Gameblog n'a pas pour habitude de tester et noter des consoles de jeu, mais nous avons décidé de faire exception une fois encore ici en considérant que la Super NES Mini représente en quelque sorte "une compilation de jeux non évolutive sous forme de hardware".


Contenu de la boîte

De la même taille que celui de la NES Mini (pratique pour le rangement), la boîte rappelle évidemment beaucoup le packaging d'antan de la Super NES. Elle renferme la console, une notice similaire à celle de la Super Famicom (en noir et blanc cependant), un câble HDMI et un simple cordon d'alimentation USB - comprenez encore dénué d'adaptateur secteur, de sorte qu'il faut utiliser celui d'un autre appareil, ou acquérir l'onéreux modèle officiel disponible séparément. Un écueil décidément regrettable, quoiqu'il soit désormais contrebalancé par la seconde manette incluse, qui explique sans doute en partie le prix plus élevé de la Super NES Mini, près de 80 Euros en théorie, soit une vingtaine de plus que la NES Mini (initialement). Reste que cette absence n'affecte guère la prise en main résolument "plug & play" de la Super NES Mini, prête à jouer immédiatement, sans sempiternelle mise à jour des temps modernes.

Design

Avec sa robe grise immaculée (gare au jaunissement), on a presque l'impression de reconnaître l'odeur du plastique - de qualité - usité jadis, un pur moment d'émotion pour les "silver gamers". Si ce n'est que la Super NES Mini tient dans la paume de la main grâce à ses mensurations de portable, en l'occurrence 13 centimètres de long, 4 d'épaisseur et un poids de 200 grammes. Pourtant tout y est : l'interrupteur à poussoir de mise sous tension (signalée par la diode rouge), le bouton Reset à ressort, et quand bien même celui d'éjection ainsi que le port cartouche se révèlent fixes, ce dernier est cette fois dissocié du boîtier. On pourrait donc facilement la confondre avec la Super NES "tout court" si elle ne comportait pas des ports différents, en particulier ceux des manettes qui reprennent la connectique Wii. Un bon point question compatibilité, malgré l'apparition d'un cache en caoutchouc à l'allure fragile pour les dissimuler.

Ergonomie

La longueur du câble des manettes est doublée par rapport à la NES Mini, 152 centimètres pour être exact. Cela atténue l'une de ses principales lacunes, néanmoins une telle distance demeure insuffisante dans un salon, au point de se demander si la Super NES Mini n'a pas été conçue pour jouer sur un petit téléviseur posé sur le bureau d'une chambre. Hypothèse que confirme la nouvelle fonction Replay, qui permet de rembobiner la partie de quelques secondes jusqu'à plusieurs minutes suivant une manoeuvre potentiellement laborieuse. En effet, son usage nécessite aussi d'appuyer systématiquement sur le bouton Reset de la console, dans la mesure où les manettes sont strictement identiques à celles d'origine, avec des sensations intactes à la clé en contrepartie. A noter enfin que le nombre réduit d'ouvertures d'aération n'entraîne aucune surchauffe, le hardware basé sur la même architecture que la NES Mini étant parfaitement rôdé et adapté à cet habile exercice d'émulation.

Interface

Idem pour l'interface sur la couche Linux, inchangée hormis l'option Replay, plutôt facile à gérer d'ailleurs, avec des enregistrements qui servent ensuite de démos aléatoires et le renfort de cadres colorisés interactivement pour combler les bandes noires durant les parties. Autrement dit, on a toujours loisir de sauvegarder à tout moment via le bouton Reset, avec quatre emplacements réservés par jeu, le tout par le biais de menus rapides, intuitifs et élégants présentant les jaquettes (dont un certain StarFox 2 à déverrouiller aisément), sans oublier le choix du mode d'affichage, globalement en 720p. Le format d'une fenêtre plus ou moins 4/3 est encore naturellement d'actualité, avec sa déclinaison "définition originale" pour les puristes, ou le filtre CRT pour les nostalgiques du tube cathodique. A chacun ses goûts, même si ce dernier a ici le rendu le plus agréable, pour ne pas dire le plus conforme aux yeux de votre serviteur.

