Essayer Beat Saber, à moins d'être insensible à la musique, de détester bouger son corps, d'être incapable d'avoir au moins un petit sens du rythme ou encore d'être simplement réfractaire aux jeux musicaux, c'est l'adopter. En à peu près 10 secondes. Essayer Beat Saber, c'est également un passage obligatoire, comme avec pas mal d'autres jeux VR, pour véritablement comprendre ce qu'il a de si génial. Mais on va malgré tout vous expliquer de quoi il en retourne, et tenter de vous convaincre qu'il se place très, très haut dans la liste des meilleurs jeux VR disponibles à ce jour.

I can get satisfaction

Le concept est tout bête : vous avez deux sabres laser en mains, un bleu à droite et un rouge à gauche. Des cubes bleus et rouges défilent du fond de l'écran jusqu'à vous, et il faut évidemment les couper en deux avec le sabre de la même couleur. En plus d'avoir une couleur spécifique, chacun de ces cubes laisse apparaître une petite flèche blanche, qui vous indique dans quel sens le découper (de bas en haut, de gauche à droite, etc.). Parfois, de gros murs déboulent en même temps que les cubes, et il faut évidemment les éviter en vous penchant à gauche, à droite, ou en vous accroupissant - tout en continuant à découper les cubes bien sûr.

C'est tout simple, c'est tout bête, et la prise en mains est donc immédiate... tout comme le kiff d'ailleurs, car évidemment ce défilement de cubes, qu'on découpe plus ou moins frénétiquement selon le niveau de difficulté choisi, s'accorde parfaitement en rythme avec la musique qui envahit nos oreilles. Le sens des flèches et les enchaînement plus ou moins rapides de phases de découpe sont savamment étudiés pour que votre corps tout entier se livre à une espèce de chorégraphie de danse, dans laquelle chaque coup de sabre, chaque découpe de cube, devient un petit plaisir en soi. Le sentiment de satisfaction que cela procure est difficile à décrire, mais il est vraiment énorme. Beat Saber procure un plaisir indicible, une gratification de tous les instants qu'on a rarement ressentie dans un jeu de rythme et dans un jeu en réalité virtuelle.

Un bon son brut pour les bretteurs

Tout cela n'est évidemment possible qu'avec une bande-son de qualité, et celle de Beat Saber s'accorde pleinement à son concept et à son gameplay. Plus variée qu'on l'imagine de prime abord (on notera par exemple la présence d'une chanson aux accents celtiques, ou d'une autre plus flamenco), elle fait évidemment la part belle aux sonorités électroniques, aux basses bien lourdes et aux rythmes aussi entraînants que survitaminés. Il faut noter qu'il ne s'agit pas d'une sélection de morceaux sous licence, mais bien de créations originales, qui ont été livrées par un certain Jaroslav Beck (en grande partie, d'autres titres d'artistes différents ont été ajoutés depuis). Le jeu est sorti officiellement avec 16 pistes seulement, ce qui peut en effet paraître bien peu dans un jeu du genre, mais ces dernières ont au moins le mérite d'être globalement de très bonne facture... À 80% dirons-nous. Notez que ces 16 pistes ont été rejointes il y a quelques jours par une 17ème, et que d'autres arriveront dans les prochains mois, que ce soit gratuitement (pour certains) ou sous forme de DLC payant (pour pas mal d'autres, le développeur ayant promis trois packs de dix chansons chacun il y a quelques mois).

C'est ici qu'il convient de souligner l'immense avantage qu'auront les joueurs PC. Leur machine, ouverte par définition à toutes sortes de modifications contrairement à une console, peut en effet vous permettre d'ajouter des morceaux créés par la communauté, à partir de n'importe quel morceau. On trouve ainsi du Daft Punk ou tout un tas d'autres choses (un gars même a créé le track I'm Yours Forever issu de Tetris Effect !) qui rendront la durée de vie potentiellement infinie. Les joueurs PS4 auront clairement de quoi les jalouser, c'est une évidence. Mais encore une fois, la tracklist proposée de base est de très bonne facture, et elle grandira encore avec le temps.

De Padawan à Jedi

Côté modes de jeu, vous aurez certainement la bonne idée de commencer par la "campagne", un mode dans lequel on vous propose de progresser dans une arborescence de défis divers et variés. Il y a des choses simples, du genre finir tel morceau dans tel mode de difficulté avec au minimum tant de points, ou encore en ne loupant pas plus de tant cubes, mais aussi des trucs plus fun du genre faire plus de 600 mètres de mouvements avec vos sabres, ce qui oblige à les faire bouger sans cesse même entre les notes. Bon courage d'ailleurs pour le challenge demandant pour sa part un maximum de distance à ne pas dépasser ! Bref, ça apporte un peu de variété à la chose, c'est rigolo, et surtout c'est une occasion de bien commencer dans Beat Saber, car ce mode Campagne monte bien crescendo et aide à progresser petit à petit. À noter d'ailleurs dans les différentes qualités de ce jeu de rythme : il propose une marge de progression vraiment énorme, un peu comme Dance Dance Revolution en son temps. Comme la licence de Konami, il propose un concept et un gameplay simplissime, mais peut vous emmener très, très loin dans la maîtrise. Des joueurs s'amusent même à se rajouter autant de difficulté que de style en liant les deux sabres façon Darth Maul... Allez voir sur YouTube c'est assez hallucinant.

