Le moins que l'on puisse dire, c'est que le studio Turn 10 tient un rythme de sorties impressionnant. Voilà en effet le cinquième épisode de la saga en huit ans. A titre de comparaison, Gran Turismo sortira bientôt son sixième opus... en 15 ans ! Et ça ne s'est pas fait au détriment de la qualité jusqu'ici, la saga Forza ayant progressivement gagné du terrain sur son modèle et rival, à force d'idées ingénieuses et de travail titanesque, avant de le dépasser dans le coeur même des fans. Le développement de ce Forza 5 aurait ainsi débuté en parallèle de celui de Forza 4, histoire d'être prêt pour le lancement de la Xbox One, ce qui a été le cas, certes... mais cette fois, autant vous le dire clairement, on a ressenti cet empressement en découvrant le contenu final du jeu.

Les choses qui fâchent

Comme certains d'entre vous le savent déjà, Turn 10 ne nous a pas livré dans cet épisode next-gen ce que les fans réclament à cors et à cris depuis un bout de temps maintenant. Je veux bien sûr parler des courses de nuit et sous la pluie, des arrêts aux stands... Ca grondait déjà pas mal à la sortie de Forza 4, alors forcément cette absence va commencer sérieusement à en agacer plus d'un. Lors d'un passage sur une nouvelle génération, on est en droit d'attendre ce genre de grosses nouveautés. Mais l'empressement dont je parlais plus haut se ressent d'autant plus dans le contenu du jeu. En effet, de très nombreuses voitures et surtout de nombreux circuits sont tout simplement passés à la trappe. Forza 5 n'en compte que 14 différents (la plupart avec des tracés différents, comme d'habitude, ce qui fait monter à un peu plus de 40 dérivés) là où Forza 4 en comptait 26. Notre Nürburgring d'amour a sauté par exemple, ce qui me fait pleurer perso. Concernant les 200 voitures incluses (500 dans Forza 4), j'avoue que je suis moins déçu. On n'est pas là pour valider un Powerpoint bien fourni, et qui achète 500 voitures, sérieusement ? Cette course au nombre de voitures a rendu les gens fous, je crois ! Bref, dans tous les cas ça fait quand même pas mal de contenus en moins, et ça fera certainement d'autant plus grincer les dents que des DLC arrivent à grands pas, c'est une évidence... Et il sera franchement difficile de résister à de nouveaux circuits. Moi je craque d'avance en tout cas.

So next-gen ?

Autre point important à clarifier : visuellement, le jeu a été "downgradé" par rapport aux démos que nous avions pu découvrir avant la sortie du jeu, notamment à l'E3.... sur les environnements tout du moins, car les voitures, elles, sont toujours aussi magnifiquement modélisées. Tout autour de vous donc il y a un peu moins de polygones dans les bâtiments, un peu moins d'ombres portées, un peu moins d'effets... Ca reste très joli rassurez-vous, mais un peu moins que ce à quoi on s'attendait depuis quelques mois. De même, nous ne sommes pas encore totalement débarrassés de l'aliasing, qui se fait discret mais qui est toujours présent. Pour le reste, évidemment, on ressent bien le passage à la next-gen. Le jeu est beau, très beau parfois (notamment les circuits urbains avec de vrais éléments dans le décor), et il y a eu un travail tout particulier sur les effets de lumière qui sont franchement somptueux. Mention spéciale aux moments face au soleil couchant, qui vous éblouiront comme jamais (on a envie de baisser le pare-soleil !) ou encore sur le reflet du tableau de bord sur l'intérieur du pare-brise. Et puis bien sûr, comme le veut désormais la tradition Forza, nous sommes bien à 60 images / seconde de manière constante, et cette fois avec une résolution de 1080p. C'était la première condition des développeurs et ils ne sont évidemment pas revenus là-dessus. Tout cela mis l'un dans l'autre, sans prendre une énormissime claque, on est clairement devant le plus beau jeu de la catégorie. Punto basta.

Un bon virage, ça se déguste !

Mais le bonheur qui animera tout fan en jouant à Forza 5 n'est pas d'ordre graphique. Côté gameplay, la saga ne dénigre évidemment pas ses fondamentaux et s'inscrit encore une fois dans la continuité avec Forza 5. Sur les bonnes bases du quatrième opus, les développeurs ont ainsi retravaillé la physique des pneus et des suspensions. La différence se fait sentir subtilement et le contrôle des voitures m'a paru un peu plus ardu que dans Forza 4 (je joue sans aucune aide mis à part le TCS). C'était déjà tellement bon à l'époque, me direz-vous, qu'il n'y a pas forcément de grands bouleversements à attendre... sauf que je retiendrai tout de même deux nouveautés qui apportent un vrai plus : l'arrivée des "Drivatars" et surtout l'utilisation des gâchettes vibrantes de la manette Xbox One.

