L'avantage de faire les tests à la bourre, c'est que l'on a déjà la réaction des joueurs sous les yeux. Et cette dernière est loin d'être délirante d'enthousiasme à l'égard du dernier bébé d'Epic. Mode multi moins joué que Quake 4 à sa sortie, ventes mondiales de seulement quelques dizaines de milliers d'exemplaires, ça démarre mal pour ce titre qui se veut la vitrine technologique du superbe Unreal Engine 3.

Crysis de foie

Avec Noël dans quelques jours, on peut aussi penser que les chiffres feront un bond en décembre. Mais il est évident que les sorties de Crysis, CoD4 et du frère ennemi Gears of War sur PC n'ont pas aidé. Et pourtant, il est loin d'être raté ce UT3. Convenu, sans aucun doute, mais raté, non. Il souffre de trois défauts pénibles un mode solo pourri malgré les efforts et les annonces des développeurs, des menus moches / pas pratiques et une tonne de bugs qui gâchent le plaisir de jeu des acheteurs de la première heure. Et frustrer ses fans, c'est le Mal absolu ! En attendant un (autre) patch salvateur, penchons-nous sur le solo. Sous couvert d'un scénario de série Z de SF, vous allez enchaîner quelques combats en arène contre une IA de plus en plus musclée. C'est nul, pas prenant pour 2 sous, la voix off est hachée pendant les loadings sur mon PC de guerre et surtout, l'IA en question est plus conne qu'une Miss américaine.

Pourquoi tant de haine ?

Le problème n'est pas tant que les ennemis soient bêtes. Ils ne le sont pas tant que ça et visent plutôt bien. Non, le souci c'est que vos coéquipiers virtuels sont de parfaits abrutis, qui n'écoutent pas les ordres, qui sont incapables d'utiliser les véhicules intelligemment et qui du coup plombent vos chances de gagner certaines maps complexes. Seule recette pour gagner passer en mode coopératif et prier pour que ses potes humains soient moins handicapés des neurones. Si c'est le cas, le scénario du mode "solo" (qui du coup ne l'est plus) devient plutôt sympa à jouer. Et on en vient à l'essence même de ce qu'est UT3, comme la plupart de ses ancêtres un FPS multi, rien qu'un FPS multi (et c'est déjà pas mal). Évidemment, les fans pleurent la disparition des modes Assault et Double Domination. Mais séchez vos larmes, les classiques sont là. Deathmatch, team deathmatch et capture the flag sont indéboulonnables et toujours aussi efficaces, dans des cartes avec ou sans véhicules. La perle pour les puristes est cependant le mode Warfare (Guerre), qui avait fait les beaux jours d'UT2004.

Passager clandestin

Côté gameplay, on reste dans le classique. Les armes sont pratiquement les mêmes que dans les éditions précédentes, les véhicules aussi, avec l'ajout (tout de même !) de quelques nouveaux engins de guerre genre tripode que vous apprendrez vite à détester si vous passez à côté à pied, comme une grosse limace. La grosse nouveauté c'est la mise à disposition d'un hoverboard, sorte de skate antigravité qui permet de rejoindre le front rapidement au lieu de courir comme un clochard si aucun véhicule n'est dans le coin. Son autre utilisation est redoutable en capture the flag, puisqu'associé à un grappin magnétique, il est possible de se faire traîner par un véhicule et de se carapater en vitesse vers sa base avec le drapeau sur son dos. Un seul coup vous fera trébucher de ce skate, mais ces nouveaux outils dans les mains de joueurs habiles sont tout simplement redoutables. J'ai vu certaines prises de drapeau sous mon nez tellement bien cordonnées que j'avais envie d'applaudir au lieu de me battre.

Beauté même pas fatale

La grosse surprise vient cependant de l'Unreal Engine 3. Ce moteur 3D qui affiche des graphismes impressionnants se révèle très bien optimisé même si à mon sens le tout reste loin de la qualité d'un Crysis visuellement parlant. L'avantage c'est qu'en revanche ça tournera sans problème sur des configs moyennes de l'année dernière. Pour le reste, c'est une affaire de goûts, mais il est difficile de ne pas apprécier le travail accompli. Les textures sont superbes et le rendu des maps vraiment agréable. Associé à un moteur physique toujours aussi efficace, le gameplay est nerveux, les combats péchus même si personnellement je continue de ne pas apprécier les armes de cette série. Là encore, c'est plus une affaire de préférences qu'une réelle critique. Le fait est que l'action ne s'arrête jamais. On respawn instantanément, on fait le plein d'armes à la station du coin et on y retourne. Forcément bourrin, ce gameplay est la marque de fabrique des Unreal Tournament, difficile d'en changer.

Kit du petit moddeur

Comme à chaque fois, UT3 est livré avec un éditeur de niveaux qui est au top (pour les pros du genre) et permettra sûrement d'étendre la durée de vie du titre. Pour ça il faudra tout de même qu'il s'en vende un peu plus. Sinon peu d'équipes seront vraiment motivées pour faire un projet valable devant le manque d'audience potentiel. Pour ma part, j'ai bien peur que le dédain du public soit plus le fait d'une concurrence de grande qualité en cette fin d'année que de défauts rédhibitoires côté UT3. Ils ne sont pas assez gros pour provoquer un tel revers des ventes. Mais c'est aussi ça, la loi de la jungle des jeux vidéo savoir quand sortir pour éviter de se faire marcher dessus par les autres. Et cette année, UT3 pourrait bien avoir trouvé beaucoup plus sexy que lui.