Jake Dunn est un dur, un vrai. Membre des commandos des Forces Delta, il est plus connu par ses collègues sous le nom de code "Nomad". Quand ça craint, quand il n'y a plus d'espoir, c'est à vous que le gouvernement de la Te... Américain fait appel (à chanter sur l'air du Capitaine Flam). Je vois votre tête d'ici, et je confirme : le scénario n'est pas le point fort de Crysis. Il a le mérite de faire vivre l'aventure et de donner une raison "presque" valable à votre massacre : une équipe de chercheurs est perdue sur une île propice aux vacances de riches, mais les Nord-Coréens sont dans le coin. Il faut tirer cette situation au clair.

C'est fragile, une nuque

Comme vous avez la chance de faire parti de l'élite des tueurs de l'Oncle Sam, vous disposez du top du top en outillage à dessouder les importuns. En l'occurrence, l'outil en question est une combinaison appelée NanoSuit. La chose permet de booster au choix votre force, votre vitesse, votre armure ou encore de vous camoufler. Exemple de séquence pwnage : hop Maximum Force activée, je saute de l'autre coté d'un mur d'enceinte, pouf camouflage, j'avance comme un furet pour prendre à revers les gardes. Et hop, re super force, j'attrape le premier qui passe à la gorge, je la brise et je joue aux quilles avec lui et ses potes. Strike ! Ce genre de séquence est jouissif au possible. Profitez de la sensation d'être réellement un cran au-dessus des ennemis, ça ne durera pas ! Crysis impose, comme Far Cry en son temps, des restrictions qui obligent à des choix cornéliens : 2 armes maximum avec soi (avec parfois un lance-roquette en bonus), une jauge d'énergie qui descend super vite pour le NanoSuit (ce qui oblige à bien préparer ses attaques) et des munitions qui défilent rapidement si on est un maladroit excité de la gâchette. Tout ça renforce en fait la sensation d'être sur le terrain et l'ambiance en est décuplée.

Une histoire sans fin

Le gameplay marie ainsi action et infiltration pendant les 3/4 du jeu. Si vous jouez en mode difficile ou Delta (jouer avec autre chose serait gâcher votre argent), rentrer dans le tas permet rarement de gagner le combat. Mais comme on récupère vie et armure après quelques secondes de calme (comme dans Halo), il reste aussi possible de s'en sortir même quand on a complètement raté son approche. Sans vouloir trop dévoiler la fin, disons que le gameplay vire au shoot pur et dur lorsque les Nord-Coréens laissent la place à des créatures d'un pays plus lointain. La claque visuelle a alors du mal à compenser la perte de richesse du gameplay. Les ennemis ont beau savoir faire le mort et être ultra pénibles à viser, ça ne remplace pas le fun des farces que l'on peut faire aux soldats "humains". Ahhh, la plaisanterie du camion lancé à fond sur leur poste de garde, ça les fait toujours rire. Enfin je crois. Je ne parle pas très bien leur langue... En revanche, je sais apprécier la qualité de leur vol plané. Et, je me répète, mais la dimension furtive n'est pas à négliger. Quel gros panard de pouvoir s'approcher camouflé et loger une balle dans la tête à un pauvre garde planté à 20 cm de soi.

"Bon courage Fiston"

Évidemment, tout ça ne serait rien sans une intelligence artificielle crédible. Les soldats ennemis balancent des grenades judicieusement, vous traquent, vous perdent de vue, on s'y croit vraiment. Faire diversion, se planquer derrière un arbre pour activer le camouflage afin d'abattre méthodiquement un groupe d'ennemis en jouant les fantômes est mille fois plus marrant que de foncer dans le tas. Surtout qu'au fil des niveaux, hélicoptères, soldats mieux équipés et plus nombreux vont vous faire apprécier votre combinaison à sa juste valeur. Vers la fin du jeu, la difficulté fait parfois des bonds qui vont en déstabiliser plus d'un. L'autre bonne surprise de Crysis, c'est le souci constant du détail et une finition vraiment impressionnante. La mise en surbrillance des ennemis dans vos jumelles, les superbes musiques d'Inon Zur, la version française très correcte (même si la voix de l'armure est 100 fois plus percutante en anglais), l'ambiance sonore générale extrêmement riche... Tous ces points sont la preuve du boulot de titan abattu sur ce jeu. Le générique de fin impressionne du reste par sa longueur. Il en faut du monde pour faire un produit de cette qualité !

