J'étais tellement obnubilé par la fin de la série que je me suis laissé surprendre par le déroulement de Goodbye Deponia. Il y a tout de même tout un jeu à vaincre avant de satisfaire sa curiosité, et on peut dire que Daedalic a mis le paquet : grosse galerie de personnages (des visages connus et des nouveaux), révélations dans tous les sens, pas mal de mini-puzzles, un bon nombre de cinématiques... Je n'irai pas jusqu'à qualifier ce point'n click de "dynamique", mais il s'agit certainement du plus rythmé des trois.

Je n'aime pas insister, mais...

La difficulté est bien peaufinée, même quand la gameplay vous propose de contrôler trois Rufus (bon ok, UN petit spoiler, mais faut bien en parler...). L'interface permet des échanges d'objets d'inventaire automatiques, sans avoir à se faire rencontrer les clones du héros, et même les puzzles, qui forcément leur demandent de coopérer, limitent les interactions à deux d'entre eux. Rien de trop complexe sur trois niveaux, et il n'y a vraiment qu'un mécanisme que je n'apprécie guère et qui m'aura bloqué trop souvent : le besoin, parfois, d'actionner ou de dialoguer plusieurs fois de suite avant de déclencher une interaction. Pas de quoi hurler à mort, mais soyez tout de même prévenus.

Rejoins le côté obscur !

Bien sûr, on retrouve l'humour de la série Deponia, avec cet univers absurde et l'incroyable personnage de Rufus. L'absurde et les clins d'œil à la Monkey Island sont bien présents, mais Goodbye Deponia va plus loin. Peut être pour épicer une petite monotonie de ton déjà ressentie dans Chaos on Deponia, ou peut être parce qu'il n'a pas su le contenir : l'humour noir de l'auteur Jan Müller-Michaelis, remarquable dans les titres Edna&Harvey par exemple, revient ici en force ! Pas mal de tabous se font discrètement passer à la moulinette bête et méchante : racisme, féminisme, pédophilie... C'est pratique d'avoir un héros complètement débile pour réussir à nous faire ricaner avec tout ça. Vous rirez presque jaune parfois, mais vous rirez, par ce que Jan Müller-Michaelis est réellement drôle dans tous ses excès.

Lost in translation

Goodbye Deponia profite d'un sous-titrage français qui fait ce qu'il peut. On sent bien que le traducteur baisse les bras sur pas mal de jeux de mots et de galères. L'adaptation change pas mal de choses par rapport à l'audio en anglais, donc personnellement, j'ai repassé le jeu en 100% anglais assez rapidement, vu que le mix VOSTFR me faisait mal au crâne. Le reste de la réalisation est habituel : le jeu pourrait être mieux animé, mais les décors sont toujours aussi chouettes. On apprécie encore les chansons débiles de Jan Müller-Michaleis qui marquent chaque chapitre, et les doublages se montrent corrects, à une ou deux exceptions près.

Alors, vous l'avez votre Happy End pour Deponia ou pas ? Il est mérité après tout ? Eh bien je ne vous le dirai pas. Mais il est vrai que ce troisième épisode explique de nombreuses choses, et parfois de manière bien sombre et philosophique. La conclusion est satisfaisante, mais je serai vraiment triste si une suite, un nouvel arc scénaristique, n'apparaissait pas un jour... En attendant, la trilogie Deponia se montre comme le digne successeur de Monkey Island, version trash, et ce n'est pas peu dire.