Crise sur la Planète des Singes : l'expérience VR est un jeu sorti tout droit de la division gaming des studios de la 20th Century Fox, une compagnie qui à déjà fait ses preuves en matière de cinéma, mais pour qui tout reste à faire dans le jeu vidéo. Et avec une expérience VR, il y a de quoi mettre en pratique ses connaissances en matière de mise en scène, non ? C'est ce que nous allons voir dans ce test réalisé avec la version PSVR du titre.

L'homme est un singe comme les autres

Côté narration, justement, on se dit que cela ne commence pas trop mal : le jeu s'ouvre sur un tutoriel où l'on trouve ça presque cool de pouvoir se comporter et de se balader comme un singe (quelle insouciance !). L'histoire de la légende des singes nous est contée par une voix off et accompagnée de dessins primitifs qui viennent illustrer l'action. Et une fois l'introduction passée, on se retrouve dans la peau d'un simien capturé par de vils humains et placé dans un centre pour y subir moult expériences pas très réjouissantes. Mais très vite, avec votre voisin de cage, vous élaborez une stratégie pour vous échapper, via le langage des signes (traduit dans des sous-titres bien bestiaux). Vous allez ensuite arpenter les rues - ou plutôt les toits - de la ville, poursuivis par un hélico, tout en vous battant pour votre liberté dans des décors pas très variés, au final, et surtout constitués de vieilles constructions de béton allant de l'entrepôt à l'usine. Et la narration, qui commençait de façon assez originale, se montre par la suite plus que banale, voire minimaliste, se permettant même quelques longueurs au passage. Le scénario se boucle en deux bonnes heures et n'est pas des plus original lui non plus.

Un spectacle banal, voire médiocre, en somme. Mais la réalité virtuelle va-t-elle venir relever le niveau en proposant une immersion réussie ? Et bien en fait... non, pas du tout. La faute à de trop nombreux écueils, qui entraînent avec eux dans la noyade de trop rares bonnes idées. À commencer par les déplacements : on doit d'abord viser une position imposée - le jeu ne proposant qu'un seul chemin possible - puis agiter les bras dans un mouvement de balancier, ce qui nous donne l'air bien con. Au final, on va même juste secouer machinalement le poignet et se rendre compte que ça fonctionne tout aussi "bien"... Ennuyant ! Concernant la partie visée, là c'est carrément une plaie : les contrôles sont peu précis et il faut parfois plusieurs seconde avant de pouvoir commencer à avancer. On se déplace donc de façon imposée, comme dans un rail-shooter, mais c'est à nous de faire du sport pour passer d'une position à l'autre, le tout avec un système de visée en carton ! Les jeux VR qui utilisent le même principe de niveaux en ligne droite se contentent en général d'une bonne téléportation des familles, qui fait très bien le boulot...

L'armée des 12 singes

On est donc en présence d'un des plus gros défauts du jeu, qui va carrément devenir source de frustration un peu plus loin dans l'aventure. En effet les commandes ne répondent pas bien, et il faudra souvent s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à valider la destination (alors que c'est la seule !), pour ensuite mouliner. Dans des passages comme celui où l'on est poursuivi par un hélico, il faudra aussi avoir de la chance, car le moindre faux pas ou le moindre retard vous condamne à recommencer... Et croyez-moi, recommencer, vous n'en aurez pas envie ! Si vous aviez été dans la même pièce que moi au moment du test, vous auriez eu "la chance" d'entendre quelques jurons bien sentis ! Sous couvert de réalisme, le jeu se perd en chemin et nous impose une jouabilité contraignante, qui manque cruellement de précision, et se montre plus pénible qu'autre chose. Les développeurs ont-ils joué à la version PSVR de leur jeu ? Pourquoi ne pas avoir proposé un mode où l'on se téléporte, ou alors des déplacements libres à la manette classique ? C'est rageant, d'autant plus qu'a certains moments, Crise sur la Planète des Singes nous propose de nous téléporter... dans les combats.