Les vibrations localisées sur les deux gâchettes (frein et accélérateur donc) sont en effet un pur bonheur pour les sensations, mais pas seulement. Ce "gadget" n'est est pas un, puisqu'il vous servira directement en termes de gameplay. Je m'explique... Comme dans toute simulation qui se respecte, c'est votre faculté à bien freiner avant les virages et à bien réaccélérer en sortie qui vous fera trouver le meilleur compromis vitesse/adhérence. Une pression trop forte sur l'accélérateur et c'est le tête-à-queue assuré. Du coup, le fait d'avoir sous l'index un indice immédiat sur le patinage de vos roues permet de jauger tout de suite, de trouver la vitesse idéale en la "sentant" littéralement... Et c'est trop bien ! D'autant que les gâchettes de cette manette sont vraiment excellentes, on gère avec elle les degrés de pression au millimètre.

Drivatar ou l'I.A. améliorée

Quant aux Drivatars, c'est encore une fois quelque chose qui s'apparente à un gadget de prime abord, mais qui est bien plus que ça. Concrètement, vous ne concourrez plus contre des IA basiques mais contre des "simulations" d'autres joueurs, qui s'inspirent donc de leur style de conduite pour les reproduire. Ca donne une impression de "vie" supplémentaire, ça permet de jouer contre ses amis sans qu'ils soient en ligne... et surtout ça perturbe pas mal vos habitudes, par exemple celle de se caler sur les freinages de l'IA devant vous à l'approche des virages, en les retardant un peu pour gagner quelques mètres... Ca fait tout drôle quand on s'aperçoit que le Drivatar en question a justement pour habitude de retarder à mort ses freinages, et qu'on finit du coup dans le décor ! Autre point intéressant : votre Drivatar fait des courses pendant que vous ne jouez pas... et ce bon clone bosse dur pour vous ramener de précieux crédits qui vous permettront d'acheter de nouvelles voitures ! "Merci pigeon", comme dirait l'autre.

Vous avez un peu de temps devant vous ?

Côté challenge, le mode Carrière s'annonce long... Très long ! Rien de surprenant concernant la structure, puisque vous trouverez 8 compétitions triées par catégorie ("Compactes sportives", "Sport", "Grand Tourisme", "Exotique", "Classes", "Spécialisée", "D'époque" et "En course") et comprenant chacune moult championnats de 8 à 16 épreuves. J'ai dit LONG. Comme dans tous les précédents Forza, ce mode Carrière manque un peu de folie (ce n'est qu'une suite d'icônes à cliquer et de courses à gagner, rien qui ne donne un peu plus de vie ou d'ambition à la chose). En revanche, la différence avec les précédents jeux de la saga, c'est que l'argent virtuel (les "crédits") n'y auront jamais eu autant de valeur. En clair, on ne vous offre plus aucune voiture après chaque championnat, et les crédits de coulent pas à flots non plus, ce qui fait qu'on manque de sous pour se payer telle ou telle super caisse qui nous servirait dans tel ou tel championnat. Du coup, on réfléchit d'autant plus à chaque achat/amélioration, qu'on ne peut plus non plus revendre ses bolides !

Bref, on court un peu après le pognon, et ça rallonge logiquement le challenge... Ce qui n'est pas un mal, c'est clair... mais on a surtout l'impression que ces changements sont là pour pousser à l'achat ! Eh oui, car vous pourrez absolument tout acheter en argent réel (packs de "jetons"), si jamais les "crédits" ingame venaient à manquer. Vous pouvez même vous payer, moyennant quelques euros, des boosters d'XP de 30mn, 1h, etc. Ca aussi, ça permet de progresser plus vite tout en vidant son compte en banque. Toujours est-il que les warriors dans mon genre se refuseront à débourser le moindre centime... enfin en attendant le Nürburgring et autres circuits en DLC ! Que voulez-vous, on a tous nos petites faiblesses...

Le mode multijoueur en ligne représentera évidemment lui aussi un gouffre à temps complet dans lequel vous adorerez tomber. Le jeu propose tout d'abord de très nombreux et très variés challenges "tout faits", qui pourront varier selon les mois ou les semaines (telle voiture de légende contre telle autre, etc.). Ca permet de regrouper les joueurs plus facilement et de laisser la main à la machine concernant le lancement des parties. On gagne en immédiateté, ce qui n'est pas un mal parfois ! Bien sûr, rien ne vous empêchera pour autant de lancer une partie privée pour jouer avec vos amis, et dans ce cas avoir accès à tous les réglages et tous les choix possibles et imaginables pour vous créer des vraies parties "à la carte". Parfait. Et bien sûr le code réseau fonctionne à merveille, on n'a rien relevé de dérangeant jusqu'à présent, si ce n'est qu'on ne trouve pas toujours 15 personnes pour remplir les sessions à ras-bord. Forcément, mais ça viendra avec le temps.

Bref, vous l'aurez compris, sans emmener la série beaucoup plus loin et malgré quelques manques, ce premier Forza next-gen "fait le boulot", sans forcer son talent. Parmi les titres de lancement de la Xbox One, il reste l'un des tout meilleurs choix, grâce à des acquis extraordinaires (mais quel bonheur de piloter !) "augmentés" par quelques nouvelles fonctionnalités (Drivatars, gâchettes vibrantes, graphismes next-gen...) qui font plaisir et dont on se contentera pour le moment en attendant quelques DLC à manger. Alors voilà, on souhaite la bienvenue à Forza sur next-gen... et on lui souhaite surtout de grimper encore d'un étage la prochaine fois !