arme ; la classe de soutien disparaît, puisqu'on doit désormais acheter un véhicule ou un objet pour l'équiper. Elle est remplacée par une nouvelle, qu'on croirait tout droit sortie d'Attack on Titans.

En effet, avec deux grappins à la taille, on se prend pour Spider-Man, et vole de toit en toit de façon assez classe. Forcément, c'est un peu plus bancal que dans l'adaptation à la sauce Musô du manga cité précédemment, mais foncer sur un ennemi sabre en main, à essayer de lui viser la nuque - quand il en a une - est assez classe. Tout le monde dispose d'un Overdrive, qui fait tirer plus vite, plus fort, et tout un tas d'autres choses, et notre ami chasseur de titan peut quand à lui contrôler une créature et attaquer les autres avec. Sympa. Certaines classes sont plus adaptées que d'autres pour certaines missions, avec des objectifs parfois différents, et la progression en campagne est partagée entre tous les héros, ce qui ne poussera pas à la rejouabilité habituelle d'un des jeux de la série. Avec sa progression originale, son feeling différent dans les sensations de combat, EDFIR détonne. Mais il n'en reste pas moins plutôt agréable à parcourir malgré son évidente grande répétitivité. Graphiquement parlant, c'est un peu mieux que d'habitude, dans un style évidemment différent, mais on reste loin, très loin de la vitrine technologique. Le contrat semble donc rempli, puisque malgré quelques réserves, sur la progression, le feeling, on retrouve le plaisir assez simple et basique d'un EDF avec Iron Rain et son approche volontairement biaisée.