A l'image d'Escape Plan, Dokuro ou Tearaway, Murasaki Baby s'inscrit dans une approche singulière, aussi ambitieuse d'un point de vue artistique que ludique. Son univers étrange se dessine à travers un crayonnage apparent, le décor en noir et blanc tranchant avec les couleurs vives, voire criardes de la toile de fond. Un malaise renforcé par l'atmosphère inquiétante que suscite l'alternance de musiques fréquemment altérées et de bruitages plus ou moins sourds. Et c'est à la fois ce théâtre cauchemardesque et les mimiques des protagonistes qui servent à raconter subtilement cette histoire. Il s'agit d'aider une fillette à retrouver sa mère, en lui tenant la main du bout du doigt via l'écran tactile. La relation ainsi établie s'avère profondément signifiante, néanmoins cette méthode de contrôle pose des petits problèmes de lisibilité, surtout quand il faut protéger en même temps son ballon. Car ce dernier semble symboliser sa vie, qui s'arrête brutalement lorsqu'il crève. Au fil de ce périlleux voyage, notre fragile gamine croise d'autres énergumènes accompagnés de leurs backgrounds respectifs. Ceux-ci engendrent des interactions entre l'avant et l'arrière-plan, que l'on déclenche par le biais du touchpad. Il en résulte d'intrigants casse-tête, tant pour leurs mécaniques parfois ingénieuses que pour leurs implications métaphoriques. Hélas les éventuelles manoeuvres simultanées ne s'accordent guère avec ces séquences de réflexion, et encore moins avec celles teintées d'action, un peu superflues. Mais avec quatre chapitres pour autant d'heures de durée de vie, cette oeuvre parvient heureusement à exprimer son propos sans entraîner d'insomnies. Murasaki Baby constitue donc une expérience émotionnelle accomplie, née d'une démarche inspirée et sans concession. Dommage que son exécution reste en-deçà de ses aspirations.