On continue le marathon du Visual Novel en cette fin d'année sur Gameblog ! Après les tests des excellents Steins;Gate 0 et √Letter, voici venu le tour de Tokyo Twilight Ghost Hunters : Daybreak Special Gigs (paye ton nom à rallonge). Et autant vous le dire tout de suite, dès le début de cette critique au risque de vous spoiler un peu : j'avais bouclé le jeu original à sa sortie en mars 2015 et je n'avais pas plus été emballé que ça... Tokyo Twilight : Ghost Hunters possédait alors de grandes qualités, qui lui permettaient de véritablement se démarquer du reste de la concurrence, mais aussi de bon gros défauts, visibles comme un furoncle purulent au milieu du front d'un top modèle. Cette version "Alpha plus" viendra-t-elle relever le niveau ? Propose-t-elle suffisamment de contenu pour retenter l'aventure si vous l'aviez déjà bouclée il y a un an ? C'est ce que nous allons voir...

Qui c'est qu'on appelle ?

TTGH:DSG (même l'abréviation du titre est longue) est donc un visual novel qui vous place dans la peau d'un étudiant fraîchement débarqué dans son nouveau lycée à Tokyo. À peine après avoir foulé les pavés de sa nouvelle école, il se fait aborder par une MILF aux mystérieuses intentions, accompagnée de la plus "kawaï" de ses camarades de classe. Ces deux dernières commencent à vous parler spectres et autres entités paranormales... Ni une ni deux, le soir venu, après un petit exorcisme dans les règles de l'art au dernier étage de votre école, vous êtes engagé dans la team des chasseurs de fantômes de Tokyo, pour ce qui va devenir votre nouveau petit passe-temps préféré après les cours : l'enquête et la résolution de phénomènes paranormaux...

Ce pitch de départ, assez simpliste (tout comme le reste du scénario, mais nous en reparlerons plus tard), est soutenu par une direction artistique de très haute volée pour un jeu du genre. À commencer par les graphismes, tout simplement sublimes. Comme dans n'importe quel visual novel, du texte défile sous des sprites de personnages en 2D. Mais ici, ces derniers bénéficient d'un traitement d'exception grâce à un moteur d'animation judicieusement nommé "Ghost", qui donne véritablement vie aux dessins pour un résultat et un rendu incomparables, véritablement magnifiques... Ajoutez à cela une ambiance sonore elle aussi très réussie, et super originale puisque uniquement composée de morceaux de rock instrumentaux joués par un trio guitare-basse-batterie. Ces deux aspects, visuels et sonores, soutenus par une galerie de personnages hauts en couleurs, donnent à ce TTGH:DSG un véritable cachet, une identité unique dans son genre.

Et ce n'est pas tout. Un autre de ses aspect va lui aussi développer des trésors d'ingéniosité pour faire battre notre petit coeur de joueur. En effet, en plus des choix très classiques de QCM, vous allez régulièrement être confrontés au "Sensory Input System" lors de vos conversations avec les autres personnages du jeu. Vous aurez alors à associer l'une des cinq émotions proposées (amour, amitié, tristesse, colère et interrogation) avec un de vos cinq sens (vue, ouïe, toucher, goût et odorat). Cela donne des résultats plus que détonants ! Utilisez l'amour et le goût pour tenter de faire un gros bisou bien baveux à votre MILF de chef, la colère et le toucher pour frapper votre interlocuteur, ou encore la tristesse et l'odorat pour... euh... enfin vous avez compris le potentiel de la chose ! Les interactions n'en deviennent que plus amusantes, la réaction de vos équipiers étant bien souvent aussi décalée que votre humeur du moment !

Des squelettes dans le placard

TTGH:DSG possède donc une direction artistique plus que forte, associée à un gameplay de visual novel super original et plaisant. Mais malheureusement, les louanges s'arrêtent ici dans cette critique. Et on attaque au microscope le furoncle de votre top préféré(e), histoire de bien voir ce qui s'est passé en chemin, et pourquoi on reste finalement sur notre faim concernant ce titre. Je vous parlais de gameplay visual novel à l'instant, et c'est un autre aspect du jeu qui va retenir notre attention l'espace d'un instant : les phases de chasse aux fantômes. Ces dernières sont présentées sous forme de damier, sur lequel on déplace et fait agir des pions de couleur avec un système de points d'action, placer au préalable quelques pièges pour lever le "brouillard de guerre" qui à envahi les lieux. Bien que la résolution des combats se fasse sous forme de visual novel, ce système est austère et moche au possible ! Les combats sont souvent très courts (à peine quelques tours), et s'il sera possible d'équiper d'accessoires et d'armes ses combattants pour plus d'efficacité, c'est véritablement le farm d'argent et d'expérience dans les missions annexes qui va vous permettre d'envisager le jeu plus sereinement, ce dernier étant au demeurant assez difficile. Mais entre le gameplay pas très recherché en comparaison des ténors du genre, et l'austérité totale de l'interface de combat, bonjour l'ennui. Clairement pas une réussite sur ce point...

L'autre faiblesse du titre viendra du format de narration adopté : épisodique. Si cela aurait pu être une bonne idée au départ, au vu de la portabilité du titre (un chapitre par jour dans les transports en commun), on se rend assez vite compte que ce n'est pas du tout le cas... L'histoire est décousue, sans réel fil rouge, on enchaîne des enquêtes sur des phénomènes mystérieux, leur résolution est bien souvent capillotractée et ultra rapide, sans réelles explications, et le sentiment qui domine à la fin reste plutôt la frustration de ne pas être allé au fond des choses. Bien sûr, une fin secrète est disponible par chapitre, qui va permettre d'approfondir un peu le schmilblick, mais à moins d'avoir accès à une soluce (ou un gros coup de pot, vérifiez le téléphone de votre femme en rentrant), ne comptez pas trop dessus.

Donc le bilan final reste tout juste plus que moyen, sauvé par sa direction artistique hors du commun. Mais avez-vous réellement une bonne raison de revenir sur ce titre si vous l'avez déjà bouclé ? Pour ses révisions de gameplay, pas vraiment. Les combats sont un poil plus durs, et vous avez désormais accès à deux actions après un déplacement s'il vous reste assez de points d'action. Pas de quoi fouetter un chat. Mais l'autre ajout, lui, est de taille. Pas moins de cinq nouveaux chapitres, ajoutant autant d'heures de jeu, viennent se greffer à la trame principale ! Intercalés dans les épisodes classiques, ils vont pouvoir nous raconter de nouvelles histoires, ce qui fera plus que plaisir à ceux qui ont apprécié le jeu, ce dernier gagnant presque un tiers de contenu jouable en plus. La durée de vie s'en ressent donc, puisqu'il faudra désormais une petite vingtaine d'heures pour en voir le bout, et la chasse aux Trophées se montrera elle aussi intraitable, puisqu'il faudra désormais débloquer la fin sentimentale de chaque personnage pour en voir le bout !