Track Lab est sorti à la fin de l'été, peut être un peu trop en retard pour enflammer les dancefloors du monde entier durant toutes les vacances. Et voici un test - lui aussi en retard - ou l'on verra que, de toutes façons, Track Lab tient plus de l'animation de 30 minutes lors du goûter dominical avec vos amis technophiles que de la grosse bringue qui mène de verre en verre jusqu'au petit matin. Nous tenons à vous rappeler que l'alcool est mauvais pour la santé, tout comme le tabac, et qu'il faut en consommer avec modération.

DJ malgré-moi

C'est via un court tutoriel d'introduction que l'on découvre le jeu et ses sonorités. On enchaîne ensuite avec le premier des deux seuls modes disponibles, le mode Évolution, qui devrait remémorer quelques souvenirs aux joueurs ayant grugé des tonnes de trophées avec Sound Shapes. Ici, il s'agira en fait de puzzles basés sur le moteur musical du jeu, dans lequel il faudra dévier des particules de lumière avec des outils en nombre limité pour leur faire créer des sons et suivre le chemin désiré. Le tout est disponible dans cinq style différents, avec des séries de 8 énigmes dans 3 difficultés. Selon vos facultés cognitives, ce challenge vous prendra plus ou moins de temps, mais ne vous tiendra pas non plus en haleine des heures durant. Un peu comme les défis de Sound Shapes, comme dit plus haut. En tous cas, en parcourant ce mode, on va très vite se rendre compte qu'il faut aimer les sonorités electro/rétro. Les amateurs de Roland D50 seront aux anges, les autres peut-être un peu moins, même s'il va être possible de donner une orientation rock, jazzy ou funky à ses compositions avec des sons émulés.

En mode Création, on dispose devant nous de 4 pistes, sur lesquelles on va venir poser nos samples musicaux. On peut régler leur volume et appliquer une petite dizaine d'effets avec une palette située en-dessous. Il est aussi possible de mettre un sample en attente, et il se déclenchera à la fin de la prochaine mesure. Les samples peuvent bien sûr être édités, et c'est là que va se situer le coeur du jeu, qu'on verra si vous avez l'âme d'un mélomane ou non. On retrouvera l'architecture des puzzles du mode Évolution, sauf que là, vous partirez de (presque) rien, et ça sera à vous de tout faire. D'abord gérer le chemin des particules de lumière, en leur donnant un tempo grâce aux multiples dérivateurs et diviseurs disponibles, puis ensuite placer ses instruments et ses sons sur les temps désirés. C'est un peu comme si on avait déstructuré le solfège, pour le reconstruire sous la forme de câblages électroniques très visuels, qui évoluent devant vos yeux en réalité virtuelle. Le concept fonctionne, et pour peu que l'on ait de vraies connaissances en la matière, il sera assez rapidement possible d'obtenir des résultats plus que corrects.

Plus Bob que Sinclar

Un sample pour la rythmique, un pour la mélodie, un autre pour la basse, un dernier avec des arrangements... Et une vingtaine de styles d'instruments, allant du métal à la house, sont disponibles. Dans chaque catégorie, une dizaine de sonorités réparties sur trois gammes pour les mélodieux, et divers sons pour les percussions. Malgré leur tonalités vraiment électroniques quel que soit le style choisi, il y a tout de même de quoi se faire plaisir. Par contre, et c'est un gros point noir, on sauvegarde uniquement ses samples, pas la structure d'une musique. Impossible de créer un morceau de A à Z, avec un départ en canon, des couplets et des refrains, des ponts... Le seul truc que l'on fait vraiment, c'est créer ses samples, puis ensuite, on les mixe en direct, en les enchaînant et en leur donnant des effets. Sur ce point, on n'est clairement pas au niveau d'autres logiciels spécialisés dans l'édition et la création de musique (on en est même à des années lumière). Alors c'est vrai, ce n'est qu'un jeu, mais il aurait gagné en profondeur avec un peu plus de générosité dans les possibilités de finaliser ses créations. Et du coup au final, on avance un peu dans le vide et on fait vite le tour de la chose.

Le fait que le jeu soit proposé en réalité virtuelle est un de ses véritables atouts. Mais là encore, il y a des choses à dire : l'immersion est plutôt réussie, on a vraiment une table de DJ futuriste devant les yeux, mais cette dernière n'est pas non plus ultra ergonomique, avec parfois de grands gestes à faire d'un bout à l'autre de la pièce pour placer certains éléments ou naviguer dans les menus. Aussi, selon notre activité, création ou mixage, il faudra changer un peu de position, certains outils devenant trop lointains. Répétés, ces gestes peuvent vite devenir fatigants. Et au final, passé la découverte de la table et du mode création, le design global du jeu reste très limité, puisque notre matériel se trouve dans une pièce éclairée par un vieil écran de veille Windows. Vous l'aurez compris à la lecture de ces lignes, Track Lab n'est pas trop mal fichu en soi, mais manque de possibilités créatives et on en fait très vite le tour. De plus, l'intérêt de la réalité virtuelle reste ici relatif, pour un jeu qui aurait été très austère sans.