L'homme politique mafieux, le tueur en série pédophile, le hooligan demeuré, le Jacky bourré, le gradé incompétent, le savant fou égocentrique, le type qui commence ses textes par des listes en terminant avec des points de suspension... Qu'ils crèvent tous, hein ? Avec 60 niveaux, Exkee a dû se retourner la tête à trouver autant de méchants à buter, mais finalement, on est assez d'accord avec leur panel humoristique des pires ordures de l'humanité. Et on prend soin à les éliminer un par un comme le demande le jeu, c'est à dire sans se faire repérer et en utilisant les éléments interactifs du décor.

10 petits Bad Guys

Le concept de Kill the Bad Guys veut que chaque mort ressemble à un accident. Quand un piano suspendu à une corde écrase la cible, ou qu'une voiture s'emballe et la percute, pourquoi pas. Ça arrive que des câbles se décrochent et électrocutent un pauvre type, qui, pas de chance, marchait dans l'eau répandue par une borne incendie défectueuse. Qu'un lampadaire tombe tout seul, qu'un échafaudage s'effondre, soit. Même quand la pression d'un débordement des égouts envoie voler un sale type à 30 mètres en hauteur, on ferme les yeux. En revanche, à partir du moment où le mobilier urbain se transforme en lance-pieu et où les arbres servent de catapultes, on a un peu de mal à croire les velléités de furtivité de Kill the Bad Guy. Heureusement, on s'en cogne, parce que c'est juste crétin et qu'on aime ça.

L'art de l'élimination de méchants

Dans la pratique, il faut tout de même éviter de se faire repérer par la victime (sinon il s'enfuit, mais ça peut aussi faire partie du plan !), par les caméras ou encore par les passants innocents et intouchables (sinon, c'est perdu). Certains mécanismes demandent du temps à se mettre en place (hacker une voiture par exemple), d'autres vous obligent à des manipulations au timing calculé (tirer plusieurs fois sur une corde, etc.). Il faut donc réfléchir, mais aussi agir vite et bien. Pour obtenir toutes les étoiles sur un tableau, Exkee vous impose plusieurs objectifs : terminer le puzzle en un jour (si le bad guy finit son trajet sans vous avoir repéré, on passe au jour suivant). Trouver un passeport caché dans le paysage et récupérer la dent du Bad Guy lorsqu'il meurt, alors que celle-ci est projetée dans le décor et ne reste que quelques secondes en vue, tout cela fait un peu artificiel, mais on fait avec. En revanche, le bonus de l'objectif secondaire apporte son grain de sel à la recette. Un indice pas toujours évident dans le briefing vous indiquera la manière dont l'assassinat devra se faire pour valider cet objectif, et le réaliser vous demandera parfois un effort de réflexion et d'organisation particulier.

Le tueur malhabile

Il est vrai que Kill the Bad Guy prend un peu de temps à démarrer. Pendant un bon tier du jeu, vous aurez peu de possibilités de tuer une cible particulière. C'est un puzzle game après tout, pas un bac à sable. Mais du coup, on se sent parfois un peu frustré. Néanmoins, le challenge est à la hauteur, le design sympa et l'humour drôle. Avec un petit rap en bande originale, il n'y a vraiment pas à se plaindre, si ce n'est des contrôles parfois mal foutus, entre les clics pour sélectionner les objets ou les manipuler, et ceux pour bouger la vue sur le terrain. L'interface n'est pas toujours très clair non plus, d'ailleurs. Quand les tableaux demandent de l'adresse, cela peut être rageant ! Autre souci, le prix légèrement élevé. C'est limite psychologique, je l'aurais vu plus dans les dix euros qu'à quinze (dans Steam).

Ne boudons pas notre plaisir : si vous voulez un puzzle game joli (épuré, mais joli), sanglant, marrant et conséquent (les niveaux bonus sont vraiment chouettes), Kill the Bad Guy est un bon achat. A jouer avec parcimonie tout de même, pour ne pas trop réfléchir au fait que le plus gros méchant dans l'histoire, c'est vous.