En effet, dans les affrontements armés, vous passez d'une position de couverture à une autre en une fraction de seconde (pour peu que le jeu vous laisse viser correctement du premier coup votre destination). Vous aurez alors accès à un système de couverture assez réussi dans lequel, profitant de vos habilités de singe, vous pourrez mouvoir tout votre corps à la simple force d'un seul bras, celui accroché au mur, un peu comme si vous étiez en apesanteur, et mitrailler avec l'autre main. Assez sympa, d'autant que contrairement aux déplacements, les tirs sont assez précis. Mais malheureusement, les affrontements sont un peu mous, la faute à une IA pas très futée et prévisible. Ainsi, le jeu n'offre que peu de challenge et les ennemis devront se cacher dans un angle mort pour arriver à vous surprendre. Tomber à court de munitions peut aussi parfois sceller votre destin, il faudra donc toujours être prévoyant et ne pas mitrailler à tout va. La sensation de tir avec les armes n'est pas non plus des plus sensationnelles, et leur gestion se révèle chaotique : il faut aller chercher l'arme dans son dos, main droite pour la mitraillette, gauche pour le fusil à pompe, mais là encore, la reconnaissance fait des siennes... Changer l'arme de main pour attraper un chargeur au loin est un vrai petit moment de stress : si vous faites tomber le fusil, il faudra aller le rechercher dans le dos ! De plus, votre vie ne remonte pas, et si on meurt, on doit parfois se retaper quelques moments de "marche forcée". Comme pour les déplacements, les combats peuvent parfois se montrer un peu agaçants, malgré leur bon système de couverture, et d'autres jeux proposent bien mieux en la matière.

Agile comme un singe

Récapitulons. Jusqu'à présent, nous avons : une histoire bof-bof, des déplacements pénibles et des combats moyens. Comment Crise sur la Planète des Singes pourrait-il se tirer de ce lent et inexorable naufrage ? Peut être avec une troisième phase de jeu que je n'ai pas encore évoquée ? Ça se pourrait bien ! En plus de combats et de marche, le jeu propose aussi des phases de mouvements acrobatiques ! Il faudra grimper aux murs et aux échelles en agrippant les prises à portée de main, et même se déplacer sur des tuyaux accrochés au plafond. Dans ces moments, j'ai ressenti un tout petit peu de l'excitation que j'avais pu connaître sur Lone Echo. Mais un peu seulement. Il est par exemple impossible de se propulser pour se rattraper plus haut ou plus loin, les commandes sont imprécises, encore une fois, et dans des passages comme celui où vous devez enchaîner un saut, d'un mouvement de bas en haut des deux mains, avec une escalade sur un mur, l'expérience peut parfois se montrer frustrante. Là encore, on n'est pas complètement convaincu, et d'autres petites bizarreries viennent aggraver cette sensation, comme la préhension, qui se trouve sur le bouton du pouce... Pas très naturel tout ça.

Allez, terminons vite ce test avec quelques considérations techniques. Vous devez savoir que c'est le jeu qui vous impose votre position dans le salon, en fonction de l'endroit où se trouve votre caméra. Il vous faudra bien un peu plus de deux mètres pour pouvoir passer l'étape de vérification initiale. Attention à la place disponible chez vous, donc. Il faudra aussi pouvoir jouer debout, sans rien dans les pattes, le jeu nous imposant parfois de tourner à gauche ou à droite à 90 degrés, mais jamais en arrière, ou le tracking du PSVR ne pourrait pas nous suivre. Et si jamais il a besoin de tourner à 360°, la rotation nous est imposée en jeu, avec un arceau noir rétrécissant le champ de vision pour éviter toute nausée. Le tout bénéficie de graphismes inégaux : certains soldats qui nous approchent de près dans les phases de narration sont bien réalisés, mais pour le reste, décors inclus, on repassera. Une petite deception que ce Crise sur la Planète des Singes, avec ses choix de jouabilité, tant dans les déplacements que les combats, qui agacent. Il y a avait quelques bonnes idées, mais... au final c'est insuffisant. Et assez court, heureusement. Si ce n'était pas pour le test, je ne serais probablement jamais allé au bout du jeu, avec un bon ragequit des familles au milieu du chapitre 3.