La physique de la mort

Avant de parler (enfin) du moteur 3D CryEngine 2, il faut noter que la gestion de la physique dans Crysis est de tout premier ordre. Avec quelques bugs amusants parfois (voir screenshots) mais en général, c'est spectaculaire : tout peut exploser, voler dans les airs, les arbres se scient très bien à la mitrailleuse lourde, les corps décollent après un coup de shotgun à bout portant (non, les jeux ne rendent pas violent, ça détend). Idem, la gestion des véhicules est impeccable. Bateaux, Jeeps, tanks, camions, etc. sont agréables à conduire et procurent une sensation de liberté au sein de l'île qui est géniale. Le delta plane de Far Cry me manque, mais je m'en remettrai. Le moteur est également utilisé pour des cutscenes qui permettent de bien rester dans l'histoire. Classique, mais bien fait, on ne va pas se plaindre. Non pour râler, il suffit justement de parler du CryEngine 2.

Jeu cherche PC du futur

Pas la peine de tourner autour du pot : Crysis est le titre préféré d'AMD, Intel ou Nvidia. Sans parler des constructeurs de cartes mères... Car s'il est possible de le faire tourner sur une machine modeste en détails "moyen" voir *gasp* "faibles", il perd alors grandement de sa saveur. Il peut même devenir... moche. Le drame. Donc oui, prévoyez un Core 2 Duo, une grosse 8800 GT / GTS / GTX, 2 Go de RAM (bref, du matos moderne) si vous voulez vous en mettre plein les rétines. Je sais, c'est moche, Crytek abuse, on vous pousse à la consommation. Râlez, faites connaître votre frustration. Voilà. Ça va mieux ? Maintenant inspirez, pleurez un bon coup sur votre compte en banque et upgradez. Parce que pour une fois, oui, ça vaut vraiment le coup. Et c'est loin d'être toujours le cas. En revanche, DirectX10, Vistahaha, vous pouvez très bien vous en passer. D'une part, ce n'est pas beaucoup plus beau, et d'autre part ça rame beaucoup plus. Le calcul est vite fait. Dernier point crucial à connaître : si Crysis est déjà poussif sur votre PC en début de jeu, arrêtez tout de suite. Parce que vers la fin, ça devient n'importe quoi. Dans les derniers combats, mon PC (C2Duo 3 GHz, 4Go de RAM, 8800 GTX) tournait à 5/6 images par secondes. Certes, tout à fond et en 1920x1200. Mais la chute est sévère vu que tout le reste tournait tranquillement. Logique quand on voit ce que les programmeurs veulent afficher, mais pas super malin vu les PC de 2007.

La barre vient de monter

Il est temps de passer à l'écriture froide et sans pitié de ce truc incontournable qu'on appelle une conclusion, et j'ai une confession à vous faire : ça faisait très longtemps que je n'avais pas pris un pied pareil avec un FPS solo. Si j'avais écrit le test directement après avoir terminé le jeu, j'aurais été tenté de le noter 5 étoiles. En mode Delta, le jeu vous occupera facilement plus de 10 heures, et si on fait l'impasse sur le PC nécessaire, il mérite largement la note maxi. Et ce malgré une fin en forme d'escroquerie à la Halo 2 et un dernier quart de l'aventure que j'ai trouvé limite pénible une fois passée la "surprise" (qu'on voit arriver 4 heures avant mais passons...). Le gameplay offert par le NanoSuit est innovant mais effectivement, une fois passée l'extase et la joie d'avoir savouré un produit excellent, le pinailleur en moi s'est réveillé. Car finalement, pendant toute l'aventure, on enchaîne les missions selon un schéma très répétitif : on dessoude un poste avancé de Nord-Coréens, on avance, on recommence. Plein de fois. Bref, certains peuvent se lasser malgré le gameplay fantastique et trouver dommage que ce FPS exploite relativement mal son univers à ciel ouvert. Et évidemment, difficile d'ignorer que le PC idéal pour y jouer n'existe pas... Bref, la note de raison sera de 4 étoiles. Mais si vous aimez les FPS, si vous avez un PC capable de faire tourner autre chose que le Notepad, il vous faut ce titre. Point. Sans oublier que le multijoueur est réellement intéressant, avec un mode "Power Struggle" impressionnant. Pas de quoi faire de Crysis un concurrent des FPS exclusivement multis, mais je ne serais pas étonné qu'il devienne relativement populaire juste pour ça. Décidément, ce Noël 2007 c'est du n'importe quoi. On va vraiment y laisser notre santé si on veut profiter de tous les bons jeux qui sortent !

PS : si vous êtes plus curieux qu'allergique aux spoilers, osez le clic sur l'icône de la galerie pour plus de screenshots, dont pas mal des derniers niveaux. Pour info, je suis obligé de réduire leur taille à 1650x1080 à cause d'un problème technique. Cette conversion peut très légèrement les dégrader.