En préambule, il faut bien préciser que Dirt Rally 2.0 n'est en aucun cas une suite de Dirt 4 qui était tourné vers un public plus large. Ce Dirt 2.0 s'oriente clairement vers le Rallye et le Rallycross et ce sans concessions vers les sirènes de l'arcade, comme vous allez pouvoir le découvrir dans les lignes qui suivent.

On tourne en rond ?

Commençons par nous débarrasser des lieux communs et des quelques chiffres qu'il faudra donner dans cet essai. Une cinquantaine de véhicules font partie du garage. Même si vous n'avez pas accès à l'ensemble des bolides en mode Carrière, vous pouvez déjà en conduire un grand nombre dès le départ. Elles sont assez facilement accessibles, tout comme les 6 environnements à parcourir, que ce soit en spéciales de Rallye classique ou en Rallycross.

C'est bien peu au regard de jeux comme Forza ou Gran Turismo diront les chauffeurs du dimanche. C'est largement suffisant pour ceux qui sont plus pointus et élitistes dans leurs choix. La plupart des voitures qui ont fait les belles heures des années 70 et 80 sont présentes et on sent dans les vidéos de présentation que Codemasters s'adresse aux fans de la première heure. Ces derniers ne seront pas déçus par le contenu, car la difficulté du jeu fait qu'il faudra passer de nombreuses heures à maîtriser à la fois les voitures et les tracés proposés. Dans cette optique, il est inutile d'avoir 500 bolides et 20 environnements si on laisse la moitié de la carrosserie au bout de 100m.

Une longue carrière

Dirt 2.0 fait le boulot pour les modes de jeu. On retrouve un mode Carrière, des courses libres, du contre la montre, des championnats personnalisés et une licence officielle pour la saison de Rallycross 2018. Dommage donc de ne pas avoir droit à des données déjà mises à jour pour cette année. A noter que dans les possibilités de conduite, on peut aussi s'essayer à la catégorie GT qui a souvent été absente des productions précédentes. Ces voitures sont ici présentes, ce qui est une originalité bienvenue. En revanche, il ne faut rien attendre de particulier concernant la progression dans la carrière, on est sur ce qu'il y de plus classique , une accumulation de crédits et de points pour acheter de nouveaux véhicules et les améliorer. Pas de fioritures ou de mises en scène. Un élément de plus qui confirme que cette relative aridité le destine à des passionnés.

En prenant en compte les tracés proposés et les variations climatiques (pluie) vous aurez de très longues heures à occuper avec Dirt 2.0. Surtout si vous avez envie de vous frotter à vos petits camardes en ligne avec des événements hebdomadaires et journaliers réguliers. On regrette cependant que concernant le contenu on ait pas droit à de la neige. Un oubli qui devrait être réparé prochainement avec un DLC.

L'IA qui a bu

La difficulté est réglable dans bien des domaines. Mais Dirt 2.0 ne cède pas à la mode du rembobinage en cas d'accident. Si vous vous plantez, vous assumez ou vous recommencez en sachant que le nombre de nouveaux départs est limité. Sachant que les spéciales sont parfois bien longues, il vaut mieux avoir la pédale légère et le coup de volant sûr. Une course peut se perdre dans les 100 derniers mètres. Comme vous aurez l'occasion de rouler sur des circuits mixtes terre/asphalte en Rallycross, il faut bien tenir compte des IA qui seront présentes. Ces dernières se comportent correctement la majeur partie du temps en se ratant de temps en temps et en subissant votre pression. En mode de difficulté standard et sur circuit, vous en viendrez assez facilement à bout.

En revanche, lorsqu'il s'agit de gérer les temps sur les spéciales, des écarts de performances sont parfois étranges. Il n'est en effet pas rare de se prendre plusieurs secondes dans la vue sur des portions qui sont roulées à fond, alors que sur d'autres secteurs plus lents, c'est votre voiture qui semble avoir des ailes. Il ne faut donc pas désespérer si vous avez 15 voire 30 secondes de retard sur une spéciale. Ce sont des écarts qui peuvent se combler, même avec des pénalités.

A fond dans la simulation

Pas de retour sur image, des routes difficiles et surtout des dégâts assez bien localisés, Dirt 2.0 joue à fond la carte de l'authenticité. Gare aux accotements qui peuvent bien sûr endommager le train roulant ou provoquer des crevaisons. Attention aux sauts mal maîtrisés et aux balades champêtres qui peuvent vous coûter de précieuses secondes. Dirt 2.0 ne pardonne pas, mais la satisfaction à la fin d'une course est égale à sa difficulté. La concentration est intense et peut durer plus de 10 minutes dans les spéciales longues. On sent un véritable soulagement une fois la ligne d'arrivée franchie. Dommage que ce soulagement soit un peu cassé par la voix de Stéphane Prévost qui fait office de copilote. Ses commentaires conclusifs sont aussi mauvais que ses notes de courses sont bonnes. Les indications sont claires et dans le bon ton pendant la course, mais à l'arrivée ses commentaires ont à peu près le charisme d'une borne d'incendie. Heureusement, pas besoin de narration et de jeu d'acteur dans Dirt 2.0.

Ce qui chante, ce sont les moteurs et les mécaniques rendues de très belle façon. Si les voitures sont peut être moins nombreuses que dans d'autres jeux de caisses, la captation des sons et leur rendu sont excellents. On aura rarement été aussi bien immergés dans un baquet de voitures de course. Outre le bruit des moteurs, on entend les graviers ou la terre qui frappe la carrosserie et les éléments mécaniques qui travaillent. C'est valable aussi bien pour les suspensions, les freins, ou encore la transmission qui encaisse la puissance des moteurs.

Chaque erreur se paie cash en pénalités de temps. Dépassez les temps limite en assistance, vous serez pénalisés. Demandez à être remis sur la route, vous serez pénalisés. Rentrez dans une voiture qui s'est arrêtée devant vous sur une spéciale, vous serez pénalisé. Crevez un pneu, vous pourrez changer la roue sur le bas côté au prix de précieuses secondes. Dirt 2.0 est punitif, mais on aime ça.

Bonheur au volant

Clairement Dirt 2.0 est fait pour les puristes. Le plaisir sera donc maximum avec un ensemble pédalier volant. Les joueurs consoles s'en sortent encore correctement à la manette avec une impression de mélasse savonnette effacée par rapport au premier Dirt. La voiture est beaucoup mieux liée au sol et si la différence entre la boue et le gravier n'est pas forcément très fine, on sent beaucoup mieux les ornières, les bosses et les dévers pendant la conduite. Le comportement des voitures est extrêmement variable selon les types de transmission. Il faudra sans doute éviter de changer trop souvent de voiture, sous peine de perdre des repères qui font toute la différence entre un point de corde réussi et une visite aux vaches. La tension est permanente pendant la conduite et cela la rend intense.

Au volant, tout va mieux, malgré un retour de force qui pourra encore faire l'objet d'affinements. Mais le gain de précision et de souplesse est très conséquent. Perdre la voiture dans une série de braquages et contre braquages arrive beaucoup moins souvent qu'au pad. Le dosage de l'accélération pour garder la meilleure motricité possible est également meilleur. Mais rassurez vous, cela reste très jouable au pad.

En prenant en compte sa difficulté et son côté exclusif, Dirt 2.0 s'en sort très bien. Il a le bon goût de faire des choix de gameplay clairs sans essayer de ratisser le plus large possible. Voici donc un épisode qui mérite toute l'attention des pilotes virtuels aussi bien sur PC que sur consoles.