Qualité d'émulation

Alors que les gros pixels des jeux NES offraient un aspect certes rétro, mais très propre, voire tendance, le surcroît de résolution des productions Super NES les fait quelquefois un peu paradoxalement ressembler à de la bouillie étalée sur grand écran. Cela varie selon le titre, toutefois ceux qui avaient recours au fameux Mode 7 ou à la puce Super FX en souffrent davantage, preuve que la 2D est intemporelle. Une conséquence somme toute inévitable de la fidélité d'émulation quasi irréprochable, en témoignent l'input lag inexistant et la préservation des ralentissements d'époque sur ces versions 60 Hz. Pareil du côté des bruitages et des chiptunes grâce à des instrumentations rigoureusement reproduites (logiciels open source à l'appui) qui ne dénaturent pas les musiques d'exception de la plupart de ces (chefs d')oeuvres.

Ludothèque

Nonobstant une quantité de jeux largement à la baisse en comparaison de la NES Mini, 21 contre 30, la liste des titres préinstallés sur Super NES Mini s'avère encore plus prestigieuse. Dans l'absolu, les célèbres jeux de la NES suscitent des sessions assez courtes, a fortiori de nos jours, avec une vocation fondamentalement historique, contrairement aux expériences nettement plus élaborées qu'engendrent en majorité les jeux Super NES sélectionnés, dont la pertinence perdure. La plupart de ces séries emblématiques ont ainsi pris toute leur envergure sur 16-bits, à l'image de The Legend of Zelda : A Link to the Past, Super Metroid et Donkey Kong Country, tandis que certaines nouvelles licences telles que Street Fighter (II), Mario Kart et Star Fox sont carrément parvenues à faire trembler la planète vidéoludique.

Star Fox 2 contre-attaque

A ce propos le florilège comporte Star Fox 2, jusqu'alors officiellement inédit. Ce projet arrivé à terme avait été abandonné par Nintendo, qui craignait la concurrence en la matière (Starblade ou Panzer Dragoon par exemple). Sa 3D polygonale a priori brouillonne a vieilli, indubitablement. En revanche ce volet introduit bon nombre d'évolutions développées par la suite, à travers des allers retours entre la stratégie en temps réel dans l'espace, les phases de combats aériens et d'exploration au sol avec le Walker. Technologiquement dépassé, mais conceptuellement intéressant, comme le trop confidentiel X sur Game Boy justement réalisé auparavant par Argonaut et revisité plus tard sur NDSi sous l'appellation X-Scape. Trêve d'anecdote, Star Fox 2 hérite pour l'occasion d'une notice téléchargeable et de sa véritable traduction dont on ignorait l'existence.

Super NES Mini universelle

Dommage que les jeux de cette édition européenne soient tous en version américaine, a fortiori ceux qui avaient profité d'une localisation française en bonne et due forme. En outre, le nombre ou le choix des titres, un tantinet restreint pour les parties à plusieurs, peut légitimement décevoir. D'autant qu'il est toujours impossible d'en rajouter légalement, et qu'une ration supplémentaire n'aurait probablement pas demandé trop de place sur la mémoire interne. La joie de voir Earthbound plus accessible que jamais en occident ne pallie pas l'oubli d'Actraiser, Chrono Trigger, Final Fight, Axelay ou Pop'N Twinbee 2. Pas de raison en tout cas de jalouser nos camarades Américains pour le style si particulier de leur Super NES, ni les amis Japonais en raison de leurs quelques titres distincts, ceux-ci reflétant dans l'ensemble les spécificités locales, n'en déplaise aux fans de Goemon (vivement que Nintendo se décide à porter cette version de Fire Emblem sous nos contrées soit dit en passant).