Le mode de jeu dans lequel vous passerez néanmoins le plus de temps, à long terme, reste le mode Free Play. L'idée est de vous proposer toute la liste des morceaux, de choisir un niveau de difficulté et de taper un high-score en ligne (on peur se comparer à la planète entière ou à son cercle d'amis). Un menu permet même de s'ajouter des bonus ou des malus (chanson plus lente ou plus rapide, flêches qui disparaissent...), tandis qu'un autre permet de lancer le morceau en mode apprentissage (sans comter les erreurs et donc sans game over).

Un mode Party est également là pour vous faciliter ce genre de défis entre potes, à la maison. Ici, vos scores ne compteront pas dans les leaderboards en ligne, mais seront simplement comptabilisés dans un classement local. Il suffit alors de se passer le casque à tour de rôle pour que chacun inscrive son pseudo après avoir réalisé son score. Évidemment, c'est ce mode précis qui tourne à plein tubes à la rédac... et bientôt chez vous si vous avez l'habitude d'inviter du monde à la maison.

Pas de mode Versus en revanche. On aurait apprécié de pouvoir se faire des battle en ligne, en s'envoyant des malus par exemple, mais ce n'est encore implémenté dans le jeu (ça devrait néanmoins arriver bientôt, selon les dires des développeurs).

Trancheur skillé

C'est à ce stade que vous vous demandez peut-être comment les points sont comptés. Les développeurs ont changé de formule et amélioré cela durant la phase d'early access sur PC, et désormais deux choses comptent : le point de découpe, qui doit être aussi central que possible, et surtout l'amplitude de votre mouvement, qui doit en plus se poursuivre un peu après ladite découpe. Ce deuxième point compte pour 100 points sur 110 possibles, il est donc beaucoup plus important que le premier (tout est expliqué ici si ça vous intéresse). Il faut trouver un bon équilibre entre amplitude et précision, tout en essayant de faire le moins d'erreurs possibles, car un système de combos vient potentiellement multiplier les points de chaque découpe par 8.

Beat Saber propose donc un gameplay à la fois facile d'accès et difficile à maîtriser, dans lequel on se laisse guider par la musique mais où il faut aussi rester concentré sur ses mouvements pour scorer. Et c'est ce qui fait de lui un excellent jeu de rythme en plus d'être un kiff absolu en réalité virtuelle.

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L'AVIS DE LA RÉDAC' :

D'AUTRES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS DISENT CE QU'ILS EN PENSENT...

Thomas : Je n'avais tout simplement pas pris un tel pied sur un jeu musical depuis Guitar Hero II, c'est dire si cela remonte. Avec un concept aussi simple que novateur, Beat Saber nous transporte littéralement dans la zone : sa simplicité est grisante, et l'apport de la réalité virtuelle tout simplement jouissif. C'est bien simple : une fois que l'on commence à découper ces cubes bicolores, il est quasiment impossible de s'arrêter. À moins d'être un adepte d'un entraînement militaire comme ce cher Camille, ce sont vos bras, et non votre tête, qui vous obligeront à reprendre contact avec la réalité. Seule ombre au tableau : une tracklist pour le moment un brin trop chiche qui ne demande qu'à s'étoffer avec le temps.

Poufy : 2016 : "Non mais vous allez voir, la réalité virtuelle est morte née". Eh bien non. Perdu avec un grand P. Après un Astro Bot qui a su (dans son genre) être le premier à maîtriser cette nouvelle techno avec brio, tout comme l'avait fait Super Mario 64 avec la 3D, en 2018 Beat Saber réussi également à s'imposer comme un bâtisseur de la VR, pour toutes les raisons évoquées par ce bon vieux Julo ci-dessus. Pour finir ce petit encart, je ne voudrais offenser personne sauf les vieux cons - oui, vous qui êtes toujours réfractaire "juste par principe" à la réalité virtuelle (donc pour des raisons autres que financière ou de nausée) - mais savez-vous qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ? Car très franchement, ce serait vraiment très con de passer à côté de telles expériences !

Plume : Un jeu ultra simple d'accès qui vous permet de vous prendre pour un Jedi sur une bande-son super-entraînante. Normalement, une fois qu'on a écrit ça, tout est dit. Quand on voit Julo, Poufy ou ce pauvre Thomas gesticuler, on pense qu'il n'y a rien à ajouter. Et puis on met le casque, on y va mollo parce qu'on se sent un peu gauche... Avant d'être pris par le beat, par le flow, d'entrer dans la zone en vitesse maximum et avec la mort subite activée pour trancher sous une pression d'enfer. Et là, en constatant une courbe de progression assez gigantesque, on réalise : Beat Saber est le genre d'expérience VR quasi parfaite, qui peut plaire au plus grand nombre et sur laquelle on aimerait poser d'autres morceaux sur PS4, comme les mods PC ou Audioshield l'autorisent. En plus, ça fait faire un peu de sport et de compétition sans avoir à s'inscrire dans une salle. Dommage que ça daube à la rédac, du coup.