Expliquer FRAMED s'avère plutôt simple. Il y est question de changer la disposition de cases d'une planche de bande-dessinée affichée à l'écran à la force de ses petits doigts. Intrigant, n'est-ce pas ? Mais peut-être pas très sexy si l'on se limite à cette description. Il faut en effet préciser que chaque page de ce story-board devient une séquence vivante, intégrée à une histoire complète, dont l'avancée ne dépendra que de votre sens du détail. Un puzzle game ravissant, au goût de comic book noir, muet et sur fond de musique jazz.

La loi et l'ordre

Tout commence par l'échange de deux vignettes, celle d'une cigarette et celle d'un briquet. Déplacez le feu avant la clope et voici cette dernière allumée. S'engage ensuite une course poursuite pour une mallette. Plusieurs silhouettes noires parfaitement reconnaissables tentent de s'échapper avec la précieuse serviette. Vous arrivez sur une nouvelle planche, le personnage dont vous avez la charge traverse les décors mis bout à bout et rencontre un obstacle. Fin du game, comme on dit. L'action revient au début de la planche et vous devez maintenant lui composer le chemin le plus sûr. Outre l'interversion, l'action de faire pivoter et de repasser par les mêmes lieux seront rapidement à prendre en compte. Tout cela pour permettre d'éviter la rencontre frontale avec des policiers, de rester sur un chemin non encombré, d'être certain de prendre la bonne échelle au bon moment, de profiter d'un crochet de grue pour surmonter un obstacle gênant, de diriger des projecteurs où il faut... Les situations ne vont pas manquer de piquant et si quelques passages sont surtout là pour la respiration, avec une seule action à accomplir, il faudra parfois se creuser la tête pour parvenir à la toute dernière partie sans encombre.

I'm gonna live forever ♫

Avec son ambiance géniale, sa réalisation de grande classe et son gameplay aussi frais qu'immersif, le jeu de Loveshack semble ne désirer qu'une seule chose : qu'on l'achève d'une traite, comme un comics ou un film. Emporté par cette mécanique du bonheur et cette mise en scène léchée, quand bien même on se sait entièrement dirigé de bout en bout, on n'échappe pas à cette envie d'enchaîner. Mais vite, trop vite, peut-être, l'expérience touche à sa fin. Moins d'une heure, certes brillante, pour compléter ce petit bijou d'inventivité ultra accessible et prenant. On n'a guère l'impression d'avoir été piégé (sens du terme framed en argot anglais), surtout au prix de 4,49 euros. Mais on ne peut s'empêcher de sourire en imaginant d'autres possibilités, un scénario peut-être moins délimité, avec un cadre un peu plus étendu...

FRAMED n'a pas mis longtemps pour me happer. Quelle fraîcheur, quelle ingéniosité de la part du studio australien qui l'a développé, quel talent dans la mise en scène et l'approche visuelle et sonore. Un régal du début à la fin, trop court, certes, mais qui, au moins, ne laisse que de bons souvenirs et évite l'écueil de la surenchère forcée.